Paul Signac, (1869-1935), Saint-Tropez, l'orage, 1895, Huile sur toile, 46 x 55 cm, Achat de la ville de Saint-Tropez en 1993, Annonciade, musée de Saint-Tropez © P.S. Azema
L’Annonciade, le plus beau des petits musées de France fête ses 60 ans en présentant les chefs d’œuvres de sa collection : De Seurat à Picabia, de Vuillard à Bonnard, de Matisse à Vlaminck, de Delaunay à Rouault, tous les artistes de l’avant-garde des années 1890 à 1914 sont présents avec des œuvres d’une qualité exceptionnelle. Pourtant si le musée de Saint-Tropez est connu au niveau mondial par les historiens d’art et par les amateurs, il demeure peu couru du grand public d’où la nécessité de fêter avec emphase les 60 ans de son existence.
Les chefs-d’œuvre de l’Annonciade, sont le reflet de l’avant-garde picturale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Réalisés pour la plupart entre 1890 et 1914, ils font partie d’une des époques les plus inventives de l’histoire de l’art.
En 1955, la présentation de Georges Grammont était celle d’un amateur d’art, d’un collectionneur et ami de nombreux artistes, aussi en 2015 l’accrochage doit être une mise en valeur plus muséale et contemporaine de la collection.
Pour les 60 ans du musée le public découvrira une présentation inédite et une nouvelle façon d’appréhender les divers courants plastiques.
Le Musée de l’Annonciade peut être considéré comme le premier musée d’art moderne en France puisque, dès son origine (1922), il offre en ces cimaises les œuvres souvent les plus pertinentes d’artistes vivants.
La cohérence et l’harmonie de ses collections, voulues par ses fondateurs et par son plus important donateur Georges Grammont, sont un exemple exceptionnel en France et dans le Monde, du fait qu’en un si petit espace, sont réunis les chefs-d’œuvre majeurs de l’histoire de la peinture française.
Les chefs-d’œuvre de l’Annonciade, sont le reflet de l’avant-garde picturale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Réalisés pour la plupart entre 1890 et 1914, ils font partie d’une des époques les plus inventives de l’histoire de l’art.
En 1955, la présentation de Georges Grammont était celle d’un amateur d’art, d’un collectionneur et ami de nombreux artistes, aussi en 2015 l’accrochage doit être une mise en valeur plus muséale et contemporaine de la collection.
Pour les 60 ans du musée le public découvrira une présentation inédite et une nouvelle façon d’appréhender les divers courants plastiques.
Le Musée de l’Annonciade peut être considéré comme le premier musée d’art moderne en France puisque, dès son origine (1922), il offre en ces cimaises les œuvres souvent les plus pertinentes d’artistes vivants.
La cohérence et l’harmonie de ses collections, voulues par ses fondateurs et par son plus important donateur Georges Grammont, sont un exemple exceptionnel en France et dans le Monde, du fait qu’en un si petit espace, sont réunis les chefs-d’œuvre majeurs de l’histoire de la peinture française.
Le néo-impressionnisme
La plus ancienne œuvre de l’Annonciade, Chenal de Gravelines, (ill. n°1), datée de 1890, rappelle combien sont contemporaines les collections du musée. Cette œuvre divisionniste, nous amène à découvrir le grand mouvement plastique du XIXe siècle fort bien représenté dans les collections avec des tableaux de Paul Signac, Saint-Tropez, l’orage, 1895 (ill. n°2), Henri-Edmond Cross, La plage de Saint-Clair ou La baie de Cavalière, 1906-1907 (ill. ill. n°3), Maximilien Luce, Côte de la Citadelle à Saint-Tropez, 1892 (ill. n° 4), Théo Van Rysselberghe.
Ce mouvement connu également sous le nom de pointillisme, par référence à son désir de constituer une systématisation, une mise en ordre de l’impressionnisme qui le précédait, reflète le matérialisme de la fin du XIXe siècle.
Le credo dans la science, qui entraîne l’énorme majorité des penseurs d’alors, trouve un écho dans la démarche méthodique du mouvement pointilliste. Son but est de faire de la peinture, une science exacte, une volonté de matérialisation, reposant sur l’étude des recherches optiques réalisées par des physiciens comme Chevreul, Rood, Helmholtz, Charles Blanc et Charles Houry.
