49e édition du Festival du Comminges du 27 juillet au 7 septembre 2024

Le Festival du Comminges approche tout doucement du demi-siècle d’existence, ce qui en fait l’un des plus anciens événements musicaux de la région



Après avoir traversé coup sur coup le délicat épisode de la crise sanitaire puis une période de flottement consécutive au décès de son fondateur, le regretté Jean-Patrice Brosse, la manifestation retrouve un nouvel élan sous la houlette de son directeur artistique, le violoncelliste Victor Julien-Laferrière, en poste depuis 2022. Plusieurs initiatives et nouveautés sont ainsi à découvrir, du 27 juillet au 7 septembre, lors de la 49e édition du festival dont l’épicentre reste la majestueuse cathédrale Saint-Bertrand, mais qui se déploie aussi à Saint-Gaudens, Martres-Tolosane et Cazères-sur-Garonne autour d’un véritable projet culturel de territoire. Fidèle à son histoire, la programmation 2024 est encore une fois de très haute tenue.

Billetterie en ligne
cathédrale Saint-Bertrand de Comminges

Quatre artistes en résidence

Liya Petrova le 1er août © DR
Une des nouveautés et initiatives principales de l’édition 2024 consiste en la résidence de quatre artistes de renommée internationale durant la première semaine. Parler de nouveauté est en fait un peu excessif, puisqu’il s’agit plutôt d’un retour à une tradition passée. La violoniste bulgare Liya Petrova, l’altiste Lise Berthaud, le pianiste et compositeur Jean-Frédéric Neuburger et Victor Julien-Laferrière lui-même sont impliqués au titre de cette résidence dans les trois rendez-vous initiaux de la programmation.

Pour le concert d’ouverture, samedi 27 juillet à 20 h 30 en la belle basilique Saint-Just de Valcabrère, Liya Petrova, Lise Berthaud, Victor Julien-Laferrière et le jeune pianiste Théo Fouchenneret jouent le Quatuor avec piano n°1 de Gabriel Fauré ainsi que le Quatuor avec piano n°2 de Johannes Brahms. Une intéressante mise en regard de ses deux œuvres de référence dans la musique de chambre romantique, d’autant plus que le compositeur de la première ne goûtait guère la musique du second…

Lundi 29 juillet, toujours à 20 h 30, on retrouve les quatre mêmes musiciens au même endroit pour une seconde soirée dédiée au quatuor avec piano. Le Quatuor avec piano n°2 d’Antonin Dvořák (ami de Brahms) et le Quatuor avec piano n°1 de Georges Enesco (élève de Fauré) sont au programme de ce concert à la gloire de deux des grands compositeurs que nous a donnés l’Europe Centrale.

Trois jours plus tard, jeudi 1er aout à 20 h 30, le festival se délocalise à Cazères-sur-Garonne où l’église Notre-Dame-de-l’Assomption accueille Liya Petrova, Jean-Frédéric Neuburger et Victor Julien-Laferrière. Le trio avec piano est cette fois-ci à l’honneur grâce au célèbre Trio avec piano no 7 en si bémol majeur de Beethoven, plus connu sous le nom de Trio à l’Archiduc car dédicacé à l’Archiduc Rodolphe d’Autriche. Une seconde œuvre phare de la musique de chambre beethovénienne est également au programme, la Sonate pour piano et violon n 9 en la majeur, dite Sonate à Kreutzer et dédicacée à un autre Rodolphe, le violoniste français Rodolphe Kreutzer. Troisième pièce de la soirée, « souffle sur les cendres » pour violoncelle et piano de Jean-Frédéric Neuburger, dont le titre d’inspiration debussyste indique assez clairement à quelles influences se réfère son auteur.

Encore un peu de musique de chambre…

Claire Désert © DR
D’autres formations de chambre sont programmées lors de ce 49e festival. Après les trois premiers concerts dédiés à ce pan essentiel de la musique savante, deux autres dates sont proposées aux amateurs du genre.

Mardi 6 août à 20 h 30 à la basilique Saint-Just de Valcabrère, l’un de nos meilleurs clarinettiste, Pierre Génisson, est associé à la grande pianiste Claire Désert pour un concert dont le copieux programme réunit la Sonate op. 167 de Camille Saint-Saëns, Andante et allegro d’Ernest Chausson, la Rhapsodie de Claude Debussy, Simple tune du compositeur contemporain Christian Lauba, la Sonate de Francis Poulenc, la Fantasiestucke op. 73 (piano seul) de Robert Schumann et la Sonate n°2 op. 120 de Johannes Brahms.

Grand moment de l’édition 2024, le Quatuor Ébène, certainement le quatuor à cordes français le plus réputé avec le Quatuor Modigliani, aujourd’hui au sommet d’une admirable carrière internationale, est aussi en concert à la basilique Saint-Just de Valcabrère, mardi 20 août à 20 h 30. Trois œuvres sont au menu de cette soirée à ne pas manquer, le Quatuor K. 575 « la Violette » de Mozart, le Quatuor n°3 de Schnittke et le Quatuor n°15 op. 161 D887 de Schubert.

