20e Festival de Marseille à La Criée. Trois pièces : Cult, Fragments, Disappearing Act par Hofesh Shechter Company, les 25 et 26 juin 2015

Autre temps fort du Festival de Marseille, la présentation par Hofesh Shechter, chorégraphe israëlien, ancien membre de la Batsheva Dance company, installé à Londres, de trois pièces percutantes interprétées par sa compagnie: Cult (2004), Fragments(2003) et sa dernière création, Disappearing Act (2015).


Cult nous montre des individus minables se comportant comme des singes ou des pantins, pris dans un rapport à la terre qui les dépasse. Les corps glissent, chutent, rampent ou frappent le sol dans une danse tribale sur une bande-son aux envolées électro-rock tonitruantes et sous des douches embrumées de lumière ocre. Toute la pièce baigne dans un climat chaotique, insurrectionnel, cauchemardesque, qui s'enfonce brusquement dans l'obscurité et le silence.

Fragments, la toute première pièce de Hofesh Shechter, met en scène un couple d'amants tourmentés sur une bande son cinématographique (musique et dialogues). Avec humour et délicatesse, l'homme réalise une pantomime digne du théâtre chinois, puis se livre à un combat d'escrime avec la femme qu'il craint d'étreindre ou perçoit comme un serpent cobra. A la fin, tous deux se retrouvent, bras en croix, aux deux côtés opposés du plateau.

La création 2015, Disappearing Act, rend hommage au style du Goset, ce théâtre juif soviétique des années vingt, parlé en yiddish et fondé sur l'emploi concerté d'une gestuelle rationnelle en même temps que violemment expressive, dans une optique satirique. Avançant en demi-plié, dos voûté, bras tendus, paumes des mains ouvertes, puis à genoux, mains bouchant les oreilles, ou chevauchant d'imaginaires montures dans une ronde endiablée de sorcières, les danseurs épousent dans l'abstraction, la fureur et le carnaval, la distanciation critique et l'ironie démystificatrice de cette forme artistique particulière qu'est le grotesque.
Incontestablement, avec Hofesh Shechter le charme opère, le courant passe vite, et le public n'a pas le temps de s'ennuyer ni le temps de souffler. Quand c'est fini, il applaudit à tout rompre et souhaite que les saluts se prolongent pour dire à quel point il a été séduit.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 29 Juin 2015 à 07:09 | Lu 395 fois
Pierre Aimar
Dans la même rubrique :