La soirée débute avec Ici je me heurte à toi, une pièce chorégraphiée et interprétée par Marion Zurbach et Martin Harriague : devant un panneau rectangulaire composé de feuilles de papier roulées, et sur le leitmotiv de la Traviata de Verdi, la Femme et l'Homme, entrés en rampant, déchiffrent des pages blanches avec précaution, avant d'ébaucher un pas de deux qui ressemble vaguement à une valse. Enfin, ils secouent vivement leur panneau et se retirent lorsque toute la paperasse jonche le sol.
Avec Ciao Burattino, Angelo Vergari danse pendant dix minutes un solo digne de Maurice Béjart, en face du saxophoniste Alain Mayet. Masqué, tout de blanc vêtu, il incarne un pantin de Comedia dell'Arte qui lâche les cordes auxquelles il était attaché par les poignets, s'affole, jette le masque, s'immobilise, questionne son apparence, vibre dans un éblouissant tourbillon de pirouettes et d'entrechats avant de disparaître dans le brouhaha insupportable d'un univers de circulation urbaine.
Dans une pièce en deux parties d'une douzaine de minutes, The ball says et What if Ewa wouldn't have... Malgorzata Czajowska signe une chorégraphie cocasse inspirée par Merce Cunningham, ballet d'ombres où bras et jambes apparaissent et disparaissent derrière un énorme ballon blanc, tandis qu'une voix off de bègue profère quelques banalités. Ensuite, dans un solo où elle se métamorphose successivement en cygne, faune ou hydre, dans un savant port de bras sculpté par les lumières, elle accède à l'hystérie dans des contorsions et des hurlements surprenants.
Entre ces deux parties, Anton Zvir propose Noir et Blanc, une scène de dépit amoureux figurée par des portés agressifs et violents de sa partenaire Fanny Barrouquère, devant deux lutteuses (Valentina Pace et Katharina Christl) qui multiplient les gestes saccadés d'automates indifférents à la crise que traverse le couple.
Après l'entracte, la soirée se prolonge avec des pièces d'inspiration et de facture moins intéressantes:regards sur l'aliénation et l'infantilisme des shows télévisés japonais dans Neko-san Showcase de Martin Harriague, avec trois schoolgirls en costume marin, perruquées, bottées, qui s'exhibent au milieu de vingt-cinq poupées chattes "Hello Kitty"... Pas-de-deux fastidieux entre Marcos Marco et Noémie Ettlin qui se séparent et se rapprochent avec méfiance dans le style de Wim Vandekeybus (Ni in suenos)... Evolutions géométriques de corps penchés (deux garçons, trois filles), bras tendus vers le sol, sur une partition musicale qui mêle synthétiseur et piano, avec de belles performances de Valentina Pace et David Cahier dans les élévations et les arabesques (Back to the middle, de Gabor Halasz).
La soirée se termine avec le solo époustouflant de Nahimana Van den Bussche, Bloemstuk, faune chocolat qui s'enfarine, se photographie, téléphone avec un ananas en plastique, se deshabille, pirouette et se roule dans la farine, passant avec aisance de la Capoïera au Buto dans un tourbillon de figures déconcertant.
Au bout d'une heure trente, la plupart des spectateurs qui suivent attentivement l'évolution du BNM ont manifesté leur satisfaction devant ces créations de jeunes danseurs motivés par la volonté de proposer de nouvelles esthétiques dans une Danse adaptée à des problématiques contemporaines, et instituée sur des principes qui ont guidé les chorégraphes les plus inventifs de la fin du vingtième siècle.
Philippe Oualid
Avec Ciao Burattino, Angelo Vergari danse pendant dix minutes un solo digne de Maurice Béjart, en face du saxophoniste Alain Mayet. Masqué, tout de blanc vêtu, il incarne un pantin de Comedia dell'Arte qui lâche les cordes auxquelles il était attaché par les poignets, s'affole, jette le masque, s'immobilise, questionne son apparence, vibre dans un éblouissant tourbillon de pirouettes et d'entrechats avant de disparaître dans le brouhaha insupportable d'un univers de circulation urbaine.
Dans une pièce en deux parties d'une douzaine de minutes, The ball says et What if Ewa wouldn't have... Malgorzata Czajowska signe une chorégraphie cocasse inspirée par Merce Cunningham, ballet d'ombres où bras et jambes apparaissent et disparaissent derrière un énorme ballon blanc, tandis qu'une voix off de bègue profère quelques banalités. Ensuite, dans un solo où elle se métamorphose successivement en cygne, faune ou hydre, dans un savant port de bras sculpté par les lumières, elle accède à l'hystérie dans des contorsions et des hurlements surprenants.
Entre ces deux parties, Anton Zvir propose Noir et Blanc, une scène de dépit amoureux figurée par des portés agressifs et violents de sa partenaire Fanny Barrouquère, devant deux lutteuses (Valentina Pace et Katharina Christl) qui multiplient les gestes saccadés d'automates indifférents à la crise que traverse le couple.
Après l'entracte, la soirée se prolonge avec des pièces d'inspiration et de facture moins intéressantes:regards sur l'aliénation et l'infantilisme des shows télévisés japonais dans Neko-san Showcase de Martin Harriague, avec trois schoolgirls en costume marin, perruquées, bottées, qui s'exhibent au milieu de vingt-cinq poupées chattes "Hello Kitty"... Pas-de-deux fastidieux entre Marcos Marco et Noémie Ettlin qui se séparent et se rapprochent avec méfiance dans le style de Wim Vandekeybus (Ni in suenos)... Evolutions géométriques de corps penchés (deux garçons, trois filles), bras tendus vers le sol, sur une partition musicale qui mêle synthétiseur et piano, avec de belles performances de Valentina Pace et David Cahier dans les élévations et les arabesques (Back to the middle, de Gabor Halasz).
La soirée se termine avec le solo époustouflant de Nahimana Van den Bussche, Bloemstuk, faune chocolat qui s'enfarine, se photographie, téléphone avec un ananas en plastique, se deshabille, pirouette et se roule dans la farine, passant avec aisance de la Capoïera au Buto dans un tourbillon de figures déconcertant.
Au bout d'une heure trente, la plupart des spectateurs qui suivent attentivement l'évolution du BNM ont manifesté leur satisfaction devant ces créations de jeunes danseurs motivés par la volonté de proposer de nouvelles esthétiques dans une Danse adaptée à des problématiques contemporaines, et instituée sur des principes qui ont guidé les chorégraphes les plus inventifs de la fin du vingtième siècle.
Philippe Oualid