Ce mouvement met l’accent sur la lisibilité des constructions et des formes dans un esprit de géométrisation. A cette harmonie des formes s’unit la théorie du mélange optique, dans une tentative de reconstitution des tons traditionnels par la juxtaposition et l’opposition, non seulement des complémentaires, mais aussi des dix-huit tons du prisme.
Le néo-impressionnisme a ouvert la voie aux recherches de Matisse et du fauvisme, de Severini et du futurisme, de Mondrian et de l’abstraction. Cette école, disait Apollinaire, est peut-être celle qui a le plus libéré la conscience artistique des jeunes générations ».
Ce mouvement connu également sous le nom de pointillisme, par référence à son désir de constituer une systématisation, une mise en ordre de l’impressionnisme qui le précédait, reflète le matérialisme de la fin du XIXe siècle.
Le credo dans la science, qui entraîne l’énorme majorité des penseurs d’alors, trouve un écho dans la démarche méthodique du mouvement pointilliste. Son but est de faire de la peinture, une science exacte, une volonté de matérialisation, reposant sur l’étude des recherches optiques réalisées par des physiciens comme Chevreul, Rood, Helmholtz, Charles Blanc et Charles Houry.
Ce mouvement met l’accent sur la lisibilité des constructions et des formes dans un esprit de géométrisation. A cette harmonie des formes s’unit la théorie du mélange optique, dans une tentative de reconstitution des tons traditionnels par la juxtaposition et l’opposition, non seulement des complémentaires, mais aussi des dix-huit tons du prisme.
Le néo-impressionnisme a ouvert la voie aux recherches de Matisse et du fauvisme, de Severini et du futurisme, de Mondrian et de l’abstraction. Cette école, disait Apollinaire, est peut-être celle qui a le plus libéré la conscience artistique des jeunes générations ».
Les Nabis
Appelés ainsi par le poète Cazali, signifient prophètes en hébreu. De jeunes artistes prirent ce nom pour affirmer leur désir de donner une impulsion nouvelle de la peinture.
Leur but, comme le précisait, Maurice Denis, était de « traduire des émotions ou des concepts par des correspondances de formes ». Un tableau, disait-il, « avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Pour ce faire, ils appliquèrent un procédé dit « cloisonné », où la couleur employée à l’état pur était limitée par un cerne, un peu à la manière des plombs des vitraux. Les estampes japonaises influencèrent également les nabis qui s’inspirèrent de la ligne précise et sinueuse tracée par les artistes nippons. Les nabis représentent dans l’histoire de l’art un groupe d’individualités, plutôt qu’un véritable programme esthétique commun. La personnalité de chacun de ces artistes, s’affirmant dès 1899, l’unité du mouvement disparaît.
Dès lors, chacun suit une voie singulière qui accuse les particularités et les divergences.
Vuillard dans Deux femmes sous la lampe, 1892 (ill. n°5) élimine l’espace illusionniste des impressionnistes, c’est-à-dire l’espace-lumière, pour lui substituer l’espace-couleur, grâce à la valeur des aplats colorés. Comme pour Vallotton dans le tableau Misia à son bureau, vers 1897 (ill. n°6), les personnages et le décor s’intègrent au point de ne faire plus qu’un. Les ombres sont plus denses que les solides et les objets ont presque plus de poids que les vivants. Nous sommes dans un monde non apprivoisé par les codes acquis de la perception.
Les œuvres des autres artistes du groupe : Bonnard, Roussel, Denis, Maillol sont peu liées aux théories nabis dont ils se sont tous libérés au tournant du siècle. Ils pratiquent un art plus frais et plus libre, dans lequel la couleur devient plus éclatante et les compositions plus hardies : La ferme au toit rouge, V 1923 (ill. n°7), ou La route rose, 1934 (ill. n°8) de Bonnard, L’enlèvement d’Europe, 1925 (ill. n°9),
Leur but, comme le précisait, Maurice Denis, était de « traduire des émotions ou des concepts par des correspondances de formes ». Un tableau, disait-il, « avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Pour ce faire, ils appliquèrent un procédé dit « cloisonné », où la couleur employée à l’état pur était limitée par un cerne, un peu à la manière des plombs des vitraux. Les estampes japonaises influencèrent également les nabis qui s’inspirèrent de la ligne précise et sinueuse tracée par les artistes nippons. Les nabis représentent dans l’histoire de l’art un groupe d’individualités, plutôt qu’un véritable programme esthétique commun. La personnalité de chacun de ces artistes, s’affirmant dès 1899, l’unité du mouvement disparaît.
