26e édition du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes du 17 au 30 mars 2016

Bande annonce 2016 : Ruptures d'hier et d'aujourd'hui


Le cinéma, parmi d’autres formes d’art, a toujours cultivé le talent des portraits. Portraits individuels et portraits collectifs, selon de multiples approches qu’une hâtive mais parfois nécessaire distinction séparerait entre fictions et documentaires. Portraits individuels d’hommes et de femmes qui ont en commun d’être réalisateurs de films et d’être membres d’un collectif que l’on appelle le cinéma espagnol.
Fernando León de Aranoa, Gracia Querejeta, Icíar Bollaín, José Luis Guerín, Cesc Gay, Imanol Uribe, Alejandro Amenábar, Carlos Saura, Fernando Fernán Gómez, entre autres, en font partie.

Ce cinéma présent en 2016 sur les écrans du cinéma Le Katorza et de l’Opéra Graslin « raconte » bien davantage encore que ce que « racontent » les films pris un par un. Parce qu’il associe toujours, quoique de façon très plurielle, le geste individuel et le travail collectif, la construction d’un récit et l’enregistrement d’éléments de la réalité, la création d’un imaginaire, la trace d’êtres vivants mais aussi les retours douloureux vers la mémoire. Le cinéma espagnol produit en 2015 fabrique, en plus de ce que font les 60 films de l’édition un par un, une projection de la collectivité dont ils sont issus.

L’ailleurs est partout

Nombreux sont les films de cette édition se penchant vers de lointains intérieurs pour mieux ausculter le territoire national : A perfect day (Un jour comme un autre) de F. L. de Aranoa, Walls de P. Iraburu et M. Molina, Les exilés romantiques de J. Trueba, Truman de C. Gay, Lettres à Marie de M. García Ribot, Un automne sans Berlin de L. Izagire, comme si ce cinéma, qui cultive l’art du rapprochement, avait la phobie du trop proche.

Si d’un côté certains cinéastes quittent les rivages nationaux, d’autres signent des œuvres en prise directe avec les réalités qui secouent toujours l’Espagne : les conflits sociaux et politiques, la précarité, les « délogés », la corruption : Rien en échange de D. Guzman, Le gîte et le couvert de J. M. del Castillo, L’inconnu de D. de la Torre, Pikadero de B. Sharrock, On n’est pas seuls de P. J. Ventura, Loin de la mer de I. Uribe. Ces cinéastes se font présents là où on n’ose plus l’être.

Il est aussi d’autres voyages : L’académie des muses de J. L. Guerín, La mariée de P. Ortiz, Grand-mère de A. Altuna, Football de S. Oksman, documentaires et fictions représentant la plus inventive refonte des anciens paradigmes associant révolution esthétique et questionnements cinématographiques. L’intérêt de l’ensemble de ces œuvres n’est pas tant d’explorer l’ailleurs que de l’inviter au cœur de l’ici pour mieux nous le faire partager.

Les désastres d’une guerre (1936-2016)

Le conflit connu en France sous le nom de « Guerre d’Espagne » représente une des plus saisissantes tragédies du XXe siècle. Il est, 80 ans après, toujours dans les mémoires de l’Espagne et d’ailleurs porteur d’une charge émotionnelle qui imprègne tout discours sur la guerre et que les conflits des Balkans et de Syrie ne font que raviver. Dans l’immense production cinématographique née de cet évènement une douzaine de films ont été retenus, montrant que les combats de la caméra furent aussi violents que ceux des armes.
Faire un grand travelling arrière pour découvrir les ressorts cachés d’une époque, braquer son regard sur ces minutes fixées sur la pellicule pour appréhender le monde, s’attarder sur les rêves de générations qui dessinent une trame, une histoire, un vécu.
Pilar Martínez-Vasseur

Fernando León de Aranoa, un cinéaste tout-terrain. Invité d'honneur

“J'aime la réalité mais pas le réalisme” : cette déclaration en guise de maxime résume la trajectoire d'une figure incontournable du cinéma espagnol de ces vingt dernières années.

