6 avril au 28 août, exposition temporaire Louis Mathieu Verdilhan (1875 – 1928), Couleur et Puissance, au musée Brayer aux Baux-de-Provence

L'exposition des œuvres de Louis Mathieu Verdilhan au musée Brayer présente un choix didactique de ses toiles, dont le fil conducteur est assurément celui de la puissance et de la couleur d'abord scintillante, puis dynamitée, orgiaque, cloisonnée, éclaboussée : les parcs féériques aux teintes adamantines, les toits d'Allauch où la violence des ocres propulse les tuiles vers les bleus marins, enfin le contraste du noir d'ivoire et du blanc de zinc dans ses dernières toiles nocturnes manichéennes du Lacydon.


Louis-Mathieu Verdilhan, Place de Hôtel de Ville, Aix-en-Provence, 1908-1912, Huile sur toile, 65 x 85 cm
A la fin du XIXe siècle, à Marseille, Adolphe Monticelli était devenu la figure tutélaire de la jeune génération d'artistes provençaux séduits par les jeux de lumière que le maître faisait exploser en feu d'artifice scintillant dans ses vues de parcs. Rentré à Marseille, Louis Mathieu Verdilhan, enivré par ce jeu pyrotechnique, s'y adonna avec une telle ardeur qu'à la suite de la projection violente d'une goutte de bleu indigo il perdit son œil gauche.
Borgne, Louis Mathieu Verdilhan percevra alors l'espace différemment. La perspective s'aplatissant avec la vision monoculaire, il demandera à la couleur une fonction constructive. Les Fauves lui donnèrent de nouvelles armes de création. Verdilhan leur devra la montée en puissance de son chromatisme. C'est à Toulon qu'il rencontrera son plus grand mécène, Edouard Latil.
En 1913, Louis Mathieu Verdilhan, pris dans l'élan créatif qui caractérise les artistes européens de l'immédiate avant-guerre, allait exploiter jusqu'au bout la gamme extrême des couleurs dans la recherche d'une stridence qu'avaient su percevoir et exprimer parfaitement les maîtres expressionnistes allemands.
Début 1919, Louis Mathieu Verdilhan est installé dans le quartier des Lauves, à deux pas de l'atelier de Paul Cézanne. Dans ses paysages comme dans ses ports, il arc-boute ses formes, l'héroïsme coloré d'avant-guerre a disparu, bientôt il va cloisonner systématiquement d'un gros trait noir ses aplats colorés.
À la fin de sa vie il fuit Paris. Retiré au fond d'une banlieue marseillaise, miné par un cancer du larynx, le peintre obscurcit ses dernières toiles du Vieux-Port.

Louis Mathieu Verdilhan (1875 – 1928)
Couleur et Puissance
Exposition temporaire
du 6 avril au 28 août 2009

Musée Yves Brayer
Hôtel des Porcelet
13520 Les Baux-de-Provence (Voir sur la carte)
Tél 04 90 54 36 99
www.yvesbrayer.com/pages/fr/baux/baux.htm
Visites Conférences à 10h30
les Samedis 25 Avril, 16 Mai, 6 Juin et 27 Juin

Préface de Daniel et Jean Chol, spécialistes de l’œuvre de L.M. Verdilhan

Pendant son séjour à Paris en 1900, Louis Mathieu Verdilhan avait appris auprès des Impressionnistes à voir tout en bleu. À la même époque, en Provence, Adolphe Monticelli était encore la figure tutélaire de la jeune génération d'artistes du Midi, séduits par les jeux de lumière qui explosaient en feu d'artifice scintillant dans les vues de parcs du maître. Rentré à Marseille, Louis Mathieu Verdilhan, enivré par ce jeu pyrotechnique, s'y adonna avec une telle ardeur qu'à la suite de la projection violente d'une goutte de bleu indigo il perdit son œil gauche.

