Bizet cependant arrive à transcender un livret des plus insignifiants, hausse le ton et le texte fade, des plus puérils, des compères Cormon et Carré, donne des ailes au chant de l’amour de Leila et Nadir, exalte de belle manière l’amitié de Nadir et Zurga, et se révèlent ça et là, déjà, les accents les plus déchirants de la Carmen à venir…
La coproduction des théâtres d’Avignon-Tours-Angers, signée Nadine Duffaut, essaie de restituer la version originale de 1863, regorge d’exotisme coloré forcément de pacotille dans des décors et costumes pas toujours heureux.
Avec une chorégraphie un rien envahissante mais de bon aloi et des chœurs pas toujours dans la portée, il fallait vraiment croire en Brahma pour entrer dans ce drame de la fatalité…
Hélas aussi, vocalement le spectateur n’était pas toujours à la Fête…
Le rôle de Léîla n’a rien d’aisé, ses vocalises sont périlleuses. Le timbre diaphane, acide parfois et mal assuré de la soprano Kimy McLaren essaie en vain de nous rendre la candeur d’un personnage, assumant un minimum syndical indigne de la scène toulonnaise.
Mais sa prestation n’est rien à côté de celle de son Nadir, le calamiteux américain Jesus Garcia.
Une plaisanterie que ce ténor ? Rien, zéro, le vide absolu en voix, timbre, musicalité, puissance.
Une quasi injure à Bizet. Au chant. Le physique du rôle. C’est tout. C’est peu. Rideau.
Par bonheur les clefs de fa rehaussaient le niveau de la soirée. Wojtek Smilek, déguisé en Roi Mage emplumé, ne fait qu’une bouchée du rôle épisodique et sacrifié de Nourabad.
Encore une fois c’est Zurga qui remporte la palme et sauve une bien discutable soirée.
Remercions Jean-François Lapointe pour son métier (il lui en faut une sacrée dose). Une puissance de jeu peu commune, une conviction rare, une voix noble, expressive, large, sans défauts, des accents inouïs de vérité, de pathos, et une musicalité sans faille… Parfait, simplement parfait. Idéal. Grandiose. Immense. Une prise de rôle réussie. A l’applaudimètre un beau succès personnel.
Bravo aussi à Claude Schnitzler qui dirige son monde avec conviction, énergie, faisant ressortir les détails délicieux, savoureux, d’une orchestration qui souligne les richesses d’une harmonie déjà en liberté.
Christian Colombeau
1er février 2009
La coproduction des théâtres d’Avignon-Tours-Angers, signée Nadine Duffaut, essaie de restituer la version originale de 1863, regorge d’exotisme coloré forcément de pacotille dans des décors et costumes pas toujours heureux.
Avec une chorégraphie un rien envahissante mais de bon aloi et des chœurs pas toujours dans la portée, il fallait vraiment croire en Brahma pour entrer dans ce drame de la fatalité…
Hélas aussi, vocalement le spectateur n’était pas toujours à la Fête…
Le rôle de Léîla n’a rien d’aisé, ses vocalises sont périlleuses. Le timbre diaphane, acide parfois et mal assuré de la soprano Kimy McLaren essaie en vain de nous rendre la candeur d’un personnage, assumant un minimum syndical indigne de la scène toulonnaise.
Mais sa prestation n’est rien à côté de celle de son Nadir, le calamiteux américain Jesus Garcia.
Une plaisanterie que ce ténor ? Rien, zéro, le vide absolu en voix, timbre, musicalité, puissance.
Une quasi injure à Bizet. Au chant. Le physique du rôle. C’est tout. C’est peu. Rideau.
Par bonheur les clefs de fa rehaussaient le niveau de la soirée. Wojtek Smilek, déguisé en Roi Mage emplumé, ne fait qu’une bouchée du rôle épisodique et sacrifié de Nourabad.
Encore une fois c’est Zurga qui remporte la palme et sauve une bien discutable soirée.
Remercions Jean-François Lapointe pour son métier (il lui en faut une sacrée dose). Une puissance de jeu peu commune, une conviction rare, une voix noble, expressive, large, sans défauts, des accents inouïs de vérité, de pathos, et une musicalité sans faille… Parfait, simplement parfait. Idéal. Grandiose. Immense. Une prise de rôle réussie. A l’applaudimètre un beau succès personnel.
Bravo aussi à Claude Schnitzler qui dirige son monde avec conviction, énergie, faisant ressortir les détails délicieux, savoureux, d’une orchestration qui souligne les richesses d’une harmonie déjà en liberté.
Christian Colombeau
1er février 2009