Paradoxalement la Grande Guerre, la première, a été bien vécue par Tillac. Réformé, il ne dessine que les hommes de l’arrière, ceux qui se préparent à affronter le feu plus tard. Son expérience américaine d’avant-guerre l’incite à illustrer la présence des militaires des États-Unis en Gironde avec sympathie. Ce sont les soldats d’outre Atlantique en goguette qui découvrent le vieux monde et ses habitants au travers du prisme de Bordeaux, une ville de la vieille Europe réputée pour ses monuments et son agrément de vie.
Toujours en 14-18, une expérience plus exotique l’amène à côtoyer les auxiliaires de l’armée française, tirailleurs d’Afrique cantonnés pour l’hiver en Gironde. La cruauté de la Grande Guerre n’apparaît pas dans le témoignage de Tillac qui se contente de croquer l’action quotidienne de soldats de l’arrière, l’ennemi demeurant très loin de ses préoccupations. Ce témoignage est en opposition totale avec ses dessins de l’occupation allemande de 1940 où l’artiste se complait à montrer l’horreur monstrueuse des tortures et des assassinats de masse. Il en rajoute à ce qu’il a pu connaître physiquement lors de la présence allemande à Cambo. En 1944, lors de la Libération, il traduit en images les horreurs que l’on découvre peu à peu : les camps et les exterminations, symbolisées pour lui par le massacre d’Oradour-sur-Glane.
La montée de la haine, Tillac l’a côtoyée lors de la guerre civile d’Espagne. Il montre les manifestations communistes et anarchistes. Il est présent en Hegoalde lors du soulèvement franquiste de 1936. Il voit les réfugiés républicains affluer en France. La Mort se dresse comme un squelette sur la péninsule, préfigurant le décès de la vieille Europe qui sombre dans la nuit nazie.
L’Entre-deux-guerres et la découverte du Pays Basque traditionnel rural et maritime, loin de la mondanité des stations balnéaires, est pour celui qui signe dorénavant ses œuvres « Pablo Tillac » un enchantement. Passionné par les petites gens et les travaux et traditions populaires, Tillac se fait ethnographe attentif d’un Pays Basque protégé de la modernité. Le Pays Basque, Nord et Sud, est alors vécu comme un havre de paix à l’abri des menaces nationalistes. Le surgissement des monuments aux morts de 14-18 dans chaque village des provinces de France ne semble pas l’émouvoir. L’industrialisation de Bilbao, la naissance du tourisme balnéaire et même le thermalisme qu’il découvre à Cambo ne sont pas pour lui des sujets d’étude.
Toujours en 14-18, une expérience plus exotique l’amène à côtoyer les auxiliaires de l’armée française, tirailleurs d’Afrique cantonnés pour l’hiver en Gironde. La cruauté de la Grande Guerre n’apparaît pas dans le témoignage de Tillac qui se contente de croquer l’action quotidienne de soldats de l’arrière, l’ennemi demeurant très loin de ses préoccupations. Ce témoignage est en opposition totale avec ses dessins de l’occupation allemande de 1940 où l’artiste se complait à montrer l’horreur monstrueuse des tortures et des assassinats de masse. Il en rajoute à ce qu’il a pu connaître physiquement lors de la présence allemande à Cambo. En 1944, lors de la Libération, il traduit en images les horreurs que l’on découvre peu à peu : les camps et les exterminations, symbolisées pour lui par le massacre d’Oradour-sur-Glane.
La montée de la haine, Tillac l’a côtoyée lors de la guerre civile d’Espagne. Il montre les manifestations communistes et anarchistes. Il est présent en Hegoalde lors du soulèvement franquiste de 1936. Il voit les réfugiés républicains affluer en France. La Mort se dresse comme un squelette sur la péninsule, préfigurant le décès de la vieille Europe qui sombre dans la nuit nazie.
