Antoine Watteau (1684-1721). La leçon de musique. Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, du 8 février au 12 mai 2013

Bozar Expo organise, en collaboration avec le Palais des Beaux-Arts de Lille, une vaste exposition autour du grand maître français du début du XVIIIe siècle, Antoine Watteau, centrée sur les scènes musicales fréquemment représentées dans l’œuvre du peintre. Commissaire général de l’exposition, William Christie, chef d’orchestre renommé, est également au cœur d’un cycle de huit concerts autour de la musique française, qui évoque l’atmosphère sensuelle des toiles de Watteau.


Bozar présente au printemps 2013 la première exposition en Belgique consacrée à Antoine Watteau (1684-1721). Plus qu’un regard sur un ensemble d’œuvres, plus qu’une mise en musique de la matière picturale, elle souligne la correspondance entre les arts qui se trouve au coeur de la production de l’artiste et par extension, au coeur même de la programmation du Palais des Beaux-Arts. Près d’un tiers de son œuvre comporte des musiciens. Né au sein d’une famille modeste, le célèbre peintre fut une étoile filante de la peinture française du XVIIIe siècle, puisqu’il mourut prématurément à l’âge de 37 ans. En dépit de sa courte vie et de sa production limitée, Watteau a marqué de sa grâce et de son génie l’art européen.

Antoine Watteau, père des « fêtes galantes »

Peu de choses nous sont parvenues sur ses années d’apprentissage dans sa ville natale de Valenciennes, une ville sensible aux influences flamande et française puisqu’elle n’est rattachée au royaume de France qu’en 1678. Mais nous connaissons avec certitude l’importance de son maître Claude Gillot (1673-1722). C’est à son contact que Watteau découvre la peinture italienne et la Commedia dell’Arte qui ont tant compté pour celui qui ne fera jamais le voyage d’Italie.
L’artiste passe l’essentiel de sa carrière à Paris, à une époque marquée par la fin du règne du Roi-Soleil et la Régence, période durant laquelle la capitale française connaît un bouillonnement esthétique et un engouement commercial renouvelés pour l’art. C’est dans ce cadre que Watteau devient au cours des années 1720 le protégé de Pierre Crozat (1661-1740), l’un de ses grands mécènes. Ce dernier œuvre à l’émergence d’un foyer musical où musiques italienne et française se partagent les éloges du temps. C’est aussi chez Crozat que Watteau se fait l’oeil : il y copie avec ferveur les dessins des maîtres flamands et vénitiens (Rubens, Van Dyck, Titien et Campagnola). Leur souci pour la couleur, le mouvement et la sensualité fascine Watteau qui, s’appuyant sur ces éléments, élabore un style nouveau, moins grandiloquent et moins formel, empreint d’une fausse légèreté et d’une grâce inouïe.
La présence d’autres disciplines – théâtre, danse et musique, en particulier – dans la peinture de Watteau est donc loin d’être fortuite. Elles sont très présentes dans la figuration des « fêtes galantes », dont il invente le langage : scènes d’intimité, de conversation et de musique nichées au cœur d’une nature de huit-clos où la condition humaine se joue des apparences. S’agit-il d’aristocrates ayant revêtu des costumes de comédiens ou de scènes théâtrales recomposées dans un décor bucolique ? Watteau explore comme jamais auparavant une combinaison libre de personnages de théâtre qu’il place hors scène entre vie et rôle. La musique n’est jamais loin des fêtes galantes. Les titres d’œuvres telles que La Leçon de musique, Le Concert amoureux ou L’Accord parfait sont plus qu’évocateurs à cet égard.

L’exposition « La Leçon de musique »

