Un Bal masqué © S. Flament © Opéra de Monte-Carlo 2011
Bref, Verdi, c’est Verdi, et quoi qu’on en dise, on peut se laisser facilement tenter par une soirée d’un bon gros shoot au bel canto italien. Voilà un des opéras les plus variés et les plus séduisants du compositeur. Le dosage des styles s’y trouve particulièrement réussi, la cohérence dramatique ne souffrant pas des complications du Trovatore ou de la Forza… Les personnages présentent une certaine vraisemblance psychologiques, moins linéaires et moins monstrueux qu’ailleurs. La musique les caractérise de manière précise et se plie avec efficacité aux changements de style nécessités par la pluralité des genres.
Le propos est davantage centré sur l’attachement des personnages à des principes comme la fidélité, le devoir et l’honneur que sur le romanesque.
On sait que l’évènement politique à l’origine d’Un Bal masqué serait l’assassinat du roi de Suède Gustave III d’un coup de pistolet dans la salle de l’opéra royal de Stockholm. Mais l’époque (1859) était à la censure et le livret fut remanié de nombreuses fois. Pour ne contrarier personne, l’intrigue, digne déjà des studios de la RKO, avait été déplacée aux Etats-Unis.
Voyez un peu : le gouverneur Riccardo Warwick / Gustave III est platoniquement amoureux d’Amélia, la femme de son meilleur ami Renato / Anckarström.
Renato donc (non, pas celui de La Cage aux folles… même si les ragots d’époque prêtent à Gustave des penchants très gay-friendly pour la gent militaire et ancillaire !) surprend une nuit de pleine lune son Amélia (venue soit disant cueillir un bromure botanique, pour qui connaît les effets de la magique mandragore) avec son meilleur ami.
Shocking ! Il pense immédiatement qu’il y a de l’eau dans le gaz au niveau de son propre ménage et décide illico-presto de s’associer à des conspirateurs et se venger en zigouillant le monarque lors d’un bal masqué... Alors qu’il n’y a même pas eu d’échos dans la presse people !!!
Avec un complot politique, une sorcière d’opérette, un peu de légèreté et une pincée d’humour dans quelques scènes, bref, une tragédie comme on n’en fait plus. Au Théâtre ce soir nous avait habitué à pire…
Bal tragique au Palais du Prince
Trois fois hélas ce Bal masqué n’a rien d’une partie de plaisir. Telle une soirée dans un club sado-maso ou une secte apocalyptique, ce serait plutôt Bal tragique au Palais du Prince... qui lui doit savoir chanter certes mais surtout bien mourir. En effet, son agonie dure plus de 100 mesures. Le mourant se relève deux fois au moins pour pardonner à son assassin et pour dicter ses dernières volontés à ses conseillers. Dans de pareilles conditions, on peut dire que le ténor doit bien se tirer d’affaires. Et là, reconnaissons que Massimiliano Pisapia a fait une impression favorable : belle, grande voix bien placée, sonore, brillante, juvénile presque, avec en prime une sorte d’aura héroïque...
Violetta Urmana, Amélia, impressionne. Sa palette de jeu aussi. La ménagère de moins de 50 ans saisie par le démon de midi qu’elle incarne passe par tous les états de la femme amoureuse et coupable de nobles sentiments. Vocalement, la diva se défonce, se permet des nuances délicates, savoureuses au possible, spécialement dans l’aigu, son registre le plus étonnant et le plus séduisant.
Son mari à la scène, Ludovic Tézier, possède la grandeur vocale et tragique qui convient à celle d’un jaloux blessé. Ce baryton d’airain a tout pour lui : classe folle, chic, élégance suprême qui curieusement le rapprochent d’un autre grand titulaire hexagonal : Ernest Blanc.
Si la vivacité reste la plus belle qualité de la jeune soprano Alessandra Marianelli (Oscar, sorte de fou du roi bien élevé tout d’espièglerie), le rôle de la voyante/sorcière du Siècle des lumières va on ne peut mieux à Elisabetta Fiorillo qui l’incarne avec justesse et force.
