Avignon, Musée Angladon : Odilon Redon, de la nuit à la lumière. 14 mars-15 juin 2008

Au printemps 2008, l‘exposition Odilon Redon est l’occasion de découvrir en Avignon quelques merveilles issues d’une personnalité à la sensibilité frémissante, marquée par le rêve et l’art de la suggestion, utilisant le magnifique noir du fusain et de la lithographie, puis les nuances de l’aquarelle, du pastel et de l’huile, pour offrir au public un parcours de la nuit à la lumière.


Odilon Redon, de la nuit à la lumière

Odilon Redon, auto-portrai
Odilon Redon, (1840-1916), un des grands maîtres de l’art moderne, occupe en son temps une place particulièrement originale. Quand ses contemporains s’intéressent à la conquête de la lumière et de la couleur, il utilise les seules ressources du noir et blanc. Dessins, fusains et lithographies expriment non seulement la réalité vue mais la réalité sentie, révélant un monde invisible issu de ses rêves. Si ses angoisses font naître des monstres magnifiques, il les dompte progressivement et créé alors un monde où les merveilles de la nature, fleurs et papillons parviennent en pleine lumière. En 1902, Redon écrit : J’ai épousé la couleur.
Au total plus de 80 œuvres (huiles sur toile, pastels, fusains, aquarelles, eaux-fortes et lithographies) illustrent chaque étape de la carrière de l’artiste, de ses noirs profonds à son passage à la couleur.
Exposés au cœur de la collection permanente du musée réunissant Degas, Van Gogh, Cézanne, Modigliani ou Picasso, ces témoignages sont les représentants de l’univers de Redon.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Pendant l’exposition et jusqu’au 11 novembre 2008
Musée ouvert tous les jours de 13h à 18h sauf lundi, le matin sur R.V. pour les groupes
AVIGNON, 5, rue Laboureur
tel. 04.90.82.29.03
www.angladon.com

Textes d'Odilon Redon

A SOI-MEME
ODILON REDON A soi-même
TEXTES D’ODILON REDON Extraits de l’ouvrage. A soi-même. Paris, Ed. J. Corti, 2000

Un tableau n’enseigne rien ; il attire, il surprend ; il exalte, il mène insensiblement et par amour au besoin de vivre avec le beau ; il lève et redresse l’esprit, voilà tout. A soi-même p. 103.

J’ai fait un art selon moi. J’ai fait avec les yeux ouverts sur les merveilles du monde visible, et, quoi qu’on en ait pu dire, avec le souci constant d’obéir aux lois du naturel et de la vie. A soi-même. p. 9.

J’ai fait quelques fantaisies avec la tige d’une fleur, ou la face humaine, ou bien encore avec des éléments dérivés des ossatures, lesquels, je crois, sont dessinés, construits et bâtis comme il fallait qu’ils le fussent. A soi-même p. 28.

C’est la nature aussi qui nous prescrit d’obéir aux dons qu’elle nous a donnés. Les miens m’ont induit au rêve ; j’ai subi les tourments de l’imagination et les surprises qu’elle me donnait sous le crayon ; mais je les ai conduites et menées, ces surprises, selon des lois d’organisme d’art que je sais, que je sens. A soi-même p. 26.

On ne peut m’enlever le mérite de donner l’illusion de la vie à mes créations les plus irréelles. Toute mon originalité consiste donc à faire vivre humainement des êtres invraisemblables selon les lois du vraisemblable, en mettant, autant que possible, la logique du visible au service de l’invisible. A soi-même p. 28.

Je ne puis dire ce qu’ont été mes sources. J’aime la nature dans ses formes ; je l’aime dans le plus petit brin d’herbe, l’humble fleur, l’arbre, les terrains et les roches, jusqu’aux majestueuses cimes des monts. Toutes choses pour leur caractère en soi, plus que des ensembles. Je tressaille aussi profondément au mystère qui se dégage des solitudes. A soi-même p.104.

Il nous faut compter avec le monde invisible, mouvant et palpant qui nous entoure, et nous ploie au-dedans sous les pressions encore obscures et inexpliquées du dehors. A soi-même p. 128.

