Bernard Buffet, le graveur 1928-1999, Musée Yves Brayer, Les Baux-de-Provence, du

Les Baux-de-Provence, « un éperon dénudé- 900 mètres de long sur 200 de large- qui se détache des Alpilles, bordé de deux ravins à pic, un château fort détruit et des vieilles maisons mortes dressées sur ce roc aride. » ( Guide Vert 1993) Oui, c’est bien ça, les Baux.
Mais c’est aussi un village qui s’enroule à son rocher et domine de vastes étendues, paysage minéral, blocs tombés et comme déchiquetés, cavernes, un peu comme l’Enfer de ce Val étroit, et puis des cultures et des plaines qui se perdent au loin : on espère la mer …


Et c’est aussi de petites rues très animées, des visiteurs en tous sens et des boutiques, colorées, parfumées souvent, et regorgeant de poteries et d’étalages divers. Tout en haut, une placette qui domine tous les lieux, une chapelle célèbre, celle des Pénitents Blancs décorée par Yves Brayer de scènes pastorales nichées dans les paysages des Alpilles et un musée qui l’est tout autant dans un vieil hôtel particulier, celui des Porcelet : le musée Yves Brayer. Le peintre est ici chez lui dans ces paysages qu’il a tant peint, dans ces rochers qui semblent devenus les siens

Bernard Buffet, graveur, un visiteur bienvenu au musée Brayer
Et Bernard Buffet, peintre, aquarelliste, et graveur… et ami, y est le bienvenu... « Accueillir aux Baux-de-Provence des œuvres de Bernard Buffet est pour moi l’occasion de me remémorer une amitié. Lorsque qu’avec Annabel, il se rendait en voiture à Saint-Tropez, il s’arrêtait souvent pour déjeuner aux Baux. …Ainsi, il connaissait le village et le site des Baux et c’est avec émotion que, moi son ainée, j’écris ces quelques lignes en témoignage de souvenirs et d’affection. » Hermione Brayer

Bernard Buffet, souvenez-vous des visages décharnés, des traits acérés, des êtres sombres et très ciselés qui portaient en eux une inquiétude tout droit venue de la seconde guerre mondiale : « elle avait en effet produit une irréversible cassure de la scène artistique où rien ne pouvait plus être comme avant. Cependant, ce que Bernard Buffet apportait, imposait, c’était une solution de peintre, pas un discours d’idéologue.»
Le peintre précoce et le jeune homme timide a en effet été marqué par la violence et les drames qui ont poursuivi sa jeunesse. Il a vite pris une importante place parmi les peintres figuratifs du XXe siècle, au travers d’une écriture de mante religieuse comme la qualifiait Cocteau, marquant ainsi son temps de ses œuvres douloureuses et si parlantes.
Il avait épousé une certaine Annabel, amour intense, qui a vite partagé avec lui sa vie et sa célébrité servant souvent de modèle.

Trois séries de gravures très célèbres
L’exposition au Musée Brayer propose trois séries de gravures , rarement montrées, accompagnées de textes et qui sont les plus célèbres de son œuvre.
La Voix Humaine de Jean Cocteau date de 1957 et comporte, portant l’écriture anguleuse de Buffet, 28 grandes planches animées de plus de textes que de dessins, dans ce graphisme aigu si caractéristique de l ‘artiste. Elles évoquent la conversation téléphonique d’un couple : la femme souffre de l’attente et de l’éloignement. Et pour faire durer ces instants sauvés du vide et du silence, parle de tout, des gants oubliés, du chien à garder, traduisant ardemment la souffrance de la solitude : « J’ai ta voix autour de mon cou… »

La seconde série traite de l’Enfer de Dante (1976) en 11 triples planches spectaculaires. Y a-t-il là allusion au Val d’Enfer des Baux que Buffet connaissait bien ?
Les vers superbes de cet enfer imaginé par Dante ont largement inspiré peintres et graveurs. Buffet choisit dans ces planches un grand dépouillement pour de grandes huiles tragiques et sobres qui disent l’angoisse et la souffrance de ces damnés en douleur.

Et enfin la série Jeux de Dames rassemble des poèmes de Baudelaire, Rimbaud et Verlaine, dont les vers, par leur rythme et leur beauté ne pouvaient que séduire l’artiste.
Série de 10 triples planches : elle met en scène des femmes en silhouettes noires devant le même décor de tapisserie rayée de noir créant un trait d’union à cette suite de personnages.
Le noir ne l’oublions pas, est le premier et primordial outil d’expression de Bernard Buffet ; il a fondé sur cette couleur le plus expressif de son œuvre, et lui livre la force et l’expressivité de sa peinture.
Jacqueline Aimar
Tout l’été et jusqu’au 27 septembre

Pratique

Hôtel des Porcelet
Les Baux de Provence (Bouches du Rhône)
tél : 04 90 54 36 99
www.yvesbrayer.com/

TARIFS:
Adultes 5.00 € par personne
Groupes 3.00 € par personne
Moins de 18 ans Gratuit

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 15 Juin 2012 à 13:43 | Lu 619 fois
Pierre Aimar
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