L’Entre-deux-guerres et la découverte du Pays Basque traditionnel rural et maritime, loin de la mondanité des stations balnéaires, est pour celui qui signe dorénavant ses œuvres « Pablo Tillac » un enchantement. Passionné par les petites gens et les travaux et traditions populaires, Tillac se fait ethnographe attentif d’un Pays Basque protégé de la modernité. Le Pays Basque, Nord et Sud, est alors vécu comme un havre de paix à l’abri des menaces nationalistes. Le surgissement des monuments aux morts de 14-18 dans chaque village des provinces de France ne semble pas l’émouvoir. L’industrialisation de Bilbao, la naissance du tourisme balnéaire et même le thermalisme qu’il découvre à Cambo ne sont pas pour lui des sujets d’étude.
Une formation classique et une jeunesse aventureuse
Dès 1896, année de son baccalauréat obtenu à Niort, Jean-Paul Tillac expose deux dessins au Salon Poitevin des Arts. Il décroche une bourse pour suivre les cours de l’Ecole des Beaux-Arts à Paris. Issu d’un milieu littéraire, avec un père pétri « d’humanités », Jean-Paul s’imprègne du goût de ses maîtres aux Beaux-Arts pour l’antique et la préhistoire (avec Jean-Léon Gérome et Fernand Cormon), pour le trait précis (avec le graveur Charles Walter), pour les formes animales (avec Emmanuel Frémiet et Gustave Jacquet), pour la mise en page rigoureuse (avec Charles Fouqueray). Mais rien ne remplace le dessin sur le motif, et les animaux du Jardin des Plantes sont pour Tillac la meilleure école, comme il le confia à Charles Saunier. Diplômé des Beaux-Arts, graveur certifié, et primé dans cette discipline au Salon des Artistes Français de 1904, Jean-Paul Tillac hésite sur la voie à suivre. Les voyages sont pour lui une première réponse.
Après plusieurs séjours aux États-Unis, Jean-Paul Tillac maîtrisait parfaitement la langue anglaise. Les dates précises de ses passages en Amérique sont mal connues. Il semble qu’il y soit dès 1903 car il inscrit cette année-là sur des dessins situés à la Nouvelle-Orléans. L’année suivante 1904, le registre de police de Londres mentionne la présence de Tillac « French artist » dans la capitale britannique et dont au moins un dessin daté et situé « 1904 London » témoigne. Il est à nouveau aux États-Unis en 1906. Pierre Minvielle avait retrouvé sa fiche d’embarquement à Boulogne le 31 juillet 1909 à bord du paquebot néerlandais Rijndams qui le débarqua à New York le 10 août. Il y résidait toujours au 76 West Washington Place le 21 août 1909, comme le rapporte son livret militaire. Encore en 1909 une fiche de police rédigée à la Nouvelle-Orléans signale la présence dans cette ville de « John Paul Tillac, french Citizen ». Il dessine ses premiers Jazzmen noirs et de nombreux Indiens qui lui serviront de motifs pour de futures illustrations. On le sent fasciné par les rodéos et le mode de vie cowboy. Ses premiers biographes écrivent qu’il aurait séjourné dix-huit mois à New York, aurait voyagé en Louisiane et en Floride, puis aurait enseigné le dessin pendant quatre ans à Austin au Texas. Il est difficile de prouver une présence aussi longue aux États-Unis quand on liste plusieurs voyages en aller et retour, avec des escales à Cuba en 1909 et 1910 au moins. Il semble qu’il soit retourné à Cuba puisqu’il signe en juin 1912 un dessin « Subir las Olas. Vuelta de Cuba ». Il y fit de vrais séjours au vu des nombreux dessins situés à La Havane.
En plus de l’anglais, Tillac s’exprimait très bien en espagnol qu’il pratiqua à partir de 1910, grâce à des séjours réguliers en Espagne, à Barcelone, Bilbao, Tolède et Madrid où le trouva la mobilisation générale du 1er août 1914.
