Même Bizet y trouve son compte
Juan Carmona © DR
C’est donc avec une grande curiosité que nous nous sommes rendu à son concert donné à l'Opéra Confluence en Avignon, pour y découvrir sa dernière œuvre « Sinfonia Flamenca » dont la vocation première est la rencontre de la guitare flamenca et de la musique classique.
Deux guitares (le frère Paco à la deuxième), percussions (Kike Terron bien en phase) et chant (Piculabe très en voix, le micro était superflu), se marient pour une ambiance très fiesta sévillane.
Musicalement cette Sinfonia Flamenca, après un démarrage digne des musiques de film signées par Lalo Shiffrin, oscille entre Queen, Darius Milhaud et Chabrier. On en oublie certainement. L’œuvre en soi est fabuleusement agencée. Pas un moment de trop, tout coule de source, baigné dans une inspiration à la fois ludique, lumineuse comme un jour de corrida. Les multiples contrastes entre lyrisme sensuel et rythmes débridés sont merveilleusement amenés et conduisent avec éclat au paroxysme final.
Intensité, fusion, relief des guitares simplement diaboliques pour une partition finalement flamboyante, parfaitement emblématique des croisements voulus et défendus par le compositeur.
Heureusement l'équilibre entre classique et flamenco reste toujours bien dosé, l'ensemble ensorcelant, l'Orchestre Régional Avignon-Provence arrivant même à sonner couleur locale biologique, plus vraie que nature.
Il faut dire que Samuel Jean, mouillant sa chemise comme pas deux, semblait envoûté par l'œuvre, ses sortilèges, ses arabesques fulgurantes, ses fusées orchestrales dignes des meilleurs block-busters hollywoodiens.
En première partie : les deux suites de la Carmen de Bizet orchestrées par Ernest Guiraud, auteur des récitatifs pour cet opéra. Deux fois six numéros qui nous promènent, dans l'anarchie la plus totale, dans la plus célèbre des partitions de la planète.
Exposé au violon solo, l'air de Micaëla, permettra à Cordelia Palm d'obtenir à l'applaudimètre un petit succès personnel, tout comme la trompette solo dans la Habanera.
Bien sûr, la partition de Bizet sonne étrangement moins sauvage, moins crue, presque aseptisée sous la plume de Guiraud, l'air d'Escamillo tirant carrément vers l'opérette lopézienne...
Il faut donc la foi d'un mécréant pour donner vie à ces clips musicaux tarabiscotés, tripatouillés et rarement joués... C'était sans compter sur le métier du Premier Chef invité, qui vous empoigne cette « fantaisie » franco-lyrico-espagnole à bras le corps, décape çà et là ces pages, soit avec le meilleur des pathos, soit avec la rutilence des pourpres et ors idéalement voulus par Bizet. Très beau Interlude du IV qui se moire des plus nauséeux sortilèges malhériens et vous scotche littéralement à votre fauteuil.
Christian Colombeau
Deux guitares (le frère Paco à la deuxième), percussions (Kike Terron bien en phase) et chant (Piculabe très en voix, le micro était superflu), se marient pour une ambiance très fiesta sévillane.
Musicalement cette Sinfonia Flamenca, après un démarrage digne des musiques de film signées par Lalo Shiffrin, oscille entre Queen, Darius Milhaud et Chabrier. On en oublie certainement. L’œuvre en soi est fabuleusement agencée. Pas un moment de trop, tout coule de source, baigné dans une inspiration à la fois ludique, lumineuse comme un jour de corrida. Les multiples contrastes entre lyrisme sensuel et rythmes débridés sont merveilleusement amenés et conduisent avec éclat au paroxysme final.
Intensité, fusion, relief des guitares simplement diaboliques pour une partition finalement flamboyante, parfaitement emblématique des croisements voulus et défendus par le compositeur.
Heureusement l'équilibre entre classique et flamenco reste toujours bien dosé, l'ensemble ensorcelant, l'Orchestre Régional Avignon-Provence arrivant même à sonner couleur locale biologique, plus vraie que nature.
Il faut dire que Samuel Jean, mouillant sa chemise comme pas deux, semblait envoûté par l'œuvre, ses sortilèges, ses arabesques fulgurantes, ses fusées orchestrales dignes des meilleurs block-busters hollywoodiens.
En première partie : les deux suites de la Carmen de Bizet orchestrées par Ernest Guiraud, auteur des récitatifs pour cet opéra. Deux fois six numéros qui nous promènent, dans l'anarchie la plus totale, dans la plus célèbre des partitions de la planète.
Exposé au violon solo, l'air de Micaëla, permettra à Cordelia Palm d'obtenir à l'applaudimètre un petit succès personnel, tout comme la trompette solo dans la Habanera.
Bien sûr, la partition de Bizet sonne étrangement moins sauvage, moins crue, presque aseptisée sous la plume de Guiraud, l'air d'Escamillo tirant carrément vers l'opérette lopézienne...
Il faut donc la foi d'un mécréant pour donner vie à ces clips musicaux tarabiscotés, tripatouillés et rarement joués... C'était sans compter sur le métier du Premier Chef invité, qui vous empoigne cette « fantaisie » franco-lyrico-espagnole à bras le corps, décape çà et là ces pages, soit avec le meilleur des pathos, soit avec la rutilence des pourpres et ors idéalement voulus par Bizet. Très beau Interlude du IV qui se moire des plus nauséeux sortilèges malhériens et vous scotche littéralement à votre fauteuil.
Christian Colombeau