Cinq soirées d'Alexandre Volodine (1919-200) date de 1959. C'est une pièce qui relève de la veine intimiste du théâtre russe, écrite par un poète du quotidien. Elle met en scène des êtres simples, des gens du peuple que la vie sociale confronte à l'égoïsme, à la routine, aux dogmes marxistes-léninistes des années de plomb en Union Soviétique. Elle développe avec complaisance des situations pathétiques, proches du mélodrame, qui émeuvent jusqu'aux larmes. Nikita Mikhalkov en avait réalisé un très beau film en 1978, avec Lioudmilla Gourtchenko et Stanislas Lioubchine.
Ici, le rideau se lève dans l'obscurité totale. Voix off et sanglots longs des violons… Un vieux monsieur, Alexandre Illine, rend visite, par une nuit d'hiver glaciale, à Tamara, une dame chez laquelle il louait une chambre, vingt ans auparavant, dans un immeuble misérable de Moscou, et qui était tombée amoureuse de lui. Mère d'un adolescent assez volage, indifférent à l'endoctrinement ambiant, travailleuse en usine chargée de responsabilités, elle hésite à renouer des liens passionnels avec ce vieil amant. Progressivement, elle va découvrir qu'Alexandre n'a même plus la situation qu'il prétend, et que ses études d'ingénieur ont été brisées par son indépendance. Finalement, lors de la dernière soirée passée en sa compagnie, elle lui demandera de rester auprès d'elle.
Sergueï Artchibachev interprète le rôle d'Illine avec un réalisme saisissant. A la fois sombre et ironique, il semble traîner de son passé toutes les souffrances de la guerre, de l'intoxication idéologique et du goulag. Remarquable directeur d'acteurs, spécialiste de la méthode stanislavskienne d'adéquation totale au style du personnage, il entraîne tous ses comédiens dans un jeu théâtral naturaliste, d'une rare perfection qui élimine toute distanciation choquante. Le spectateur qui a l'impression de pénétrer dans l'intimité des vies privées d'un milieu ouvrier reçoit, en même temps, une belle leçon de théâtre. L'ovation finale est à la mesure du plaisir ressenti.
Philippe Oualid
Ici, le rideau se lève dans l'obscurité totale. Voix off et sanglots longs des violons… Un vieux monsieur, Alexandre Illine, rend visite, par une nuit d'hiver glaciale, à Tamara, une dame chez laquelle il louait une chambre, vingt ans auparavant, dans un immeuble misérable de Moscou, et qui était tombée amoureuse de lui. Mère d'un adolescent assez volage, indifférent à l'endoctrinement ambiant, travailleuse en usine chargée de responsabilités, elle hésite à renouer des liens passionnels avec ce vieil amant. Progressivement, elle va découvrir qu'Alexandre n'a même plus la situation qu'il prétend, et que ses études d'ingénieur ont été brisées par son indépendance. Finalement, lors de la dernière soirée passée en sa compagnie, elle lui demandera de rester auprès d'elle.
Sergueï Artchibachev interprète le rôle d'Illine avec un réalisme saisissant. A la fois sombre et ironique, il semble traîner de son passé toutes les souffrances de la guerre, de l'intoxication idéologique et du goulag. Remarquable directeur d'acteurs, spécialiste de la méthode stanislavskienne d'adéquation totale au style du personnage, il entraîne tous ses comédiens dans un jeu théâtral naturaliste, d'une rare perfection qui élimine toute distanciation choquante. Le spectateur qui a l'impression de pénétrer dans l'intimité des vies privées d'un milieu ouvrier reçoit, en même temps, une belle leçon de théâtre. L'ovation finale est à la mesure du plaisir ressenti.
Philippe Oualid