Le point aveugle. Zurbaran, Cano, Jacqueline Salmon 2022
Attaché à la figure du Christ, ce pagne est à la fois un voile de pudeur, un enjeu de représentation pour les artistes et une relique précieuse pour l’Église. Mais en retraçant les différentes manière dont il a été dessiné, peint ou sculpté au travers des siècles, il se révèle aussi être un formidable indicateur des mentalités artistiques et religieuses des sociétés occidentales face à la représentation du corps christique, à la fois humain et divin. De l'Allemagne gothique à l'Italie de la Renaissance en passant des Flandres à l'Espagne du Siècle d'or, l'imagerie du périzonium a été codifiée par la théologie, mais elle a aussi parfois subi l'influence des mode civiles – comme le subligaculum, sous-vêtement typique de l'Antiquité romaine – ou été inventée de toute pièce par les artistes, qui ont livré d'infinies manières de le draper. Certains peintres ont ainsi inventé des modèles qui ont été largement repris à leur suite, comme Giotto, qui introduit la transparence, ou Rogier van der Weyden, dont les périzoniums se détachent du Christ pour devenir des drapés volants. Quelques-uns, comme Michel-Ange, iront jusqu'à le supprimer. Quant aux artistes du XXe siècle, ils oscilleront entre reprise de modèles du passé et personnalisation à l'extrême du sujet, à l'image de Chagall, qui détourne le voile de prière juif pour couvrir les hanches du Christ, ou de Picasso, qui substitue au pagne la cape d'un torero.
Malgré les sujets majeurs qu'il soulève, le périzonium constitue toujours un « point aveugle » dans la recherche iconographique, presque un non-sujet, qui a été largement moins commenté que d'autres éléments constitutifs des scènes de la Passion : la position du corps du Christ, de ses stigmates, des personnages qui l'entourent, la variété de leurs expressions, la manière dont le sang coule, etc.
En constituant de manière empirique et à l'aide de son appareil, un ensemble vertigineux de photographies sur le périzonium (prises de vues qu'elle a réalisées in situ dans des musées, des galeries ou chez des antiquaires), qu'elle a complété par la collecte de nombreuses reproductions d’œuvres dans des livres et sur Internet, Jacqueline Salmon traverse l'Histoire de l'Art du XIe siècle au XXe siècle et offre ce qui s'impose comme la recherche iconographique la plus poussée jamais réalisée sur le périzonium.
Elle érige surtout le regard du photographe en pierre angulaire de la recherche et fait du cadrage et de la composition un outil de dissection qu'elle replace au cœur de la pratique photographique. Elle renouvelle enfin l’exercice de la photographie d’œuvre d'art, qui n'est pas considérée ici comme un outil de reproduction, mais bien comme un médium d'interprétation à part entière.
Malgré les sujets majeurs qu'il soulève, le périzonium constitue toujours un « point aveugle » dans la recherche iconographique, presque un non-sujet, qui a été largement moins commenté que d'autres éléments constitutifs des scènes de la Passion : la position du corps du Christ, de ses stigmates, des personnages qui l'entourent, la variété de leurs expressions, la manière dont le sang coule, etc.
En constituant de manière empirique et à l'aide de son appareil, un ensemble vertigineux de photographies sur le périzonium (prises de vues qu'elle a réalisées in situ dans des musées, des galeries ou chez des antiquaires), qu'elle a complété par la collecte de nombreuses reproductions d’œuvres dans des livres et sur Internet, Jacqueline Salmon traverse l'Histoire de l'Art du XIe siècle au XXe siècle et offre ce qui s'impose comme la recherche iconographique la plus poussée jamais réalisée sur le périzonium.
Elle érige surtout le regard du photographe en pierre angulaire de la recherche et fait du cadrage et de la composition un outil de dissection qu'elle replace au cœur de la pratique photographique. Elle renouvelle enfin l’exercice de la photographie d’œuvre d'art, qui n'est pas considérée ici comme un outil de reproduction, mais bien comme un médium d'interprétation à part entière.
Informations pratiques
Jacqueline Salmon. Le point aveugle.
Périzonium : étude et variations
2 juillet – 2 octobre 2022
Vernissage le 2 juillet 2022 à 12h
Commissariat
Andy Neyrotti, responsable du Pôle étude, conservation et diffusion des collections du Musée Réattu
Exposition produite par la Ville d'Arles, inscrite au programme associé des Rencontres d'Arles.
Périzonium : étude et variations
2 juillet – 2 octobre 2022
Vernissage le 2 juillet 2022 à 12h
Commissariat
Andy Neyrotti, responsable du Pôle étude, conservation et diffusion des collections du Musée Réattu
Exposition produite par la Ville d'Arles, inscrite au programme associé des Rencontres d'Arles.