20 au 29 novembre, Ernesto Guevara, La dernière nuit de José Pablo Feinmann, au théâtre du Chêne Noir, Avignon

Mise en scène, scénographie, lumière Gérard Gelas avec Olivier Sitruk, Jacques Frantz, Laure Vallès, Guillaume Lanson, Aloïs Beldachir


Note d’intention, Gérard Gelas

Olivier Sitruk/Che Guevara © J. de Rosa agence Starface
Le texte de José Pablo Feinmann met en présence, dans un contexte singulier, la petite école de la Higuera en Bolivie dans laquelle Che Guevara a été assassiné le 9 octobre 1967, deux personnalités particulières.
L’une charismatique est mondialement connue : Ernesto Che Guevara. L’autre anonyme, un journaliste : Andrès Cabreira.
Ce dernier a reçu une bourse de la Fondation Guggenheim pour son projet : raconter ce qui s’est passé lors des 48 heures qui ont suivi l’arrestation de Che Guevara en Bolivie et son exécution : « dire ce que personne ne sait ».
L’écriture et la dramaturgie de Feinmann ont l’acuité et la virtuosité propres aux grands textes de théâtre, avec une intelligence d’auteur ne faisant du Che ni une icône, ni un monstre assoi ffé de sang. Le fait même qu’un historien de notre époque, avec les questions qui sont les nôtres aujourd’hui, puisse dialoguer avec Che Guevara campé dans les certitudes et les incertitudes de son temps, relève d’un pur trait de génie théâtral. La rapidité des dialogues, leur concision soutenant les échanges brillants des protagonistes, repose de plus sur une construction qui permet au rêve de se déployer.
Hormis Che, les autres acteurs, à partir de leur rôle principal, joueront d’autres personnages qui comptèrent dans la vie de Guevara. Et là nous abordons au rivage d’un théâtre sud-américain à la fois très structuré et libre en son mystère par les vertus conjuguées de l’onirisme et de la ré exion sur l’histoire.
Il y a longtemps que je m’irritais de voir Che réduit à une image pour tee-shirt. En n, il parle. Ce qu’il a à nous dire sans prosélytisme ni didactisme, éclaire d’un autre jour une personnalité qui, qu’on le veuille ou non, fait partie de notre histoire.

Pour interpréter Che Guevara, Olivier Sitruk est apparu comme une évidence. Il y a à la fois son jeu de comédien et sa silhouette, fine, racée, brune avec un mélange de fragilité et de détermination dans le regard et l’attitude.
Pour le personnage de Cabreira, je cherchais une opposition parfaite de silhouette et de voix. Jacques Frantz, avec lequel depuis quelques années nous nous étions promis de travailler ensemble, est arrivé sur ce projet par le plus grand bonheur. Il y a sa force brute de roc, sa voix de basse célèbre et appréciée,
et surtout sa manière de donner corps aux personnages qu’il interprète.
Ces deux comédiens remarquables vont donner à ce dialogue une résonance démultipliée, avec également les très beaux interprètes que sont Guillaume Lanson et Laure Vallès, et pour une première collaboration Aloïs Belbachir.
Ce texte soulève la large question de la violence tant du point de vue politique et idéologique bien sûr, mais également sur le plan profond de la condition de l’être humain du point de vue personnel et privé. Au fil de cette dialectique puissante c’est à se demander qui de Che Guevara ou du journaliste renferme en lui la véritable violence ?
Celui qui pose les questions ou celui qui est interrogé ?

pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 16 Octobre 2009 à 21:25 | Lu 1073 fois
pierre aimar
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