Après plusieurs séjours aux États-Unis, Jean-Paul Tillac maîtrisait parfaitement la langue anglaise. Les dates précises de ses passages en Amérique sont mal connues. Il semble qu’il y soit dès 1903 car il inscrit cette année-là sur des dessins situés à la Nouvelle-Orléans. L’année suivante 1904, le registre de police de Londres mentionne la présence de Tillac « French artist » dans la capitale britannique et dont au moins un dessin daté et situé « 1904 London » témoigne. Il est à nouveau aux États-Unis en 1906. Pierre Minvielle avait retrouvé sa fiche d’embarquement à Boulogne le 31 juillet 1909 à bord du paquebot néerlandais Rijndams qui le débarqua à New York le 10 août. Il y résidait toujours au 76 West Washington Place le 21 août 1909, comme le rapporte son livret militaire. Encore en 1909 une fiche de police rédigée à la Nouvelle-Orléans signale la présence dans cette ville de « John Paul Tillac, french Citizen ». Il dessine ses premiers Jazzmen noirs et de nombreux Indiens qui lui serviront de motifs pour de futures illustrations. On le sent fasciné par les rodéos et le mode de vie cowboy. Ses premiers biographes écrivent qu’il aurait séjourné dix-huit mois à New York, aurait voyagé en Louisiane et en Floride, puis aurait enseigné le dessin pendant quatre ans à Austin au Texas. Il est difficile de prouver une présence aussi longue aux États-Unis quand on liste plusieurs voyages en aller et retour, avec des escales à Cuba en 1909 et 1910 au moins. Il semble qu’il soit retourné à Cuba puisqu’il signe en juin 1912 un dessin « Subir las Olas. Vuelta de Cuba ». Il y fit de vrais séjours au vu des nombreux dessins situés à La Havane.
En plus de l’anglais, Tillac s’exprimait très bien en espagnol qu’il pratiqua à partir de 1910, grâce à des séjours réguliers en Espagne, à Barcelone, Bilbao, Tolède et Madrid où le trouva la mobilisation générale du 1er août 1914.
A défaut d’une mission aux armées, dessiner les tirailleurs
Les commissions de révision de la Gironde maintiennent l’état de réformé de Tillac en 1914 et 1917 pour raison de santé. Mais nous ignorons encore quel sort « administratif » fut réservé à l’artiste loin du front. Son nom n’apparaît pas dans la liste des artistes réquisitionnés pour peindre la guerre dans le cadre des missions aux armées. Cependant nous constatons sa fréquentation assidue des militaires dont il crayonne les visages et les attitudes dans de très nombreux carnets pendant toute la durée du conflit mondial. Il dessine les Russes cantonnés en Gironde dans quelques rares feuilles. Mais ce sont surtout les Tirailleurs issus du Maghreb qui retiennent son attention dans des centaines de croquis. Ensuite ce sont les Américains débarqués à Bordeaux en 1917. Son rôle auprès de l’armée U.S. est compréhensible vu ses talents d’interprète. Mais les dessins qu’il réalise des Algériens, Marocains et Tunisiens ne sont pas localisés même s’ils sont bien datés. S’il les peignait en Gironde, serait-ce au camp d’hivernage près de La Teste, à Le Courneau, de sinistre mémoire ? Mais si ce camp enfermait bien des milliers de tirailleurs musulmans, c’étaient des Sénégalais pour l’essentiel qui l’occupaient ; or Tillac ne semble pas avoir dessiné en nombre des tirailleurs noirs. On a cité des camps à Châteauroux et ailleurs. Mais aujourd’hui nous n’avons pas de preuves du lieu où Tillac réalisait ses dessins de tirailleurs maghrébins. Nous pouvons seulement montrer qu’en 1917 et 1918, il dessinait à la fois des Américains en Gironde et des Tirailleurs de l’armée d’Afrique. Depuis 1914, Bordeaux et Bayonne accueillaient des milliers d'étrangers (Italiens, Polonais, Tchèques, Suisses, Espagnols, Luxembourgeois, Russes, etc.) qui s'engageaient dans la Légion étrangère pour la durée de la guerre. A part les Russes, alliés officiels jusqu’en 1917, il n’y a pas de soldats d’autres nationalités (hors « indigènes » des colonies) dans les premiers dessins de guerre de Tillac. Il n’aurait pas hésité à montrer une telle diversité de population s’il y avait été autorisé. Son reportage sur l’armée américaine à Bordeaux montre son goût prononcé pour les éléments les plus variés du melting-pot.
