Deux expositions en 2008
Saura illustrateur
du 26 septembre au 30 novembre 2008
Du mercredi au dimanche, de 11h00 à 19h00
Pinocchio
Du 5 décembre 2008 au 1er février 2009
Du mercredi au dimanche, de 11h00 à 19h00
Musée des Abattoirs
76, allée Charles de Fitte
31300 Toulouse
du 26 septembre au 30 novembre 2008
Du mercredi au dimanche, de 11h00 à 19h00
Pinocchio
Du 5 décembre 2008 au 1er février 2009
Du mercredi au dimanche, de 11h00 à 19h00
Musée des Abattoirs
76, allée Charles de Fitte
31300 Toulouse
2008, une année Saura
Musée d’Art contemporain de Toulouse et Midi-Pyrénées, les Abattoirs présentent une suite de cinq expositions pour rendre hommage à l’un des grands peintres du XXe siècle, Antonio Saura (1930-1998) : cinq angles d’attaque pour aborder tous les deux mois, dans la même salle du musée, une phase méconnue de ses démarches inattendues.
À la énième rétrospective qui viendrait consacrer l’impertinence passionnée de l’auteur, nous avons préféré susciter la curiosité du public pour les recherches multiples et renouvelées de l’artiste, qui nous conduit ainsi au plus près de l’acte de création. Les sujets de chacune des expositions conjuguent souvent les motifs des grands thèmes connus du corpus sauresque (Foules, Crucifixions, Curés, Chiens de Goya, Dames et autres Portraits imaginaires…) ; ils activent aussi des procédures techniques, quasi thématiques (collages, accumulations, superpositions, répétitions, montages…), qui engendrent autant de
métamorphoses et de transformations.
La suite de nos cinq expositions n’offre qu’une vision partielle, quoique originale, de l’œuvre abondante d’Antonio Saura. Mais par le biais de ces thèmes et de ces séries, nous pénétrons dans le labyrinthe intime, dans le théâtre vivant de l’artiste : un univers baroque et ascétique, « spirituel, sombre et caustique » pour reprendre quelques-uns des traits qu’il attribuait au « génie sceptique » de son congénère, l’écrivain Baltasar Gracián, cet « être aragonais » qu’il a si bien illustré - à son image même.
Ce cycle d’expositions vient naturellement étoffer l’intérêt du musée pour l’œuvre de Saura dont il conserve plusieurs estampes et tableaux.
Alain Mousseigne, conservateur en chef, directeur des Abattoirs
À la énième rétrospective qui viendrait consacrer l’impertinence passionnée de l’auteur, nous avons préféré susciter la curiosité du public pour les recherches multiples et renouvelées de l’artiste, qui nous conduit ainsi au plus près de l’acte de création. Les sujets de chacune des expositions conjuguent souvent les motifs des grands thèmes connus du corpus sauresque (Foules, Crucifixions, Curés, Chiens de Goya, Dames et autres Portraits imaginaires…) ; ils activent aussi des procédures techniques, quasi thématiques (collages, accumulations, superpositions, répétitions, montages…), qui engendrent autant de
métamorphoses et de transformations.
La suite de nos cinq expositions n’offre qu’une vision partielle, quoique originale, de l’œuvre abondante d’Antonio Saura. Mais par le biais de ces thèmes et de ces séries, nous pénétrons dans le labyrinthe intime, dans le théâtre vivant de l’artiste : un univers baroque et ascétique, « spirituel, sombre et caustique » pour reprendre quelques-uns des traits qu’il attribuait au « génie sceptique » de son congénère, l’écrivain Baltasar Gracián, cet « être aragonais » qu’il a si bien illustré - à son image même.
Ce cycle d’expositions vient naturellement étoffer l’intérêt du musée pour l’œuvre de Saura dont il conserve plusieurs estampes et tableaux.
Alain Mousseigne, conservateur en chef, directeur des Abattoirs
Saura illustrateur
Antonio Saura, Les Songes de Quevedo
« En 1962, j’ai réalisé pour la première fois, une série de petites eaux-fortes et aquatintes destinées à illustrer la version allemande des Songes de Quevedo. Les planches, très élaborées, finirent par
ressembler à certaines de mes peintures.