La grande affaire est de trouver la joie en soi. L’art sera là et sera toujours là : il n’y a qu’en faire avec de l’or et de la boue. Je ne connais pas d’autre philosophie. Lettre à Emile Bernard p.147.

Sur Odilon Redon, propos d'écrivains et d'artistes

Paul GAUGUIN :
Mon cher Redon…Vous n’êtes pas poète à demi mais en tout…
Lettre de Gauguin.à Redon citée par Roseline Bacou, Unité de l’œuvre d’Odilon Redon. p. 134

Pierre BONNARD :
J’ai la plus grande admiration pour Odilon Redon. Ce qui me frappe le plus dans son œuvre, c’est la réunion de deux qualités presque opposées : la matière plastique très pure et l’expression très mystérieuse. L’homme est rempli de bienveillance et de compréhension. Toute notre génération subit son charme et reçoit ses conseils. Puisque vous recueillez des hommages à son talent et à son influence, je vous envoie le mien de tout cœur. La vie, 1912, p. 129.

Maurice DENIS :
Odilon Redon a été un des maîtres et une des amitiés de ma jeunesse. Très cultivé, très musicien, accueillant et bon, à la fois « l’honnête homme » d’autrefois et « l’amoureux d’art » de naguère, il était l’idéal de la jeune génération symboliste, - notre Mallarmé. Avant l’influence de Cézanne, à travers Gauguin et Bernard, c’est la pensée de Redon qui, par ses séries de lithographies et ses admirables fusains, détermina dans un sens spiritualiste l’évolution d’art de 1890. Il est à l’origine de toutes les révolutions du goût auxquelles nous avons depuis lors assisté.
Il en a prévu, il en a aimé même les excès.
La vie, 1912, p. 129.

André MELLERIO :
Vous me demandez ce que j’admire en Redon.
Avant tout : une originalité vraie et entière. […] L’artiste touche à d’intimes profondeurs de notre être. Ce n’est point sans justesse qu’il se réclame du Rêve, et que le mot revient sans cesse quand on parle ou qu’on écrit de lui. Or, le Rêve n’est-il point fait de suggestions involontaires, aussi d’aspirations latentes vers un but lumineux et imprécis qu’on appelle l’Idéal ?
[…] Redon eut aussi le pouvoir de faire vivre, si l’on peut dire, pour les yeux, ce frisson nouveau qu’exprimait avec des mots la littérature étrange d’un Edgar Poë, d’un Baudelaire, de Flaubert en sa tentation de Saint Antoine. La Vie, 1912, p. 132.

Paul SÉRUSIER :
Odilon Redon est la plus belle figure d’artiste que j’aie connue. Il ne m’appartient pas de parler de l’homme privé que j’ai toujours trouvé admirable. Quant à l’artiste, sa longue évolution a été normale et continue. Quand j’ai eu le bonheur de lui être présenté par Paul Gauguin, il était déjà l’auteur de ces belles suites de lithographies qui l’ont révélé au monde artiste. Elles sont devenues rares, jalousement gardées par les amateurs éclairés. La Vie, 1912, p. 133.

JULIEN GREEN :
« Chez Bernheim-Jeune, un pot de géranium d’Odilon-Redon. Les fleurs rouges et les larges feuilles dentelées sont peintes avec une extrême énergie sur un fond qui, par contraste, semble traité avec beaucoup de délicatesse, tout en gris et en bleus clairs, fondus ensembles par de petites touches en arc de cercle : cela crée une sorte de rayonnement autour de cette plante honnête et bourgeoise, qui devient un géranium de vision ». Journal, 21 janvier p 31, p 36.

