Adonc ! Marianne Sergent et Louise Bouriffé, mise en scène Michèle Meola, Théâtre Toursky, Marseille

Par les croûtes du Saint-Suaire ! la revoilà au Toursky plus égrillarde, plus fantasque, plus caracolante que jamais.


© Gilles Bader
Je dis elle, mais elle n’est pas seule en scène pour célébrer cette mouchenculade du style en faconde haut moyenâgeux bourru et bien goûteux, il y a à ses côté une drôlesse de grande qualité, Louise Bouriffé.
L’Histoire de France, nous sommes au 13e siècle, est jubilatoirement décalée, décousue, dilatée, détournée, jalonnée de moult rebondissements joyeusement intempestifs et aultres incursions, ajouts et clins d’œil farfelus dans les standards des musiques et des répliques cultes de notre époque : un grand écart qui déclenche le rire !
Coups de bluff historique, la Reine Jeanne en mal d’héritier, louise Bouriffé, et Isabeau d’Anjou, Marianne Sergent, tentent de refaire l’Histoire à la billebaude, ce qui débouche sur une folle abracadabrance où les répliques fusent, juteuses, casant les codes, se permettant toutes sortes d’invraisemblances pour emporter le public dans des saccades d’hilarité. Il faut débraguetter les aumônières du cousin d’Isabeau pour réunir la Provence au domaine royal. Tel est l’enjeu !
Ce duo magnifique, d’une efficacité langagière dessalée moqueuse, épicée, guillerette, grivoise, fescennine mais oncques vulgaire, va nous emporter à travers l’envergure du répertoire de la totale bouffonnade.
Louise bouriffé sert un personnage polymorphe, farcesque en diable, avec une hardiesse où tout lui semble permis. Elle rend la pantomime savoureuse. Sa voix mâtinée de langue d’Oïl, de langue d’Oc, d’Italien et de Latin moisi est un modèle du genre qui porte et élève la farce à son apothéose. Sa patte a du brio ; sans effleurure, elle enfle le rire et la franche débandade.
Marianne en hennin à volant de mousseline virevoltante, bas-de-chausses grotesquement longues, jupe bridée sur le devant, amples plis cramoisy par derrière, s’évertue avec force jurons à convaincre Jeanne de la nécessité de lui fourguer son cousin.
La folie du récit le dispute à la mise en scène débridée de Michèle Meola qui dirige les gambades des deux inarrêtables lutines. Leurs costumes deviennent de plus en plus extravagants, parfois hors temps. Louise en figure de Du Guesclin apparaît la teste emboutie d’une passoire, le cou garni d’une caricature de colletin de maille, dont on peut deviner qu’il fût à l’origine de quelque fragment de culotte en tissu argenté ; et la voilà qui glapit, mugit, tempeste ; les bourrins sont représentés par des bouées. Elles partent, on ne sait où… au son de la veuse, de la bousine et du tambourin.
Comme c’est souventefois le cas, dans les spectacles de Marianne Sergent, le rythme va s’accélérant ; nulle trêve dans les dialogues qui, bien au contraire, enflent, débordent et s’enflamment ; nul répit tant cela décape, décarcasse : c’est du caparaçon brutal !
Cette sorte de sotie ou de fablerie à la dramaturgie burlesque nous fait vivre, à travers cette grande espoustouflade à la sauce Mariannesque, un pan de notre Histoire d’une manière complètement louftingue.
Jean-Pierre Cramoisan

Retrouvez Marianne Sergent
Vendredi 5 et Samedi 6 avril à 21h15 à la Fontaine d’argent à Aix-en-Provence pour Rendez-vous d’amour et Dimanche 7 avril à 15H30
www.lafontainedargent.com

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 1 Avril 2019 à 13:24 | Lu 350 fois
Pierre Aimar
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