Toutes présentaient un aspect accumulatif, sans doute dû à l’impossibilité – en raison de leurs petites dimensions et du nombre limité de gravures – de pouvoir déployer l’appareil imaginatif requis par
l’œuvre de Quevedo.
Je dus me contenter de produire un entassement spectral qui se substituerait à la grande parade du théâtre mental, limiter nécessairement le défilé multifocal des événements, omettre les fêtes champêtres et laisser dépeuplés les intérieurs vides. Je dus retenir le regard cruel, le prolongement de l’écho de ses dérivations, la fragmentation et l’analyse, au profit de la prolifération amorphe et envahissante, de la proximité ou de l’extrême éloignement.
Restait la possibilité d’adopter l’attitude inverse et d’illustrer, tel l’entomologiste face à son monde varié et dense, cette œuvre merveilleuse – qui possède, vis-à-vis de notre société, autant de valeur critique que celle qu’elle eut en son temps – par de grandes images reflétant, de la façon la plus littérale qui soit, un tourbillon d’apparitions multiples et intentionnelles.
Des années plus tard, naquit l’idée d’un livre beaucoup plus important, sur le même thème, illustré de très nombreuses lithographies. Nous avons choisi la première édition française des songes, non encore expurgée par l’Inquisition et par l’auteur lui-même. Il s’agissait de réaliser un véritable livre illustré. En accord avec Yves Rivière, l’éditeur, nous avons décidé que les images, exécutées sur de grandes pierres, seraient insérées dans des espaces précis déterminés à l’avance, de façon qu’elles soient intimement liées au texte et qu’elles ne puissent en aucune façon en être détachées. Les images accompagnent la lecture, comme dans certains livres pour enfants ou certaines œuvres du passé – mon propos étant d’illustrer réellement un texte fascinant et non de vagabonder au hasard de l’approximation.
M’approchant peu à peu de ce texte radioactif et inépuisable, je peux toujours continuer à fixer indéfiniment la théorie disparate d’événements et de personnages défilant sur l’intemporelle et sombre scène des Songes. »
ressembler à certaines de mes peintures.
Toutes présentaient un aspect accumulatif, sans doute dû à l’impossibilité – en raison de leurs petites dimensions et du nombre limité de gravures – de pouvoir déployer l’appareil imaginatif requis par
l’œuvre de Quevedo.
Je dus me contenter de produire un entassement spectral qui se substituerait à la grande parade du théâtre mental, limiter nécessairement le défilé multifocal des événements, omettre les fêtes champêtres et laisser dépeuplés les intérieurs vides. Je dus retenir le regard cruel, le prolongement de l’écho de ses dérivations, la fragmentation et l’analyse, au profit de la prolifération amorphe et envahissante, de la proximité ou de l’extrême éloignement.
Restait la possibilité d’adopter l’attitude inverse et d’illustrer, tel l’entomologiste face à son monde varié et dense, cette œuvre merveilleuse – qui possède, vis-à-vis de notre société, autant de valeur critique que celle qu’elle eut en son temps – par de grandes images reflétant, de la façon la plus littérale qui soit, un tourbillon d’apparitions multiples et intentionnelles.
Des années plus tard, naquit l’idée d’un livre beaucoup plus important, sur le même thème, illustré de très nombreuses lithographies. Nous avons choisi la première édition française des songes, non encore expurgée par l’Inquisition et par l’auteur lui-même. Il s’agissait de réaliser un véritable livre illustré. En accord avec Yves Rivière, l’éditeur, nous avons décidé que les images, exécutées sur de grandes pierres, seraient insérées dans des espaces précis déterminés à l’avance, de façon qu’elles soient intimement liées au texte et qu’elles ne puissent en aucune façon en être détachées. Les images accompagnent la lecture, comme dans certains livres pour enfants ou certaines œuvres du passé – mon propos étant d’illustrer réellement un texte fascinant et non de vagabonder au hasard de l’approximation.
M’approchant peu à peu de ce texte radioactif et inépuisable, je peux toujours continuer à fixer indéfiniment la théorie disparate d’événements et de personnages défilant sur l’intemporelle et sombre scène des Songes. »