L'uniforme des tirailleurs dit « à l'orientale » excite la curiosité de Tillac. Il remonte à la création des premiers régiments vers 1840. Cet uniforme, quasiment identique à celui des zouaves et des spahis, hormis dans le choix des couleurs comprend une coiffure la chéchia ou le chèche ; une veste de couleur bleue avec de des parements jaunes, portée sur une sédria (gilet sans manches) ; une ceinture de laine rouge ; le séroual, un pantalon bleu ou blanc, ample avec de nombreux plis. Tillac dessinait déjà des tirailleurs avant la guerre, à Paris ou pendant ses formations militaires. Les troupes indigènes, dont les fanions et les uniformes portaient, brodé, un croissant, emblème repris sur leur casque modèle 1915, étaient formées de tirailleurs, de spahis et de méharistes. À la veille de la guerre, il existait sept régiments de tirailleurs algériens, deux régiments tunisiens, cinq régiments spahis (quatre algériens, un tunisien), plusieurs compagnies de méharistes et, au Maroc, des unités alors auxiliaires : les goums groupés en tabors. L'ensemble de ces formations constituaient avec les autres unités (zouaves, chasseurs d'Afrique, légionnaires) le 19ème corps d'armée appelé "armée d'Afrique", dont le Q.G. se situait à Alger. Leur nombre augmenta considérablement après les premières hécatombes de 1914.
L'uniforme des tirailleurs dit « à l'orientale » excite la curiosité de Tillac. Il remonte à la création des premiers régiments vers 1840. Cet uniforme, quasiment identique à celui des zouaves et des spahis, hormis dans le choix des couleurs comprend une coiffure la chéchia ou le chèche ; une veste de couleur bleue avec de des parements jaunes, portée sur une sédria (gilet sans manches) ; une ceinture de laine rouge ; le séroual, un pantalon bleu ou blanc, ample avec de nombreux plis. Tillac dessinait déjà des tirailleurs avant la guerre, à Paris ou pendant ses formations militaires. Les troupes indigènes, dont les fanions et les uniformes portaient, brodé, un croissant, emblème repris sur leur casque modèle 1915, étaient formées de tirailleurs, de spahis et de méharistes. À la veille de la guerre, il existait sept régiments de tirailleurs algériens, deux régiments tunisiens, cinq régiments spahis (quatre algériens, un tunisien), plusieurs compagnies de méharistes et, au Maroc, des unités alors auxiliaires : les goums groupés en tabors. L'ensemble de ces formations constituaient avec les autres unités (zouaves, chasseurs d'Afrique, légionnaires) le 19ème corps d'armée appelé "armée d'Afrique", dont le Q.G. se situait à Alger. Leur nombre augmenta considérablement après les premières hécatombes de 1914.
Pratique
Musée Basque
37 quai des Corsaires – Bayonne
+33 (0)5 59 59 08 98 / [contact@musee-basque]mail:contact@musee-basque
musee-basque.com
Horaires
Jusqu’au 31 mars : 10h30 à 18h, sauf les lundis, 25 décembre et 1er janvier Avril à septembre : 10h à 18h30, ouvert tous les jours sauf les lundis et 1er mai.
Juillet-Août : 10h à 18h30 tous les jours (de 18h30 à 20h30 en gratuité les jeudis)
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Juillet-Août : 10h à 18h30 tous les jours (de 18h30 à 20h30 en gratuité les jeudis)