COLETTE :
« Un bouquet d’Odilon Redon projette sur la toile une divagation de fleurs lancéolées, dorées, une manière de délire végétal qui fuse, atteint un ténébreux zénith et retourne en retombant à la forme d’un modeste petit coquelicot ». Comoedia, 19 décembre 1942

Liste des oeuvres exposées

Odilon Redon, bouquet rouge
TABLEAUX
Ari au col marin. 41,8 x 22,2. W 37. Paris, Musée d’Orsay.
Autoportrait. 29 x 22. W. 2. Collection privée.
Barques. 53 x 80. W 1911. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts.
Char d’Apollon. 100 x 80.W 856. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts.
L’Automne en Médoc. 33,5 x 41. W 1793. Paris, Musée d’Orsay à Bordeaux.
Christ à l’épine rouge. 50,5 x 42,5. W. 510. Collection privée.
Cruxifixion. 42 x 53,3. Collection privée.
La Coquille. 48 x 62. Collection privée.
La Fuite en Egypte. 46 x 38. W 50. Paris, Musée d’Orsay.
Medoc, l’Arbre. 33 x 41. W 1784. Paris, Musée d’Orsay.
La Mer à Morgat. 42,5 x 69. W 1862. Paris, Musée d’Orsay à Bordeaux.
Mère et enfant. 45 x 35. W. 465. Collection privée.
Le Pavot rouge. 27 x 19. W 1444. Paris, Musée d’Orsay.
Ophélie. 62 x 48. Collection privée.
Paysanne sur le chemin de Morgat. 27,5 x 35. Paris, Galerie Bérés.
Portrait d’Ari Redon au col marin . 41,8 x 22. W 37. Paris, Musée d’Orsay.
Portrait de Baronne de Domecy. 73 x 54. Collection privée.
Rochers en Bretagne. 24 x 31,2. Paris, Galerie Bérés.
Rue à Douardenez. 33,5 x 25,5. Paris, Musée d’Orsay.
Rue de Saint Georges à Didonne. 31,7 x 35,8. W 1833. Paris, Musée d’Orsay à Bordeaux
Sommeil de Caliban. 44 x 39. W 693. Paris, Musée d’Orsay
Tête d’homme. 62 x 20. W. 184. Collection privée.
Vase d’anémones. 73 x 55. W. 1568. Collection privée.
Le Vase turquoise. 82 x 60,5. W. 1535. Collection privée.