L’exposition porte ainsi une attention spéciale à l’aspect musical de sa peinture, regroupant de manière exceptionnelle une quinzaine de toiles et une trentaine de dessins de l’artiste, dont certains n’ont pas été montrés au public européen depuis plus de 50 ans. Elle présente également une cinquantaine d’estampes de ses contemporains, tels François Boucher, Benoît Audran II, Charles- Nicolas Cochin qui ont produit le meilleur de la gravure du XVIIIe siècle et diffusé l’art de Watteau dans toute l’Europe. Elles nous permettent aujourd’hui de ne pas perdre de vue les tableaux disparus de l’artiste et d’offrir une vision quasi exhaustive du sujet. La réunion inédite de tableaux originaux, de dessins, de gravures, mais aussi de documents d’archives, de partitions et d’instruments de musique de la même période est une première. Le parcours de l’exposition est conçu de façon chronologique et thématique. Ainsi le spectateur commence t-il par découvrir la dimension silencieuse de l’art de Watteau pour ensuite mieux ressentir ses diverses sonorités. Et pour coller au plus près de l’expérience esthétique, le spectateur est immergé dans la musique de l’époque grâce à des points d’écoute qui consistent en des alcôves musicales mises à la disposition du public tout au long du parcours de l’exposition. Au moyen d’un casque audio, le visiteur est invité à découvrir une sélection de morceaux en connexion avec l’œuvre de Watteau. Une salle est réservée aux concerts gratuits interprétés par les étudiants de plusieurs conservatoires supérieurs de Belgique et de France, durant les nocturnes du jeudi soir.

Un projet transdisciplinaire

En sa qualité de centre culturel multidisciplinaire, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, en collaboration avec le Palais des Beaux-Arts de Lille, souhaite souligner la polysémie des créations de Watteau.

William Christie, chef d’orchestre et grand spécialiste de la musique française du XVIIIe siècle, est à cette fin étroitement associé à ce projet transdisciplinaire en qualité de commissaire général. Sa participation est une contribution essentielle pour la compréhension de la musicalité présente dans l’œuvre de Watteau. Le fondateur des Arts florissants occupe aussi une place centrale dans le cycle de huit concerts « Watteau et les muses », que présente Bozar Music en parallèle à l’exposition, afin de restituer par la musique des contemporains du peintre, l’esprit qui anime ses toiles.
L’artiste contemporain belge, Dirk Braeckman, interviendra dans l’expo avec de nouvelles créations photographiques, inspirées d’œuvres de Watteau. Celles-ci seront présentées en regard d’autres toiles du maître dans l’espace de l’exposition. Cette intervention du grand photographe belge à la réputation internationale permet de mettre en lien l’œuvre de Watteau et l’art contemporain.

Dans le cadre de l’exposition Antoine Watteau (1684.1721). La Leçon de musique, le Palais des Beaux- Arts de Bruxelles collabore sur le plan scientifique avec le Palais des Beaux-Arts de Lille en la personne de Florence Raymond, attachée de conservation, en charge du département XVIIIe siècle, et commissaire scientifique de l’exposition. La Bibliothèque nationale de France, en tant que grand partenaire de l’évènement, prête à Bozar plus de 60 gravures, partitions et traités musicaux de l ‘époque de Watteau. En outre un comité scientifique exceptionnel - composé de William Christie, directeur musical des Arts Florissants, de Pierre Rosenberg (président-directeur honoraire du Louvre), de Florence Gétreau (musicologue, directrice de recherche au CNRS), d’historiens d’art de renommée internationale tels que, Christoph Martin Vogtherr (directeur de la Wallace Collection) et de Guillaume Glorieux (professeur des Universités) - encadre l’exposition et contribue au catalogue publié à l’occasion de cet événement. Ses membres prendront la parole à l’occasion d’un cycle de conférences consacrées à Watteau et la musique. Fidèle à l’esprit de son projet transversal, BOZAR produit avec Harmonia Mundi un livre-disque intitulé « La musique de Watteau » et tentant de répondre à la question « comment écouter Watteau ? ». La compilation, qui paraîtra en France et au Benelux le 7 février, comprend deux CD et un livret original en trois langues (français-néerlandais-anglais). Le disque 1 est une galerie sonore.
Chacun des titres sélectionnés est mis en relation avec un tableau ou un dessin de Watteau. Un texte circonstancié établit le lien dans le livret. Le disque 2 évoque la programmation musicale du salon de Pierre Crozat, riche banquier et fin connaisseur de la peinture vénitienne chez qui Watteau eut la possibilité de dessiner instruments et musiciens, ces dessins étant la base de son vocabulaire musical dans ses peintures.

