20 juin au 27 septembre 2009, Peter Knapp, The last Waltz, Musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône

L’oeuvre de Peter Knapp couvre non seulement l’aventure de la photographie argentique mais s’inscrit aussi dans l’histoire artistique et créative de la seconde moitié du XXe siècle.
Dans les années 1950-1960, à une époque où la photographie s’impose comme l’objet de la nouveauté, Peter Knapp est omniprésent. Dans ces temps de modernité décorative, quand les grands magasins donnent la direction, il impose sa ligne aux Galeries Lafayette.


Dans ce qui sera l’âge d’or des magazines féminins, il rénove la direction artistique du magazine « Elle ». Peter Knapp va donc accompagner les tendances et en sera parfois même l’instigateur. De la création appliquée, au travail de commande, il est là où les lignes évoluent.
L’exposition « The last Waltz » propose une vision globale de l’oeuvre plutôt qu’une lecture segmentée par discipline. Portrait d’un auteur majeur, l’exposition montre une disposition permanente à s’emparer pleinement du médium photographique, en niant ses simples usages. Il « fait » de l’art quand on l’attend photographe de mode, il découpe le ciel quand on l’attend designer.
La photographie est un objet technique, avec ses déterminations mais aussi et surtout ses intentions. Peter Knapp l’a toujours su, les images sont préméditées.
Il impose son regard esthétique et pensé sur l’objet photographique. Formé en Suisse à Zurich par des professeurs issus du Bauhaus, son travail intègre les règles visuelles de cette école ; l’épure, l’harmonie des formes, la modernité et l’interdisciplinarité.
Pendant 50 ans il va multiplier les expérimentations, jusqu’à en épuiser tout ce que la photographie argentique peut offrir ; séquences, abstractions, monochromes, etc. Il aime intervenir directement sur le négatif, en grattant la surface sensible.
Malgré la diversité des techniques employées, l’oeuvre est définitivement cohérente. Il s’amuse de la géométrie et du temps... Des contraintes de la commande, il s’en joue.
Tout se plie à la recherche d’une matière unique, forme et couleur réunifiées.
Le monde dispose d’une structure géométrique. Peter Knapp en propose une construction architecturale. En conséquence, son travail est tout entier investi d’une préoccupation graphique.
Dans la mode, il refuse les prises de vues ordinaires. Les cadrages, les points de vue se veulent différents avec les effets dynamiques s’appuyant sur la diagonale.

Les corps des mannequins prennent alors la valeur d’éléments architecturaux.
Les corps sont des supports, des lignes de force.
La ligne droite revient, obsessionnelle. D’assemblages d’éléments communs — des nervures de pierres, des sillages d’avions — la ligne construite et dominée génère l’image.
Prélever des morceaux de ciel procède de la même logique, il ne s’agit pas uniquement d’une entreprise de géométrie. Dans l’espace clos du tirage, Peter Knapp découpe un paysage sans objet. L’absence, le vide, des fragments d’infini sont piégés. L’épreuve s’apparente à un échantillon. Chacun de ces bleus a une nuance différente et procure une expérience sensible différente.
Peter Knapp divise le temps en séquences, temps qui ne s’apparente plus qu’à une suite d’instants dont aucun ne serait décisif. Dans ses clichés de mode des années 70, il utilise le film 16mm pour décomposer le mouvement des mannequins.
Les épreuves successives fixent les étapes d’un phénomène par une méthode d’enregistrement banale. Il en est de même dans ses séries de « 5 minutes d’un nuage » ou « 3 minutes d’un drapeau », captures de mouvements dans un rythme inflexible de prise de vue.

L’exposition n’est en rien une copie ou une redite des rétrospectives récentes. Préparée depuis deux ans, l’ensemble des tirages et des négatifs ont été revus par l’équipe du musée Nicéphore Niépce et Peter Knapp.
De très nombreux originaux, des tirages spécifiquement réalisés pour l’exposition ont l’ambition de renouveler la vision de l’oeuvre. L’oeuvre de Peter Knapp n’est qu’enthousiasme et considération pour le sensible. In fine, l’écheveau élaboré depuis le début des années 1950, dresse un inventaire complet des doutes qui ont saisi l’artiste du XXe siècle : l’inanité du geste pictural, la figure de l’auteur, les potentialités et les limites du support photographique, la place du spectateur et le rôle de la commande.
François Cheval, Peter Knapp, éd. Chêne, 2008

Pratique

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10 h . . . 18 h
Entrée libre

pierre aimar
Mis en ligne le Mercredi 20 Mai 2009 à 00:16 | Lu 326 fois
pierre aimar
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