ARTS GRAPHIQUES
L’Ange déchu. fusain. 26 x 34. Coll. privée.
Apparition. fusain. 51 x 37. W. 639. Coll. privée.
L’Arbre nu. crayon. 31 x 24. W 1695. Paris, Musée du Louvre-Orsay
Arbre : le grand Chêne. crayon. 32 x 25,5.W 1735. Paris, Musée du Louvre-Orsay
Ari Redon à neuf ans. crayon et estompe. 37,5 x 26,1. W 38. Paris, Musée du Louvre-Orsay .
La Barque. aquarelle. 27 x 35,5. Coll. privée.
La Barque. pastel.
Béatrice. fusain. 42 x 37. W.144. Coll. privée.
Buste d’homme entouré de fleurs. crayon et aquarelle. 25,5 x 17,7. W 432. Paris, Musée du Louvre-Orsay
Buste de femme étendant les bras. aquarelle. 17,1 x 20,3. W 775. Paris, Petit Palais.
Le Cavalier. fusain. 26,5 x 21. W. 1038 Coll. privée.
Christ à l’épine rouge. Fusain et pastel. 50,5 x 42,5. W. 510 Coll. privée
Un Crâne dans le ciel. esquisse peinte. 62 x 52. Coll. Privée.
Dans la balance. fusain. 48 x 35. W.1143. Coll. privée.
Eclosion. Aquarelle. 17 x 20,3. W 775. Paris, Petit Palais.
Enfant allongé par terre. crayon. 26 x 19,4. Paris, Musée du Louvre-Orsay
Etude de centaure et de cheval. plume et lavis. 23,3 x 14,6. W.1253. Paris, Petit Palais.
Etude de fleur et papillons. aquarelle. 22,5 x 17 W. 1331. Paris, Petit Palais.
Etude pour Roger et Angélique. lavis d’encre de chine 28,5 x 22 ??25x 22. W 1280 ; Paris, Petit Palais.
Enfant allongé par terre. crayon. 26 x 19,4. W 94. Paris, Musée du Louvre-Orsay.
Les Fleurs du Mal de Baudelaire. encre. 33,5 x 15,5. Coll. Privée.
Le Fruit de la lande. fusain. 51 x 37. W.1189. Coll. privée.
Hommage à Léonard de Vinci. aquarelle. 21 x 20,5. W. 279. Coll. Privée.
L’Homme ailé. crayon. 34,5 x 24,5. Coll. Privée.
La Liseuse. pastel. 37 x 29. W. 195. Coll. Privée.
L’Oeil du Cyclope. fusain. 20 x 16,3. Coll. Privée.
Papillons et fleurs. aquarelle. 23 x 15. W. 1330. Paris, Petit Palais.
Paysage de montagnes dénudées. fusain. 43,1x 28,9. W. 595. Paris, Musée du Louvre-Orsay.
Portrait de Madame Redon. fusain. 32x 35,4.W.18. Paris, Musée du Louvre-Orsay..
Profil de lumière. fusain. 38,8 x 28,9. W 268. Paris, Musée du Louvre-Orsay.
Rodolphe Bresdin. crayon. 31 x 24,2. W 46. Musée du Louvre-Orsay.
La Sirène. fusain 51 x 37. W.1202. Coll. privée.
Têtes astrales. Fusain. 34,4 x 24,4. Paris, Galerie Bérés.
ESTAMPES
L’Aile. lithographie. 31,9 x 24,5. M 122. 1892. Paris, BnF
Au réveil, j’aperçus… lithographie. 27,6 x 21,7. M 59. Paris, INHA, Coll.Doucet.
L’Arbre. lithographie.1892. 48 x 32. M 120. Paris, INHA, Coll.Doucet
Bataille. eau-forte. M 5. Coll. privée
Béatrice. lithographie.33,5 x 29,5. M 168. 1897. Paris, INHA, Coll. Doucet
Brünnehilde. lithographie. 38 x 29,2. M 130. 1894. Coll. privée
La Fleur de marécage. lithographie. 27,5 x 20,5. M 55. 1895. Paris, INHA, Coll. Doucet.
Le Gué. Eau-forte. 13,5 x 18. M 2. Paris, Paris, BnF
Le Jour. lithographie. 21 x 13,8. M 115. 1891. Paris, BnF
Le Joueur. lithographie. 27 x 19,3. M 31. 1879. Paris, BnF
Le Liseur. lithographie.31 x 23,6. M 119. 1892. Paris, NHA, Coll. Doucet.
Lumière. lithographie. 39,2 x 27,2. M.133. 1886 Paris, INHA, Coll. Doucet
Lutte de cavaliers. eau-forte. 8,3 x 12. M 4. 1865. Coll. Privée.
La Mort. lithographie. 48 x 32. M 97. 1889. Paris, BnF.
La Nuit…je me suis enfermé. lithographie.30 x 22,5. M 142.1896. Paris, INHA, Coll. Doucet.
Pégase captif. lithographie. 34 x 29,3. M 102.1889. Paris, BnF
Perversité, eau-forte. 16 x 12,5. M 20.1891. Coll. privée
La Peur. eau-forte. 11,2 x 20. M 6. 1865. Coll. privée
Portrait de Vuillard. lithographie. 20 x 15,2.M 190. 1900. Paris, INHA, Coll. Doucet
Portrait de Bonnard. lithographie. 14,5 x 12,3. M 191. 1902.Paris, INHA, Coll. Doucet
Saint Antoine : il doit y avoir… lithographie. 20 x 13,4. M 98. 1889. Coll. privée
La Sulamite. lithographie. 24,5 x 19. M 167 1897. Paris, INHA, Coll. Doucet
Le Souffle. lithographie. 27,3 x 20,9. M 42 1882. Paris, INHA, Coll. Doucet
Tête d’enfant. lithographie. 1892. 25,1 x 21,3. M 169. Paris, INHA, Coll. Doucet
Les Yeux clos. lithographie. 31,2 x 24,2.1890. M 107. Paris, INHA, Coll. Doucet

+EDOUARD VUILLARD Portrait de Redon. 33 x 27,5. Collection privée.
+PIERRE BONNARD Portrait d’Ari Redon. x . Collection privée.

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pierre aimar
Mis en ligne le Jeudi 31 Janvier 2008 à 12:54 | Lu 3821 fois
pierre aimar
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