Une espagnolade bigarée qui tient la route
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Le rôle principal de Carlos a été écrit pour lui et l’œuvre existe à travers son personnage de bellâtre hidalgo, star du septième art.
Depuis sa création en 1945, il y a eu de nombreuses autres productions, mais aucun des ténors qui succédèrent à Mariano dans le rôle de Carlos n’a réussi à faire oublier la voix d’or du chanteur basque.
"La Belle de Cadix a des yeux de velours… " : il suffit de fredonner cette ritournelle et aussitôt les accents veloutés de Mariano nous traversent le cortex. Soixante six ans plus tard, tenter de lui succéder reste un pari risqué.
Connaissant la ferveur et la passion qui anime le binôme directorial du Festival d'Opérette niçois, c'est donc plein de confiance que nous sommes allés voir et entendre pour cette espagnolade bigarrée, un tantinet cul-cul la praline, au happy-end téléphoné, gros comme un chorizo de Prisunic.
On sort à chaque fois ravi et la musique au bord des lèvres. C'est le principal.
"TchikaTchikaTchik... Aie Aie Aie !"
En jouant le jeu, les costumes et les décors (importés de Lyon) remplissent dans leur simplicité réduite au minimum la fonction de dépaysement folklorique attendu. La Fiesta Bohémienne garde ses allures de campement de roms en goguette, Maria Luisa, sortie d'une pub pour paëlla, n'en finit pas de se pâmer sous les étoiles, la mécanique et la chorégraphie de Serge Manguette et de son Ballet Contre-Ut (que l'on aurait aimé plus fourni) animant le tout dans un scope-couleurs minimaliste, un tantinet sympathique dans sa ringardise.
Il est vrai que l'intrigue, surtout sur la fin semble avoir été liquidée en deux temps-trois mouvements par les librettistes.
Ne chipotons pas. Le vertige bigarré balayant tout sur son passage, le public, ravi, en redemande. Vox populi, Vox Dei !
On pourrait croire que la musique de Lopez est simpliste. Il n’en est rien : les airs de Maria-Luisa et de Carlos sont magnifiquement écrits pour la voix, mais d’une grande difficulté technique. Neuf airs pour le ténor, du plus doux au plus aigu. Pour la soprano, une voix longue, des aigus francs et solides sont demandés.
En réunissant un trio d'opéra (une Reine de la Nuit, un Alfredo de Traviata et un futur Rigoletto en puissance), les toujours fringants Melcha Coder et Christian Jarniat on tapé dans le mille. De l'opérette à un tel niveau d'excellence on en voudrait bien tous les jours. Impossible d'adresser un reproché sérieux à Juan Carlos Echeverry, Marion Baglan et surtout Richard Rittelmann qui vous " balance " son grand air comme du meilleur Massenet.
Le quatuor des comiques de service (Manguette, Servol, Scotto) à coups de malices réglées au millimètre, arrive à donner une jolie épaisseur à leurs personnages ; il ne pouvait que se mettre dans la poche un public bon enfant, la Pepa de Julie Morgane, balayant tout sur son passage, sans aucune vulgarité, retrouve çà et là la gouaille d'une Arletty.
A la baguette de l'Orchestre d'Harmonie de Nice renforcé par l'Ensemble instrumental du Conservatoire de Nice, Bruno Membrey mène son monde tambour battant, sans chichi ni trop de trompettes, ne couvre donc jamais les voix, et ne dirige pas son Lopez comme un bastringue de brasserie munichoise. C'est toujours bien ciselé, plein d'humour, plein d'allant. Chapeau bas Maestro !
Christian Colombeau
Depuis sa création en 1945, il y a eu de nombreuses autres productions, mais aucun des ténors qui succédèrent à Mariano dans le rôle de Carlos n’a réussi à faire oublier la voix d’or du chanteur basque.
"La Belle de Cadix a des yeux de velours… " : il suffit de fredonner cette ritournelle et aussitôt les accents veloutés de Mariano nous traversent le cortex. Soixante six ans plus tard, tenter de lui succéder reste un pari risqué.
Connaissant la ferveur et la passion qui anime le binôme directorial du Festival d'Opérette niçois, c'est donc plein de confiance que nous sommes allés voir et entendre pour cette espagnolade bigarrée, un tantinet cul-cul la praline, au happy-end téléphoné, gros comme un chorizo de Prisunic.
On sort à chaque fois ravi et la musique au bord des lèvres. C'est le principal.
"TchikaTchikaTchik... Aie Aie Aie !"
En jouant le jeu, les costumes et les décors (importés de Lyon) remplissent dans leur simplicité réduite au minimum la fonction de dépaysement folklorique attendu. La Fiesta Bohémienne garde ses allures de campement de roms en goguette, Maria Luisa, sortie d'une pub pour paëlla, n'en finit pas de se pâmer sous les étoiles, la mécanique et la chorégraphie de Serge Manguette et de son Ballet Contre-Ut (que l'on aurait aimé plus fourni) animant le tout dans un scope-couleurs minimaliste, un tantinet sympathique dans sa ringardise.
Il est vrai que l'intrigue, surtout sur la fin semble avoir été liquidée en deux temps-trois mouvements par les librettistes.
Ne chipotons pas. Le vertige bigarré balayant tout sur son passage, le public, ravi, en redemande. Vox populi, Vox Dei !
On pourrait croire que la musique de Lopez est simpliste. Il n’en est rien : les airs de Maria-Luisa et de Carlos sont magnifiquement écrits pour la voix, mais d’une grande difficulté technique. Neuf airs pour le ténor, du plus doux au plus aigu. Pour la soprano, une voix longue, des aigus francs et solides sont demandés.
En réunissant un trio d'opéra (une Reine de la Nuit, un Alfredo de Traviata et un futur Rigoletto en puissance), les toujours fringants Melcha Coder et Christian Jarniat on tapé dans le mille. De l'opérette à un tel niveau d'excellence on en voudrait bien tous les jours. Impossible d'adresser un reproché sérieux à Juan Carlos Echeverry, Marion Baglan et surtout Richard Rittelmann qui vous " balance " son grand air comme du meilleur Massenet.
Le quatuor des comiques de service (Manguette, Servol, Scotto) à coups de malices réglées au millimètre, arrive à donner une jolie épaisseur à leurs personnages ; il ne pouvait que se mettre dans la poche un public bon enfant, la Pepa de Julie Morgane, balayant tout sur son passage, sans aucune vulgarité, retrouve çà et là la gouaille d'une Arletty.
A la baguette de l'Orchestre d'Harmonie de Nice renforcé par l'Ensemble instrumental du Conservatoire de Nice, Bruno Membrey mène son monde tambour battant, sans chichi ni trop de trompettes, ne couvre donc jamais les voix, et ne dirige pas son Lopez comme un bastringue de brasserie munichoise. C'est toujours bien ciselé, plein d'humour, plein d'allant. Chapeau bas Maestro !
Christian Colombeau