BOZAR et le Palais des Beaux-Arts de Lille ont par ailleurs élaboré une initiative conjointe intitulée Brussels Lille Artline, qui invite le public à voyager entre les deux villes en bénéficiant d’offres promotionnelles pour les tickets d’expositions et le TGV®. Plus d’infos sur www.brusselslilleartline.com

Commissaire général
: William Christie, chef d’orchestre et claveciniste, directeur musical des Arts Florissants
Commissaire scientifique : Florence Raymond, attachée de conservation, Palais des Beaux-Arts de Lille, département XVIIIe siècle
Conseiller artistique : Michaël Borremans, peintre

En collaboration avec le Palais des Beaux-Arts de Lille

Comité scientifique : Pierre Rosenberg, de l’Académie française, président-directeur honoraire du musée du Louvre, Florence Gétreau, conservateur en chef du patrimoine, directrice de l’Institut de Recherche sur le Patrimoine musical en France (CNRS-BNF), Alain Tapié, conservateur en chef du patrimoine, ancien directeur du Palais des Beaux-Arts de Lille, Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste, Collège de France - Institut Pasteur, Christoph Martin Vogtherr, directeur de La Wallace Collection, Londres, Guillaume Glorieux, professeur d’histoire de l’art moderne, Université de Rennes II
Exposition réalisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France

Concerts : Watteau et les muses

Les Arts Florissants & William Christie
Watteau et sa musique : un art confidentiel
Lundi 28.01.2013 – 20 :00 | Conservatoire Royal de Bruxelles

William Christie, commissaire de l’exposition Watteau, nous offre un concert événement, entièrement consacré à la vision musicale du peintre. En compagnie des solistes des Arts Florissants, il nous fixe rendez-vous dans le cadre intime du Conservatoire pour un programme autour de compositeurs tels Couperin ou Charpentier, véritable quintessence de cet esprit français dont la grâce et le « je ne sais quoi » fascinent toujours autant trois siècles plus tard.
William Christie direction
Les Arts Florissants
Emmanuelle de Negri dessus
Marc Mauillon taille
Œuvres de Louis Couperin, Marc-Antoine Charpentier, Elisabeth Jacquet de la Guerre, Michel
Lambert
€ 36,00 – 25,00

Ricercar Consort & Céline Scheen
Ritratto dell’amore
Mercredi 20.02.2013 – 20 :00 | Église des Minimes

Peut-on rêver meilleure voix que celle de Céline Scheen pour nous dresser le portrait de l’amour ? En compagnie de Philippe Pierlot et du Ricercar Consort, la soprano belge nous plonge dans l’intimité des airs de cour français, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles. Un concert phare de notre série « Watteau et les muses », dont l’atmosphère raffinée et sensuelle évoque bien sûr la période foisonnante qui vit éclore le génie auquel le Palais rend hommage tout au long du printemps.
Philippe Pierlot viole de gambe, direction
Céline Scheen soprano
Ricercar Consort
Œuvres de Jean-Baptiste Lully, Michel Lambert, François Couperin, Marin Marais, Jean-Philippe
Rameau, Jean-Fery Rebel
€ 31,00 – 20,00

Les Talens Lyriques & Les Fêtes galantes
Terpsichore
Mercredi 20.03.2013 – 20 :00 | Palais des Beaux-Arts – Salle Henry Le Boeuf

Le Palais des Beaux-Arts accueille Christophe Rousset et Béatrice Massin pour un spectacle de danse unique en son genre. Le point commun entre le ballet Terpsichore de Händel et Les plaisirs champêtres de Rebel ? C’est la figure emblématique de Marie Sallé, la plus célèbre et plus talentueuse danseuse française de son temps. Séjournant à Londres en 1734, elle y acclimate les ballets de Rebel et y éblouit le maître saxon...
Christophe Rousset direction
Béatrice Massin chorégraphie
Eugénie Warnier Erato (soprano)
Marianne Beate Kielland Apollon (alto)
Paul Crémazy ténor
Jussi Lehtipuu basse
Les Talens Lyriques
Les Fêtes galantes
Georg Friedrich Händel Terpsichore, ballet, HWV 8b, Apollo e Dafne, HWV 122
Jean-Fery Rebel Les plaisirs champêtres
€ 54,00 – 44,00 – 33,00 – 16,00

Les Arts Florissants
Le Jardin des Voix
Jeudi 28.03.2013 – 20 :00 | Palais des Beaux-Arts – Salle Henry Le Boeuf

