Autour du Chat noir, arts et plaisirs à Montmartre, 1880-1910, au musée de Montmartre, Paris, jusqu'au 2 juin 2013, par Jacqueline Aimar

L’exposition Autour du Chat Noir, - animal emblématique, yeux d’or et auréole-vitrail -, investit le charmant musée de Montmartre et les jardins Renoir jusqu’au 13 janvier 2013.


Le Lapin Agile © Pierre Aimar 2012
Pour qui ne connaît pas les lieux, presque en haut de la butte et dominant les fameuses vignes et le Lapin Agile, la découverte est un vrai plaisir. Silence, espace et vision large, on est tout à coup envahi de la griserie de laisser Paris en bas, de surgir du bruit et des brumes, d’arriver en vacances à la montagne. Et que dire du jardin Renoir, ce lieu à part, allées, tonnelles et petits escaliers, un vrai lieu de liberté.

Un manoir des arts dans un lieu d’histoire

Musée de Montmartre © Pierre Aimar 2012
La maison, les maisons, d’une part l’atelier de Renoir, d’autre part, l’actuel musée avec en face l’atelier de Suzanne Valadon, constituent un ilot à part, hors du temps, débordant de passé et de souvenirs évoqués à la perfection au long du trajet de l’exposition ; celle-ci se répartit sur quatre étages entre escaliers et salles à tous niveaux de paliers, elle envahit et dévore l’espace et toute une époque à laquelle elle redonne vie par une évocation très variée, visuelle et musicale, picturale et artistique avec vitrines et témoignages, documents, mobilier. et les silhouettes un brin noires et inquiétantes du théâtre d’ombres.

L’exposition compte plus de 200 tableaux, aquarelles, dessins, estampes, affiches et découpes en zinc du théâtre d’ombres chinoises, provenant principalement de collections privées qui n’ont jamais été présentées au public en France. Elle inclut également des œuvres majeures des collections du musée de Montmartre et du musée Carnavalet.
Quant au Cabaret Le Chat Noir, fondé en 1881 par Rodolphe Salis, il apparaît sur la Butte sacrée ou Mont de Mars -ou de Mercure- d’anciens temples romains, ou mont du martyr, peut-être Saint Denis qui survécut à son exécution ; peu importe l’origine car l’âme du peuple aime à croire au merveilleux ; une colline au riche passé historique portant dès le XIIe siècle l’une des abbayes les plus puissantes et les plus riches du royaume. Bien avant l’effervescence artistique et révolutionnaire qu’allait connaître le village à la fin du XIXe siècle.

Paris des arts

Le long de l’enceinte dite des Fermiers Généraux vont rapidement s’établir des lieux de convivialité ; bientôt Montmartre s’impose comme lieu festif et oisif où on aime venir s’encanailler. Outre les bals populaires, la fin du siècle voit arriver le café déjà apparu au siècle des Lumières et qui rassemble toutes les catégories sociales. Cela commence par Le Rat Mort, place Pigalle, puis la Nouvelle Athène, l’Abbaye de Thélème. A la Nouvelle Athène se réunissent Degas, Monet, Cézanne, Duranty. S’y ajoutent Delacroix, Horace Vernet, Stévens, Chassériau, Gustave Moreau, puis Manet, Monet et Bazille avec enfin Diaz de la Peña, Jongkind et Puvis de Chavannes ; et bien sûr Pierre-Auguste Renoir. Et bien d’autres…
Avec l’agrandissement de Paris vers 1867, qui compte désormais vingt arrondissements au lieu de douze précédemment, afflue toute une population plus diversifiée, populaire, anarchiste et plutôt libertaire qui se mêle à une autre, pauvre et souvent désœuvrée, tournée vers un anticléricalisme vivace.

Paris des colères

Avec la IIIe République, fleurit l’âge d’or de Montmartre, malgré la guerre de 1870, les difficultés et les souffrances du siège ; et lorsque la population se révolte contre le pouvoir et l’élection de Thiers, contestataire et indépendante, insurgée et rebelle, elle fait fleurir la révolte de la commune en 1871. Dans sa révolte, elle brûle aussi le palais des Tuileries, la Mairie, le Palais d’Orsay, le Palais de Justice (la Sainte Chapelle échappe à la colère) et détruit la colonne Vendôme.
Répression sanglante, 25000 morts.
Paris reste douloureux et meurtri.

Paris des plaisirs

L'emblème du Chat Noir © Pierre Aimar 2012
S’ensuit alors le temps de l’insouciance et de la désinvolture, l’envie de plaisirs. On revient à Montmartre devenu le centre du monde, lieux de fête et cabarets ; bals et cafés concerts ont pour nom le Lapin Agile, le Divan Japonais, la Cigale, le Moulin Rouge, les Quat’zarts… Et bien sûr Le Chat Noir.
Ouvert en 1891, il se présente comme le premier cabaret artistique du genre et contribue largement à la réputation de Montmartre. Le premier Chat Noir ouvre Boulevard Rochechouart, présenté comme le premier cabaret « de style Louis XIII » fondé par un « fumiste » : deux pièces étroites en enfilade contenant à peine 30 personnes.
Le fumisme n’avait aucun but, ni social, ni humanitaire ; il souhaitait juste dénoncer le caractère pompeux et hypocrite de la société.

Le Chat Noir, le plus grand cabaret du monde

Salis avait dit jadis : « Qu'est ce que Montmartre ? Rien ! Que doit-il être ? Tout ! » En 1882, lorsqu’il fait la publicité de son cabaret il ajoute « Entrez, entrez, c’est le plus grand cabaret du monde ! ». En écho est publié un catalogue d’une page qui accompagne une étrange exposition intitulée « Les Arts Incohérents » regroupant artistes et amateurs. En quatre heures, environ deux mille visiteurs parmi lesquels Manet, Renoir, Pissaro et Wagner : et on écrit « qui n’a pas vu ça, n’a rien vu ! » Une autre époque était née.

C’est toutes ces pages d’histoire que conte l’exposition, diverse et animée, offerte par le musée de Montmartre, joli manoir du XVIIe siècle, accroché au 12 de la rue Cortot, tout au long de ses couloirs et escaliers mais plus encore par son atmosphère, son âme, en ces lieux tout imbibés d’un passé qui chante et chantonne, dans ce seul musée où j’aie entendu siffler et chanter certains visiteurs, avec les paroles exactes des chansons, bien sûr !
Jacqueline Aimar

Pratique

Jusqu’au 13 janvier 2013,
01 49 25 89 39
Achetez votre blillet en ligne :




Succès et prolongation
de l’exposition
jusqu’au 2 juin 2013 !

Fort de son succès, le musée de Montmartre est heureux d’annoncer le prolongement de son exposition « Autour du Chat Noir » jusqu’au 2 juin 2013.
Cet hommage sans précédent sur l’un des lieux mythiques de Montmartre, le cabaret du Chat Noir, a permis au musée de tripler sa fréquentation en accueillant un public nombreux de passionnés, d’amateurs et de touristes internationaux.
Cette réussite marque véritablement la renaissance de ce musée plein de charme et lui permet de s’inscrire dès aujourd’hui dans le réseau des musées parisiens.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 2 Octobre 2012 à 18:59 | Lu 821 fois
Pierre Aimar
Dans la même rubrique :