Devise du couple Durant, présente sur la page de titre de certaines de leurs éditions
Elle fait ses débuts dans le monde de l'imprimerie à travers son premier mariage avec le libraire bourguignon Jean Durant (15...-1588), propriétaire d'une boutique à Lyon, qu’elle remplace régulièrement lorsqu’il est en déplacement pour affaires. Son mari rencontre des difficultés au début de sa carrière, étant accusé à plusieurs reprises d'avoir vendu des livres mal imprimés.
Le couple, huguenot, se réfugie à Genève en 1550 et Jean Durant est admis habitant de Genève en 1553 et bourgeois en 1556. Les Durant installent leur librairie Place de la Madeleine et développent leurs éditions à Genève sous la devise « De telle mesure que vous mesurerez, il vous sera mesuré, Luc 6 ».
En 1588, Jean Durant meurt et Michelle Nicod prend la tête de la librairie. Dans un premier temps, elle signe en tant que veuve de Jean Durant, puis à partir de 1593 majoritairement de son propre nom:/doi.org/10.3931/e-rara-6756, un acte inhabituel à l’époque. En effet, Michelle Nicod fait partie des rares imprimeuses-libraires dirigeant librement et indépendamment, ou presque, leur commerce. Son second époux, le notaire Olivier Dagonneau, ne prend pas part à ses affaires, hormis pour la signature des contrats, les femmes étant à l'époque totalement soumises à l'autorité maritale et privées de personnalité juridique.
Michelle Nicod, au fil des années, développe considérablement son entreprise. Elle devient à la fois imprimeuse et libraire, s'occupant des livres de leur fabrication à leur commercialisation. En plus de sa librairie à Genève, dans laquelle elle fait installer un atelier de reliure, elle ouvre des succursales à Lausanne et à Neuchâtel. Michelle Nicod participe également aux célèbres foires de Francfort et y vend des livres non reliés, autrement appelés «livres en blanc».
La libraire s'impose dans le monde de l'imprimerie genevoise. Elle effectue, par exemple, de nombreux échanges commerciaux avec l'imprimeur huguenot Pyramus de Candolle (1566-1626), réfugié à Genève et admis à la bourgeoisie en 1594. Toutefois, elle est également au cœur de polémiques judiciaires. En 1597, elle porte plainte contre le docteur en droit Pierre d'Airebaudouze (1557-1627) pour «impression illicite des Semaines de Du Bartas». En 1600, c'est l'imprimeur Gabriel Cartier (1542-1618) qui la poursuit pour avoir «imprimé sur du mauvais papier» Les Ordonnances de la cité de Genève. Sa vie privée est aussi au cœur de scandales. En 1598, la Compagnie des pasteurs intervient pour apaiser le conflit avec sa fille Déborah Durant, qu'elle déshérite en 1609.
Michelle Nicod travaille jusqu'à la fin de sa vie, devant rembourser de nombreuses dettes à l'hôpital pour séjour impayé. Elle meurt à son domicile, place de la Madeleine, à l'âge de 99 ans, le 3 janvier 1618.
Le couple, huguenot, se réfugie à Genève en 1550 et Jean Durant est admis habitant de Genève en 1553 et bourgeois en 1556. Les Durant installent leur librairie Place de la Madeleine et développent leurs éditions à Genève sous la devise « De telle mesure que vous mesurerez, il vous sera mesuré, Luc 6 ».
En 1588, Jean Durant meurt et Michelle Nicod prend la tête de la librairie. Dans un premier temps, elle signe en tant que veuve de Jean Durant, puis à partir de 1593 majoritairement de son propre nom:/doi.org/10.3931/e-rara-6756, un acte inhabituel à l’époque. En effet, Michelle Nicod fait partie des rares imprimeuses-libraires dirigeant librement et indépendamment, ou presque, leur commerce. Son second époux, le notaire Olivier Dagonneau, ne prend pas part à ses affaires, hormis pour la signature des contrats, les femmes étant à l'époque totalement soumises à l'autorité maritale et privées de personnalité juridique.
Michelle Nicod, au fil des années, développe considérablement son entreprise. Elle devient à la fois imprimeuse et libraire, s'occupant des livres de leur fabrication à leur commercialisation. En plus de sa librairie à Genève, dans laquelle elle fait installer un atelier de reliure, elle ouvre des succursales à Lausanne et à Neuchâtel. Michelle Nicod participe également aux célèbres foires de Francfort et y vend des livres non reliés, autrement appelés «livres en blanc».
La libraire s'impose dans le monde de l'imprimerie genevoise. Elle effectue, par exemple, de nombreux échanges commerciaux avec l'imprimeur huguenot Pyramus de Candolle (1566-1626), réfugié à Genève et admis à la bourgeoisie en 1594. Toutefois, elle est également au cœur de polémiques judiciaires. En 1597, elle porte plainte contre le docteur en droit Pierre d'Airebaudouze (1557-1627) pour «impression illicite des Semaines de Du Bartas». En 1600, c'est l'imprimeur Gabriel Cartier (1542-1618) qui la poursuit pour avoir «imprimé sur du mauvais papier» Les Ordonnances de la cité de Genève. Sa vie privée est aussi au cœur de scandales. En 1598, la Compagnie des pasteurs intervient pour apaiser le conflit avec sa fille Déborah Durant, qu'elle déshérite en 1609.
Michelle Nicod travaille jusqu'à la fin de sa vie, devant rembourser de nombreuses dettes à l'hôpital pour séjour impayé. Elle meurt à son domicile, place de la Madeleine, à l'âge de 99 ans, le 3 janvier 1618.
Les éditions de Michelle Nicod
Bien intégrée dans la société genevoise, Michelle Nicod, doyenne des imprimeurs, devient imprimeuse officielle de la République en 1599 et publie une série d’ordonnances en 1600, 1609 et 1617. Insérée dans la vie protestante genevoise, elle produit des livres religieux tels que Les Psaumes de David en 1593 et des ouvrages plus officiels tels que Les Ordonnances ecclésiastiques de l’Eglise de Genève en 1609.
La production de Michelle Nicod s’inscrit dans le courant humaniste. On y trouve des rééditions d’auteurs antiques tels que Cicéron en 1592 ou Ovide en 1594. Elle édite des ouvrages du théologien Mathurin Cordier (1479-1564), professeur à l’Académie de Lausanne puis Genève, dont Calvin fut l’élève, comme par exemple Les Colloques de Mathurin Cordier, en latin et en françois en 1598, qu’elle publie à nouveau en 1613.
L’œuvre imprimée de Nicod se centre également sur la littérature et notamment sur les œuvres du poète protestant français Guillaume Du Bartas (1544-1590). Elle fait imprimer en 1588 La Sepmaine ou Création du monde et en 1601 La Seconde Sepmaine.
Loréna Bonaqué
La production de Michelle Nicod s’inscrit dans le courant humaniste. On y trouve des rééditions d’auteurs antiques tels que Cicéron en 1592 ou Ovide en 1594. Elle édite des ouvrages du théologien Mathurin Cordier (1479-1564), professeur à l’Académie de Lausanne puis Genève, dont Calvin fut l’élève, comme par exemple Les Colloques de Mathurin Cordier, en latin et en françois en 1598, qu’elle publie à nouveau en 1613.
L’œuvre imprimée de Nicod se centre également sur la littérature et notamment sur les œuvres du poète protestant français Guillaume Du Bartas (1544-1590). Elle fait imprimer en 1588 La Sepmaine ou Création du monde et en 1601 La Seconde Sepmaine.
Loréna Bonaqué