William Christie achève sa résidence bruxelloise avec son Jardin des voix, et nous présente en primeur les talents de demain. Pour sa sixième édition, cette véritable pépinière d’artistes fait escale au Palais et nous promet un moment de musique chatoyant et raffiné. Le maestro franco-américain a en effet l’art de débusquer les jeunes chanteurs les plus doués et de les mettre en valeur par un répertoire sur mesure, pour la plus grande joie des mélomanes curieux.
William Christie direction
Daniela Skorka soprano
Emilie Renard mezzo
Benedetta Mazzucato contralto
Zachary Wilder ténor
Victor Sicard baryton-basse
Cyril Costanzo basse
Les Arts Florissants
Solistes du Jardin des Voix

Bertrand Cuiller & Louise Moaty
La lanterne magique de Monsieur Couperin
Vendredi 19.04.2013 – 20 :00 & 22 :00 | Chapelle Protestante

La Lanterne magique de M. Couperin est un projet musical et visuel, un concert naïf et poétique propice au rêve. Une salle éclairée à la bougie et un écran rond comme la lune : les projections féériques d’une étrange lanterne magique dialoguent avec la musique raffinée de François Couperin. Louise Moaty et Bertrand Cuiller, jeune claveciniste talentueux, nous font redécouvrir la magie singulière de ces premières images lumineuses.
Bertrand Cuiller clavecin
Louise Moaty projection
€ 18,00

Leonardo García Alarcón & le Choeur de chambre de Namur
Tableaux d’une exposition : autour de Watteau
Mercredi 24.04.2013 – 20:00 | Conservatoire Royal de Bruxelles

Alarcón paraphrase Moussorgski et livre une série de « Tableaux d’une exposition » entièrement dédiés à Watteau. Chuchotements des conversations, bruissement du vent dans les feuillages, représentations d’instruments et de musiciens : l’oeuvre du peintre abonde en sonorités. L’ouïe du spectateur, autant que son regard, est sollicitée. Lully, Destouches, Couperin ou Charpentier, tous sont appelés, afin de rendre à Watteau la sonorité de ses peintures.
Leonardo García Alarcón direction
Cyril Auvity ténor
Céline Scheen soprano
Marc Mauillon baryton
Choeur de Chambre de Namur
Les Agrémens
Œuvres de Jean-Baptiste Lully, François Couperin, Alessandro Scarlatti, Luigi Rossi, Marc-Antoine
Charpentier, André Destouches
€ 31,00 – 20,00

Les Dominos
Samedi 27.04.2013 – 20 :00 | Chapelle Protestante

Florence Malgoire, premier violon des Arts Florissants, nous dévoile Elisabeth Jacquet de la Guerre, l’une des rares compositrices de l’époque baroque. Dans le cadre aussi sublime qu’intime de la Chapelle Protestante, Les Dominos donnent vie aux Sonates pour violon laissées par cette virtuose dont l’art manifeste la passion des salons parisiens pour la musique de chambre. L’occasion aussi d’entendre une de ses Suites pour clavecin sous les doigts de Blandine Rannou.
Florence Malgoire violon, direction
Guido Balestracci viole de gambe
Jonathan Rubin théorbe, guitare baroque
Blandine Rannou clavecin
Les Dominos
Œuvres de Elisabeth Jacquet de la Guerre
€ 25,00

Rolf Lislevand
Jeudi 23.05.2013 – 20 :00 | Chapelle Protestante

Nous terminons notre voyage dans l’univers musical de Watteau avec le concert de Rolf Lislevand à la guitare et au téorbe. Né en Norvège, Rolf Lislevand habite depuis de nombreuses années en Italie, porteuse d’une civilisation ancienne attachée tant à la tradition qu’au renouveau. Lui-même s’emploie à articuler l’intuition à la recherche afin reconstruire une image globale fidèle au style et à l'esthétique baroques. Avec succès, comme vous l’entendrez !
Rolf Lislevand théorbe, guitare baroque
Œuvres de Robert de Visée, Francesco Corbetta, Angelo Michele Bartolotti
€ 18,00

Pratique

Antoine Watteau (1684-1721). La Leçon de musique
Palais des Beaux-Arts
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
Dates
08.02 > 12.05.2013
Heures d’ouverture
Mardi > dimanche, 10 :00> 18 :00
Jeudi, 10 :00 > 21 :00
Fermé le lundi.
Prix
€ 10,00 (Réductions : www.bozar.be)

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 10 Décembre 2012 à 20:09 | Lu 1285 fois
Pierre Aimar
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