30 mars au 3 avril. Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène William Mesguish, théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence

La disgrâce de don Salluste est prononcée : il doit quitter la cour car il a fait un enfant illégitime à l'une des suivantes de la reine. Obsédé par sa vengeance, il rencontre son neveu César et lui demande de l'aider à l'accomplir, mais ce dernier refuse. Don Salluste va donc faire appel à son valet, Ruy Blas, amoureux de la reine, et lui ordonne de devenir son amant.


Commence alors un jeu de séduction qui intrigue et charme cette dernière qui se sent délaissée par son époux. De son côté, Ruy Blas gravit les échelons et devient ministre ; alors qu'il touche au bonheur, puisque la reine lui avoue son amour, don Salluste lui rappelle leur arrangement et joue un odieux chantage... La reine est prise au piège : amoureuse d'un laquais, elle doit abdiquer.
Derrière cette intrigue au dénouement tragique s'accumulent les péripéties et les quiproquos. Cette pièce représentative du drame romantique se caractérise par le refus des règles du théâtre classique, le mélange des genres et des registres.

A 36 ans, Victor Hugo écrit Ruy Blas, en un mois d'été, au rythme d'environ 500 vers par semaine. La première représentation a lieu le 9 novembre 1838 pour l'ouverture du Théâtre de La Renaissance. Le succès vint plus du public que des intellectuels. "L'auteur avait dans la salle des amis qui ne le connaissaient plus et des amis qui ne le connaissaient pas".
Balzac parla "d'infamie en vers" et les sifflets ne furent pas rares tout au long des cinquante représentations qui suivirent. Emile Zola écrit néanmoins dans le journal Le Voltaire, à propos de l'entrée de Ruy Blas au répertoire de La Comédie-Française en 1879 : "Ces vers sont des merveilles de facture, dont on ne saurait se lasser d'admirer le travail libre et parfait, la science profonde et ailée. Jamais langue humaine n'a eu cette rhétorique vivante et passionnée. C'est le remueur de mots et de rythmes le plus colossal que je connaisse. Il a été un prodigieux rhétoricien de l'idéal..."

Notes de mise en scène, William Mesguich

Ruy Blas fait partie incontestablement des immenses oeuvres du répertoire théâtral mondial, c’est un récif toujours passionnant à « revisiter » au milieu d’un océan majestueux d’histoires infinies et à jamais parfaitement connues.
Ruy Blas, « ce misérable fou qui porte avec effroi ; Sous l’habit d’un valet les passions d’un roi » se tient lui aussi majestueux face à ses innombrables interprètes et lecteurs, il nous fascine, ce rêveur d’une ascension héroïque, nous envoûte, ce roi de laquais, tout empourpré qu’il est de ses alexandrins baroques, radeau poétique hésitant entre gloire et pudeur, héros tenaillé par l’ambition et le remord.
Ruy Blas entraîne les autres, son double (Don César), son maître en traîtrise (Don Salluste), son adorée (la Reine), ses admirateurs (lecteurs et spectateurs), dans un tourbillon de mots, de regards, de combats, de chants ténébreux, comme un hymne sublime au théâtre total, trouée épique, célébrant une histoire romanesque à suspens.
Ruy Blas, Don Salluste, Don César, la Reine, Don Guritan, et les autres, nous constituent, nous font nous reconnaître, comme des fragments de papier, de sons, de gestes, devenus chair rêvée, envoûtante, dans les abîmes insondables de nos phantasmes les plus fous.
Rythme frénétique, regards de braise, Ruy Blas touche au sublime, enfermé dans ses contradictions labyrinthiques, comme un décor intérieur intime, il s’élève en beauté, en force, en poésie. Est-ce qu’il s’échouera au milieu de cet océan si majestueux ? Sans doute, mais pour faire rêver, près de deux siècles après sa découverte, et, espérons le, pour l’éternité.