D'abord scénariste au début des années 1990, le Madrilène embrasse le succès dès son premier long-métrage Familia (1996), le portrait chabrolien et juste d'une bourgeoisie tourmentée. L'ironie, l’humanité et l'universalité des personnages deviennent alors l'empreinte de la filmographie du réalisateur aux 5 Goya [équivalents des César en Espagne].
Adolescents errants (Barrio), prostituées (Princesas), victimes de guerre, famille, chômeurs, immigrés, … Fernando León de Aranoa filme pour comprendre le monde qui l'entoure, sortir de sa zone de confort et appréhender des zones de conflits en tout genre. Mais aussi pour donner vie à des Invisibles comme ces enfants soldats ougandais dans un documentaire choral qu’il est venu défendre à Nantes en 2008 lors de la 18e édition du Festival. Chez le réalisateur des Lundis au soleil (2002), l’ennemi est autant intérieur qu'extérieur.
Une réflexion centrale que l'on retrouve dans la dernière oeuvre du cinéaste, A perfect day (un jour comme un autre) (2015). Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce long-métrage au casting hollywoodien - Benicio del Toro, Tim Robbins - marque alors l'internationalisation de son travail. Ici dans la guerre des Balkans, autrefois dans un quartier populaire de Madrid, Fernando León de Aranoa apporte un regard humain sur les fractures sociales et politiques, ainsi que sur les injustices, grandes ou petites. Le cinéaste y était peut-être prédestiné... en naissant un certain mois de mai 1968.

Elena Anaya, le cinéma dans la peau. Invitée d'honneur

Révélée par le premier long-métrage de Fernando León de Aranoa, Familia, elle a très vite travaillé avec de grands réalisateurs : Julio Medem (Lucie et le sexe ; Une chambre à Rome), Agustín Díaz Yanes (Sans nouvelles de Dieu ; Alatriste) et bien sûr Pedro Almodóvar (La piel que habito). Ce rôle lui vaudra un Goya de la Meilleure actrice en 2011. Une consécration pour cette actrice au talent précoce, formée à l'École Supérieure d'Art Dramatique de Madrid, capable de camper une victime du terrorisme (Lejos del mar, Imanol Uribe) tout comme une ancienne star de la Movida madrilène (Todos están muertos, Beatriz Sánchis). Elena Anaya, que nous pourrons également voir dans le documentaire Réfugiés de Fernando León de Aranoa est une des grandes révélations de sa génération.

Pratique et billetterie

Cinéma Katorza - 3 rue Corneille - 44000 Nantes
Ouverture des caisses : tous les jours, de 10h30 à 12h30 et de 13h30 à 21h (22h les vendredis et samedis)
Espace Cosmopolis - 18 rue Scribe - Passage Graslin - 44000 Nantes
Du 17 au 28 mars, ouvert tous les jours de semaine de 16h à 1h du matin et le weekend (dont lundi 28 mars) de 14h à 1h du matin
Exposition “Elías, vida mía: Fotografías de una vida de cine”, Museo San Telmo
Conférences, rencontres (librairie - billetterie : 16h à 22h)
Bar-tapas : ouverture à 18h, tous les jours
Opéra Graslin - Place Graslin – 44000 Nantes
Lundi 21 mars à 20h : Soirée du court-métrage
Lundi 28 mars à 19h : Cérémonie de clôture
Fnac, Forum - Place du Commerce 44000 Nantes
Du 17 au 30 mars : Exposition BD “La guerre et l’après-guerre en images” Vendredi 19 mars à 17h45 : Séance de dédicaces avec Antonio Altarriba, auteur de Bande Dessinée
Vendredi 25 mars à 18h30 : Présentation de 3 ans de cinéma espagnol par Emmanuel Larraz, historien

Séances au Cinéma Katorza
Préventes abonnements : Du 14 au 28 mars, uniquement en caisse au Katorza
A échanger en caisse contre un ticket pour la séance de votre choix
Préventes billets pour toutes les séances du Festival à partir du 16 mars :
- En ligne sur www.katorza.fr (cliquer sur l'horaire) [hors abonnement]
- En caisse, tous les jours de 10h30 à 12h30 et de 13h30 à 21h (22h les vendredis et samedis)
Pour chaque séance, une billetterie de dernière minute sera ouverte dès 10h30, le jour même de la séance et ce, même si la séance affiche complet sur www.katorza.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 24 Février 2016 à 18:20 | Lu 240 fois
Pierre Aimar
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