Borgne, Louis Mathieu Verdilhan percevra alors l'espace différemment. La perspective s'aplatissant avec la vision monoculaire, il demandera à la couleur une fonction constructive. Les Fauves qui avaient triomphé en 1905 dans leur cage, lui donnèrent de nouvelles armes de création, leurs bâtons de dynamite. Verdilhan leur devra la montée en puissance de son chromatisme, où, avec les bleus, dominent les ocres dans les toiles qu'il réalisera à Roquevaire, à Allauch, et à Toulon. C'est à Toulon qu'il rencontrera son plus grand mécène, Edouard Latil. La boulimie du collectionneur toulonnais le conduira à posséder deux cent cinquante œuvres de Louis Mathieu Verdilhan accrochées à touche-touche dans ses salons de La Simiane.

En 1913, n'écoutant plus que le chant des sirènes rhénanes, dans une surexcitation bergsonienne, Louis Mathieu Verdilhan, pris dans l'élan créatif qui caractérise les artistes européens de l'immédiate avant-guerre, allait exploiter jusqu'au bout la gamme extrême des couleurs dans la recherche d'une stridence qu'avaient su percevoir et exprimer parfaitement les maîtres expressionnistes allemands. À leur écoute, Verdilhan instille de l'acide dans les couleurs de ses parcs, puis, en pleine extase, il impose à ses vues martégales des bords du Brescon des perspectives dérivantes et des effets de flame surfacing.

Début 1919, Louis Mathieu Verdilhan est installé dans le quartier des Lauves, à deux pas de l'atelier de Paul Cézanne, et pris dans le rejet entraîné par la guerre de tout ce qui est allemand, ne rêve plus que de peindre du "Poussin sur nature", dans la stricte obédience au diktat de l'intelligentsia parisienne qui prône un grand Retour à l'Ordre. Dans ses paysages comme dans ses ports, il arc-boute ses formes, l'héroïsme coloré d'avant-guerre a disparu, bientôt il va cloisonner systématiquement d'un gros trait noir ses aplats colorés. En 1920, appelé par Antoine Bourdelle à exposer dans la galerie parisienne La Licorne, chez Girardin, il y présente un choix délibéré de toiles cartésiennes conformes à l'esthétique en vogue, principalement des vues du port de Marseille, dont les deux toiles exceptionnellement réunies aujourd'hui aux Baux de Provence, celle du Musée d'Art moderne provenant de la donation Girardin, et celle du musée d'Albi restaurée par le Musée Brayer

À la fin de sa vie il fuit Paris. Retiré au fond d'une banlieue marseillaise, miné par un cancer du larynx, le peintre obscurcit ses dernières toiles du Vieux-Port. L'artiste athée donne au Lacydon une dimension mystique ; dans une lumière blafarde, seuls quelques blancs surgissent d'un fond bitumineux. On pense alors à l'art inspiré du chrétien Georges Rouault, dont une exposition avait inauguré La Licorne immédiatement avant celle de Verdilhan.

L'exposition des œuvres de Louis Mathieu Verdilhan au musée Brayer présente un choix didactique de ses toiles, dont le fil conducteur est assurément celui de la puissance et de la couleur d'abord scintillante, puis dynamitée, orgiaque, cloisonnée, éclaboussée : les parcs féériques aux teintes adamantines où des cygnes traversent des bassins, les toits d'Allauch où la violence des ocres propulse les tuiles vers le bleu de la lointaine rade de Marseille, le jaune citron d'une barque sur le quai du Brescon, le vert acide d'un sapin dans un parc versaillais, le chromatisme barbare des surfaces cloisonnées et biplanes des toiles de La Licorne, enfin le contraste du noir d'ivoire et du blanc de zinc dans ses dernières toiles nocturnes manichéennes du Lacydon..
Daniel et Jean CHOL
Experts près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence
Spécialistes de l’œuvre de L.M. Verdilhan


pierre aimar
Mis en ligne le Samedi 21 Mars 2009 à 21:13 | Lu 2695 fois
pierre aimar
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