Le décor est vrai mais fissuré par les clins d’œil du ridicule : ainsi ce réfrigérateur de coca cola, les matelas sous le dos des (faux) gisants et ces fenêtres, réelles, mais calfeutrées de blanc. De vrais bancs d’église sur lesquels se perchent des fidèles, curieusement le derrière en l’air, -voit-on là quelque allusion ?- des costumes démodés, des attitudes revêches, des allures coincées…
La trame de l’œuvre est dénuée de phrases et même de mots, des citations d’auteurs l’interrompent, mais on y chante, assez bien d’ailleurs des musiques de grands compositeurs, Mozart et Satie, Verdi également. L’univers de cette scène trop vaste pour le regard est ringard et bancal mais il ne surprend pas : tout y est absurde mais bien en place, comme en équilibre : on s’embrasse tout à coup sans raison, on tente de faire entrer une femme dans une machine à laver.
Et les Papes me direz-vous, puisqu’ils font le titre de l’œuvre (qui signifie paraît-il blablabla et non le petit père le pape ?)
Ils apparaissent tout à coup et s’habillent à la hâte de grandes robes blanches soutachées de galons brodés, qu’ils quittent très vite pour les fourrer rageusement dans … la machine à laver. Qu’ils mettent en route. De quelle crasse se débarrasse-t-on avec un tel empressement ?
Satire de l’église et des papes, des religions, des hommes qu’elles fabriquent ? ceux-ci se mettent à prier autour d’un sac à provisions, symbole de consommation, puis repartent dans un camion triste. Reste alors le décor, celui des faits, de l‘histoire, celui d’avant Papperlapap, malgré tout grandiose, mais vide.
Pouvait-on dire tout cela avec des mots ?
Trop peu de phrases et de mots semble-t-il, dans cet opéra silencieux et désespéré.
Voici le théâtre qu’on donne au spectateur de 2010 comme s’il n’était plus capable de comprendre une pensée élaborée sous des mots, mais seulement de lire BD et dessins animés.
Ou alors n’y a-t-il plus d’esprits créateurs capables d’utiliser le verbe ?
Et puis, n’y avait-il que cela à montrer ?
Jacqueline Aimar
Article lié :
Le théâtre baisse pavillon au festival d'Avignon, par Pierre Aimar
La trame de l’œuvre est dénuée de phrases et même de mots, des citations d’auteurs l’interrompent, mais on y chante, assez bien d’ailleurs des musiques de grands compositeurs, Mozart et Satie, Verdi également. L’univers de cette scène trop vaste pour le regard est ringard et bancal mais il ne surprend pas : tout y est absurde mais bien en place, comme en équilibre : on s’embrasse tout à coup sans raison, on tente de faire entrer une femme dans une machine à laver.
Et les Papes me direz-vous, puisqu’ils font le titre de l’œuvre (qui signifie paraît-il blablabla et non le petit père le pape ?)
Ils apparaissent tout à coup et s’habillent à la hâte de grandes robes blanches soutachées de galons brodés, qu’ils quittent très vite pour les fourrer rageusement dans … la machine à laver. Qu’ils mettent en route. De quelle crasse se débarrasse-t-on avec un tel empressement ?
Satire de l’église et des papes, des religions, des hommes qu’elles fabriquent ? ceux-ci se mettent à prier autour d’un sac à provisions, symbole de consommation, puis repartent dans un camion triste. Reste alors le décor, celui des faits, de l‘histoire, celui d’avant Papperlapap, malgré tout grandiose, mais vide.
Pouvait-on dire tout cela avec des mots ?
Trop peu de phrases et de mots semble-t-il, dans cet opéra silencieux et désespéré.
Voici le théâtre qu’on donne au spectateur de 2010 comme s’il n’était plus capable de comprendre une pensée élaborée sous des mots, mais seulement de lire BD et dessins animés.
Ou alors n’y a-t-il plus d’esprits créateurs capables d’utiliser le verbe ?
Et puis, n’y avait-il que cela à montrer ?
Jacqueline Aimar
Article lié :
Le théâtre baisse pavillon au festival d'Avignon, par Pierre Aimar