Dès lors, chacun suit une voie singulière qui accuse les particularités et les divergences.
Vuillard dans Deux femmes sous la lampe, 1892 (ill. n°5) élimine l’espace illusionniste des impressionnistes, c’est-à-dire l’espace-lumière, pour lui substituer l’espace-couleur, grâce à la valeur des aplats colorés. Comme pour Vallotton dans le tableau Misia à son bureau, vers 1897 (ill. n°6), les personnages et le décor s’intègrent au point de ne faire plus qu’un. Les ombres sont plus denses que les solides et les objets ont presque plus de poids que les vivants. Nous sommes dans un monde non apprivoisé par les codes acquis de la perception.
Les œuvres des autres artistes du groupe : Bonnard, Roussel, Denis, Maillol sont peu liées aux théories nabis dont ils se sont tous libérés au tournant du siècle. Ils pratiquent un art plus frais et plus libre, dans lequel la couleur devient plus éclatante et les compositions plus hardies : La ferme au toit rouge, V 1923 (ill. n°7), ou La route rose, 1934 (ill. n°8) de Bonnard, L’enlèvement d’Europe, 1925 (ill. n°9),
Le fauvisme
Le Musée de l’Annonciade a le bonheur de posséder un ensemble de chefs-d’œuvre d’artistes fauves daté de 1905-1907, c’est-à-dire la période la plus féconde et la plus révolutionnaire de ce mouvement qui réunissait Matisse, Marquet, Camoin, Manguin, Friesz, Braque, Vlaminck, Derain et Van Dongen. Révélés au public par le Salon d’automne de 1905 où,comme le dit Camille Mauclair, « un pot de peinture a été jeté à la face du public ».
L’essentiel du fauvisme réside dans une manière nouvelle d’appréhender le monde, de considérer la nature, non comme un objet de l’art, mais comme un lieu où s’exercent les impulsions subjectives, les tensions intellectuelles et sentimentales, l’imagination du peintre. Il fallait créer des choses émotionnelles à l’aide de formes réduites à l’essentiel et de la couleur pure, telle qu’elle sort du tube. Le besoin d’expression par la couleur amène les fauves à abandonner la perspective, l’ombre, le jeu du clair-obscur, le modelé et enfin, éliminer les détails. La Gitane, 1906 (ill. n°10) de Matisse est à la fois un des tableaux les plus célèbres du musée et l’une des plus importantes œuvres fauves de Matisse conservées en France. Cette toile ne donne pas à voir un nu féminin, mais de la peinture. « Je sens par la couleur » déclarait Matisse.
Pour Marquet, Manguin et surtout Camoin, le fauvisme ne fut qu’un très court épisode. A l’inverse de Matisse, ils affirment leur attachement à un naturalisme précis et jamais remis en cause. Les véritables fauves sont, sans aucun doute, Vlaminck et Derain. Le premier « fauve d’instinct » peint à tube contre toile d’audacieuses réalisations comme Pont de Chatou, 1906 (ill. n°11). Le second associe dans son art l’impulsion instinctive à une réflexion théorique sur la peinture : Westminster, 1906 (ill. n°12), Effets de soleil sur l’eau, 1906 (ill. n°13).
Pour les Havrains, Friesz, Braque et Dufy, le fauvisme ne fut qu’une phase dans leur œuvre à venir. Braque, Paysage de l’Estaque, 1906 (ill. n°14).
Van Dongen use de ses qualités de coloriste dans ses Femmes à la balustrade (ill. n°15), quoique datée de 1911 cette œuvre reste attachée au fauvisme par ses qualités intrinsèques.
Parmi les œuvres fauves de la collection on ne peut passer sous silence les artistes provençaux. Hôtel-Hôtel, 1907-1908 (ill. n°16) de Chabaud ou Le Bar N… à Marseille, 1907 de Lombard sont des œuvres qui par leur puissance montrent combien les recherches de ces artistes sont simultanées à celles des grands ténors du fauvisme.