La voix et l’orchestre au centre de la programmation

Victor Julien-Laferrière © Jean-Baptiste Millot
La musique vocale est un axe fort de la programmation du Festival du Comminges depuis les origines. S’y ajoute la présence nouvelle de l’orchestre depuis l’arrivée de Victor Julien-Laferrière à la direction artistique de la manifestation. Une volonté que deux concerts illustrent tout particulièrement cette année.

Vendredi 9 août à 20 h 30, la cathédrale Saint-Bertrand est l’écrin d’un concert donné par la mezzo-soprano Fiona McGown accompagnée par l’ensemble Les Ombres. La première est française, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, et chante sur les plus grandes scènes lyriques nationales et européennes. Le second, basé à Montpellier, compte aujourd’hui parmi les ensembles baroques sur instruments anciens les plus renommés de notre pays. Ils proposent un programme riche et varié d’airs et mélodies allant du début du baroque jusqu’au XXIe siècle, et signés Claudio Monterverdi, Luciano Berio, François Couperin, Jean-Baptiste de Bousset, Jean-Philippe Rameau, Joseph Haydn, John Dowland, Henry Purcell, Benjamin Britten, Maurice Ravel et Sufjan Stevens.

La collégiale de Saint-Gaudens a été retenue pour le concert du dimanche 11 août où Adèle Charvet, autre talentueuse mezzo-soprano de la jeune génération lyrique française, se produit à 20 h 30 avec le Concert de la Loge, remarquable ensemble sur instruments anciens fondé et dirigé par le violoniste Julien Chauvin. Leur programme est constitué de grands airs d’opéras baroques de Vivaldi, Haendel, Telemann et Geminiani , entrecoupés de quelques pièces instrumentales des trois premiers nommés.

Adèle Charvet est programmée une seconde fois lors de l’édition 2024, mercredi 14 août à 20 h 30 à l’église de Martres-Tolosane. Accompagnée par le pianiste Florian Caroubi, elle va interpréter un très joli et abondant programme de mélodies françaises de Jules Massenet, Xavier Leroux, Ernest Chausson, Madeleine Dubois, Gabriel Fauré, Marguerite Canal (une Toulousaine), Nadia Boulanger, Charles Koechlin, Irène Poldowski, Claude Debussy, Henri Duparc, Rita Strohl, Reynaldo Hahn et Alfred Bachelet.

Le grand-orgue de la cathédrale Saint-Bertrand

Le grand-orgue de la cathédrale Saint-Bertrand © DR
Si l’imposante cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges est le berceau du festival, c’est principalement, au-delà de la beauté de l’édifice, en raison de l’attrait que représente son magnifique grand-orgue en tribune rénové au début des années 1970. Les premières programmations ont été conçues autour de cet instrument, l’orgue et son répertoire ayant largement contribué à l’identité de la manifestation. Une tradition maintenue jusqu’à nos jours, comme en témoignent trois concerts de cette 49e édition.

Samedi 3 août à 20 h 30, l’organiste Yves Rechsteiner, directeur artistique du festival Toulouse les Orgues, et le percussionniste Henri-Charles Caget se produisent en duo à la cathédrale. Le programme est intégralement consacré à Jean-Philippe Rameau et l’on va pouvoir entendre ses très belles Première, Deuxième et Quatrième Suites, ainsi que la Chaconne des Indes Galantes, son opéra le plus célèbre et le plus souvent joué.

Deux semaines plus tard, samedi 17 août, la jeune et talentueuse organiste Lucile Dollat, qui fut notamment l’élève de Thierry Escaich et Michel Bouvard, donne à 20 h 30 un récital qu’elle ouvre et conclut avec des œuvres de Jean-Sébastien Bach, la Pièce d’orgue en sol majeur BWV 572 et la Passacaille et Fugue en ut mineur BWV 572. Entre ces deux morceaux de bravoure, elle a intégré un Triptyque pour orgue du jeune compositeur contemporain Bruno Rattini, une autre pièce de Bach, le Choral O Mensch, bewein’ dein Sünde Groß BWV 622, le Concerto pour orgue en ré majeur de Claude Bénigne Balbastre et une improvisation de son cru.

Le concert de clôture du festival 2024, samedi 7 septembre à 20 h 30, est la dernière occasion d’entendre le grand-orgue de la cathédrale. Il réunit Élisabeth Amalric, organiste titulaire de Saint-Bertrand, et le Rallye Trompes du Comminges, vénérable société de trompes de chasse créée en 1959. Pour cette soirée finale à l’affiche à la fois originale et festive, un programme de choix est offert au public avec Jagdlied (Chanson de chasse) et les Waldszenen (Scènes de la forêt) de Robert Schumann, Pastorale Op. 156 de Mel Bonis, Béatitude de Charles Piroye, la Sonate op. 288 de Domenico Scarlatti, la Berceuse, extrait de la Suite Dolly op. 56 n°1 de Gabriel Fauré, et le Galop final – Ouverture de Guillaume Tell de Gioachino Rossini.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 11 Juillet 2024 à 13:29 | Lu 90 fois
Pierre Aimar
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