Le théâtre de l'étreinte

En 1998, Philippe Fenwick (auteur) et William Mesguich (metteur en scène) - tous deux comédiens - créent le Théâtre de l'Etreinte, compagnie théâtrale implantée en Ile-de-France.
La Compagnie s'attache à la création et à la diffusion de spectacles, mais réalise aussi un travail important de sensibilisation et de formation auprès d'un large public.
Les choix artistiques de la compagnie portent aussi bien sur des auteurs « classiques » (Ruy Blas, de Victor Hugo, Comme il vous plaira de William Shakespeare, L'Avare de Molière, Oncle Vania d'Anton Tchékhov, Fin de Partie de Samuel Beckett) que sur des contemporains - La Légende des Porteurs de Souffle, La légende d'Antigone, Mr Septime, Solange et la Casserole et Confusion de Philippe Fenwick, Les Amours de Perlimplin et Bélise en son jardin de Garcia Lorca La Veuve, la couturière et la commère de Charlotte Escamez.
En 2004, William Mesguich s'investit dans un projet atypique. A Paris, au Centre Rachi, il met en scène Tohu-Bohu, une tragédie écrite par soixante élèves de seconde du lycée Evariste Galois de Noisy-le-Grand, avec leur professeur de français, Cécile Ladjali.
La compagnie crée également des spectacles musicaux avec Le Cabaret des Monstres (spectacle autour des textes de Baudelaire, Aragon, Dubillard et Rabelais, et des chansons de Gainsbourg, Higelin, Polnareff, Les Frères Jacques...), L'Histoire du soldat d'Igor Stravinski, La Légende du Palladium, écrite par Philippe Fenwick autour des chansons de Léo Ferré, Le Grand Carabet Ratapine de Charlotte Escamez et Philippe Fenwick.
Pour les plus jeunes, la compagnie a créé plusieurs spectacles : Le Chat Botté d'après Charles Perrault, // était une fois les Fables... de Jean de La Fontaine et Comment devient-on Chamoune ? de Charlotte Escamez dans la mise en scène de William Mesguich, et une création collective : Hänsel et Gretel d'après les Frères Grimm. Et plus récemment, la compagnie a créé au Théâtre Mouffetard le spectacle La Belle et la Bête de Charlotte Escamez, mis en scène par William Mesguich. Le Théâtre de l'Etreinte a organisé trois tournées nationales à pied avec les spectacles suivants : La Légende des Porteurs de
Souffle de Philippe Fenwick (de Dunkerque aux Saintes-Mariés de la Mer, 1500 kms à pied - 60 représentations), La légende d'Antigone de Philippe Fenwick (de Romainville à Romainville en passant par la Lozère, 2500 kms à pied - 80 représentations) et Confusion...(La Légende de l'Etoile) (de Barcelone à Bruxelles, 2 000 kms à pied - 60 représentations) en jouant dans les villes et villages de France. La compagnie est membre du CITI - Centre International pour le Théâtre Itinérant.
Le Théâtre de l'Etreinte a été en résidence au Blanc-Mesnil et à Romainville. De septembre 2003 à juin 2007 la Compagnie a été en résidence artistique à Rosny-sous-Bois (93), au Théâtre Georges Simenon, dont William Mesguich et Philippe Fenwick assuraient également la direction artistique.
La compagnie organise régulièrement des lectures publiques et a animé environ 300 heures d'ateliers de théâtre et de sensibilisation par an à Rosny-sous-Bois ainsi que dans d'autres communes de la Seine-Saint-Denis et à Paris. Au titre de l'aide au fonctionnement, la compagnie est subventionnée par la région Ile de France.

Pratique

Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène William Mesguish
assisté de Charlotte Escamez
création lumières Arnaud Jung
scénographie William Mesguish
Accessoires Samuel Bligny et Véronica Fruhbrodt
assisté de David Coty
création son Jacques Cassard
création costumes Alice Touvet
peinture Véronica Fruhbrodt
avec
Matthieu Cruciani, Ruy Blas
Sophie Carrier, la reine Dona Maria de Neubourg
Aude Biren, la duchesse d’Albuquerque et la Duègne
Charlotte Popon, Casilda
Laurent Prévot, Don César de Bazan
William Mesguish, Don Salluste, le Comte de Camporeal
Benjamin Julia ou Florent Ferrier, Don Guritan, le Comte
d’Albe, Covadenda, Ubilla, Montazgo
Chris Egloff, Gudiel, le marquis del Basto, le Laquais, le
marquis Priego
Spectacle créé en octobre 2006 à la Scène Watteau, Théâtre de Nogent sur Marne. Première représentation le 9 novembre 1838.

Calendrier des représentations
Du mardi 30 mars au samedi 3 avril 2010
à 20H30
sauf mercredi 31 mars à 19H00
durée du spectacle : 2H30
Prix des places
Tarif de 8 à 34 €
Réservations
0 820 000 422
www.lestheatres.net
Théâtre du Jeu de Paume
17, 21 rue de l'Opéra - 13100 - Aix-en-Provence

pierre aimar
Mis en ligne le Lundi 1 Février 2010 à 17:02 | Lu 5140 fois
pierre aimar
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