L’essentiel du fauvisme réside dans une manière nouvelle d’appréhender le monde, de considérer la nature, non comme un objet de l’art, mais comme un lieu où s’exercent les impulsions subjectives, les tensions intellectuelles et sentimentales, l’imagination du peintre. Il fallait créer des choses émotionnelles à l’aide de formes réduites à l’essentiel et de la couleur pure, telle qu’elle sort du tube. Le besoin d’expression par la couleur amène les fauves à abandonner la perspective, l’ombre, le jeu du clair-obscur, le modelé et enfin, éliminer les détails. La Gitane, 1906 (ill. n°10) de Matisse est à la fois un des tableaux les plus célèbres du musée et l’une des plus importantes œuvres fauves de Matisse conservées en France. Cette toile ne donne pas à voir un nu féminin, mais de la peinture. « Je sens par la couleur » déclarait Matisse.
Pour Marquet, Manguin et surtout Camoin, le fauvisme ne fut qu’un très court épisode. A l’inverse de Matisse, ils affirment leur attachement à un naturalisme précis et jamais remis en cause. Les véritables fauves sont, sans aucun doute, Vlaminck et Derain. Le premier « fauve d’instinct » peint à tube contre toile d’audacieuses réalisations comme Pont de Chatou, 1906 (ill. n°11). Le second associe dans son art l’impulsion instinctive à une réflexion théorique sur la peinture : Westminster, 1906 (ill. n°12), Effets de soleil sur l’eau, 1906 (ill. n°13).
Pour les Havrains, Friesz, Braque et Dufy, le fauvisme ne fut qu’une phase dans leur œuvre à venir. Braque, Paysage de l’Estaque, 1906 (ill. n°14).
Van Dongen use de ses qualités de coloriste dans ses Femmes à la balustrade (ill. n°15), quoique datée de 1911 cette œuvre reste attachée au fauvisme par ses qualités intrinsèques.
Parmi les œuvres fauves de la collection on ne peut passer sous silence les artistes provençaux. Hôtel-Hôtel, 1907-1908 (ill. n°16) de Chabaud ou Le Bar N… à Marseille, 1907 de Lombard sont des œuvres qui par leur puissance montrent combien les recherches de ces artistes sont simultanées à celles des grands ténors du fauvisme.
Le cubisme
C’est un mouvement fort peu représenté dans les collections du musée ; toutefois, quelques œuvres apportent, par le retour à la couleur et aux grandes compositions monumentales, une contribution brillante et originale qui se démarque nettement des recherches de Braque et de Picasso.
Les plus remarquables de ces œuvres sont sans aucun doute celles de Delaunay, Femme à l’Ombrelle ou La Parisienne, 1914 (ill. n°17), La Fresnaye, Le Rameur, 1914 (ill. n°18), Lhote, Dufresne et Gromaire.
Les plus remarquables de ces œuvres sont sans aucun doute celles de Delaunay, Femme à l’Ombrelle ou La Parisienne, 1914 (ill. n°17), La Fresnaye, Le Rameur, 1914 (ill. n°18), Lhote, Dufresne et Gromaire.
Retour au réel
La fin de la première guerre mondiale marque l’effondrement des avant-gardes. Tous les créateurs abandonnent l’âge des recherches et des découvertes pour celui de l’exploitation, au gré de leur inclinaison personnelle. Un mouvement profond de réaction s’exprime par un retour au réel qui conduit à un certain classicisme chez Derain, à la quiétude des intérieurs niçois chez Matisse, Intérieur à Nice, 1920 (ill. n°19), au retour au métier chez Marquet, Port de Boulogne, 1930 (ill. n°20).
Peinture indépendante
La première affiche publicitaire du Musée de l’Annonciade porte en titre : « Les maîtres de la peinture indépendante (de 1890 à nos jours). « Cette insertion, affirme l’éclatante consécration des artistes indépendants, c’est-à-dire ceux qui, méfiants tant vis-à-vis de l’académisme officiel que des mouvements d’avant-garde, s’exprimèrent librement en dehors de toute théorie et de toute coterie. Tel est précisément le cas de Dunoyer de Segonzac ou encore de Camoin qui manifestèrent leur attachement à la peinture réaliste.
Pratique
L’Annonciade
Musée de Saint-Tropez
Place Grammont
83990 Saint-Tropez
Tel : 04 94 17 84 10
Ouvert tous les jours sauf le mardi De 10h à 13h et de 14h à 18h
Musée de Saint-Tropez
Place Grammont
83990 Saint-Tropez
Tel : 04 94 17 84 10
Ouvert tous les jours sauf le mardi De 10h à 13h et de 14h à 18h