Au pupitre, Daniele Gallegari fit preuve d’une belle unité stylistique et apporta une jolie illustration sonore aux tableaux vivants voulus par Jean-Claude Auvray dans une production qui se bonifie avec le temps et situe le livret dans la version d’origine. Seconds rôles et chœurs simplement parfaits.
Christian Colombeau
Le propos est davantage centré sur l’attachement des personnages à des principes comme la fidélité, le devoir et l’honneur que sur le romanesque.
On sait que l’évènement politique à l’origine d’Un Bal masqué serait l’assassinat du roi de Suède Gustave III d’un coup de pistolet dans la salle de l’opéra royal de Stockholm. Mais l’époque (1859) était à la censure et le livret fut remanié de nombreuses fois. Pour ne contrarier personne, l’intrigue, digne déjà des studios de la RKO, avait été déplacée aux Etats-Unis.
Voyez un peu : le gouverneur Riccardo Warwick / Gustave III est platoniquement amoureux d’Amélia, la femme de son meilleur ami Renato / Anckarström.
Renato donc (non, pas celui de La Cage aux folles… même si les ragots d’époque prêtent à Gustave des penchants très gay-friendly pour la gent militaire et ancillaire !) surprend une nuit de pleine lune son Amélia (venue soit disant cueillir un bromure botanique, pour qui connaît les effets de la magique mandragore) avec son meilleur ami.
Shocking ! Il pense immédiatement qu’il y a de l’eau dans le gaz au niveau de son propre ménage et décide illico-presto de s’associer à des conspirateurs et se venger en zigouillant le monarque lors d’un bal masqué... Alors qu’il n’y a même pas eu d’échos dans la presse people !!!
Avec un complot politique, une sorcière d’opérette, un peu de légèreté et une pincée d’humour dans quelques scènes, bref, une tragédie comme on n’en fait plus. Au Théâtre ce soir nous avait habitué à pire…
Bal tragique au Palais du Prince
Trois fois hélas ce Bal masqué n’a rien d’une partie de plaisir. Telle une soirée dans un club sado-maso ou une secte apocalyptique, ce serait plutôt Bal tragique au Palais du Prince... qui lui doit savoir chanter certes mais surtout bien mourir. En effet, son agonie dure plus de 100 mesures. Le mourant se relève deux fois au moins pour pardonner à son assassin et pour dicter ses dernières volontés à ses conseillers. Dans de pareilles conditions, on peut dire que le ténor doit bien se tirer d’affaires. Et là, reconnaissons que Massimiliano Pisapia a fait une impression favorable : belle, grande voix bien placée, sonore, brillante, juvénile presque, avec en prime une sorte d’aura héroïque...
Violetta Urmana, Amélia, impressionne. Sa palette de jeu aussi. La ménagère de moins de 50 ans saisie par le démon de midi qu’elle incarne passe par tous les états de la femme amoureuse et coupable de nobles sentiments. Vocalement, la diva se défonce, se permet des nuances délicates, savoureuses au possible, spécialement dans l’aigu, son registre le plus étonnant et le plus séduisant.
Son mari à la scène, Ludovic Tézier, possède la grandeur vocale et tragique qui convient à celle d’un jaloux blessé. Ce baryton d’airain a tout pour lui : classe folle, chic, élégance suprême qui curieusement le rapprochent d’un autre grand titulaire hexagonal : Ernest Blanc.
Si la vivacité reste la plus belle qualité de la jeune soprano Alessandra Marianelli (Oscar, sorte de fou du roi bien élevé tout d’espièglerie), le rôle de la voyante/sorcière du Siècle des lumières va on ne peut mieux à Elisabetta Fiorillo qui l’incarne avec justesse et force.
Au pupitre, Daniele Gallegari fit preuve d’une belle unité stylistique et apporta une jolie illustration sonore aux tableaux vivants voulus par Jean-Claude Auvray dans une production qui se bonifie avec le temps et situe le livret dans la version d’origine. Seconds rôles et chœurs simplement parfaits.
Christian Colombeau