Béatrice Uria-Monzon © Pierre Aimar 2010
La sérénité des grands moments musicaux
« Toujours conçue comme une invitation au voyage et à la découverte, cette nouvelle édition dévoilera des styles nouveaux jamais exploités à Sylvanès et mettra à l’honneur, les grandes œuvres de la musique sacrée ».
Au programme de ce concert, le Chant du Destin de Johannes Brahms, Wesendonck Lieder de Richard Wagner et La Missa Sacra de Robert Schumann
Brahms d'abord et le Chant du Destin, composé sur un poème de Hölderlin en 1871 et fait partie des grandes œuvres pour chant choral et orchestre. N'oublions pas que Brahms a travaillé pour et avec des chœurs de femmes et qu'il aime à la fois les grands thèmes - le destin et la mort - et l'expression par le chant choral.
Notons le bel apaisement de l'orchestre avant l'attaque soutenue par tes timbales en rythme grave et assourdi, un peu inquiétant. Admirable début en forme de long prélude chantant ; Brahms nous offre là une musique fervente tour à tour tendre et violente, parfois désespérée, déjà presque wagnérienne par l'emploi des rythmes sourds et longuement martelés. Cela forme une grave pulsation, comme un hymne au cœur qui bat et qui aime.
Brahms, héritier en cela de Beethoven nous a offert cette première œuvre profonde et grave qui donne un sens à la sérénité recherchée, sérénité de la musique sacrée, profonde, par laquelle l'homme tente de trouver un sens à sa vie.
Au programme de ce concert, le Chant du Destin de Johannes Brahms, Wesendonck Lieder de Richard Wagner et La Missa Sacra de Robert Schumann
Brahms d'abord et le Chant du Destin, composé sur un poème de Hölderlin en 1871 et fait partie des grandes œuvres pour chant choral et orchestre. N'oublions pas que Brahms a travaillé pour et avec des chœurs de femmes et qu'il aime à la fois les grands thèmes - le destin et la mort - et l'expression par le chant choral.
Notons le bel apaisement de l'orchestre avant l'attaque soutenue par tes timbales en rythme grave et assourdi, un peu inquiétant. Admirable début en forme de long prélude chantant ; Brahms nous offre là une musique fervente tour à tour tendre et violente, parfois désespérée, déjà presque wagnérienne par l'emploi des rythmes sourds et longuement martelés. Cela forme une grave pulsation, comme un hymne au cœur qui bat et qui aime.
Brahms, héritier en cela de Beethoven nous a offert cette première œuvre profonde et grave qui donne un sens à la sérénité recherchée, sérénité de la musique sacrée, profonde, par laquelle l'homme tente de trouver un sens à sa vie.
Wagner et les Wesendonck lieder, une autre sérénité
Avec l'ensemble des Wesendonck Lieder écrits en 1857-1858, le ton change ; Wagner surtout connu pour ses opéras, a laissé ces lieder dont le cycle a été composé pour Mathilde von Wesendonck qui en avait écrit les textes poétiques.
Béatrice Uria-Monzon célèbre par sa voix ces poèmes en musique ; ils sont au nombre de cinq, chargés de pathos et portent une forte intensité que la voix de l'interprète traduit avec passion et délicatesse. Il s'agit d'un Wagner bien Wagnérien avec cors et timbales qui retentit fortement dans l'abbaye ; mais on y pressent déjà des accents, des douleurs et la passion mystique de Tristan et Isolde.
Tous les thèmes chers au romantisme sont présents : l’amour, la nature, la souffrance, les rêves, la mort, mais aussi tout une réflexion métaphysique où Béatrice Uria-Monzon, que nous avions déjà entendue à Sylvanès, trouve une forme d'expression qui lui convient à merveille ; elle est là accompagnée par le chœur du festival et l'Ensemble orchestral Contrepoint dirigés par Michel Piquemal.
Béatrice Uria-Monzon célèbre par sa voix ces poèmes en musique ; ils sont au nombre de cinq, chargés de pathos et portent une forte intensité que la voix de l'interprète traduit avec passion et délicatesse. Il s'agit d'un Wagner bien Wagnérien avec cors et timbales qui retentit fortement dans l'abbaye ; mais on y pressent déjà des accents, des douleurs et la passion mystique de Tristan et Isolde.
Tous les thèmes chers au romantisme sont présents : l’amour, la nature, la souffrance, les rêves, la mort, mais aussi tout une réflexion métaphysique où Béatrice Uria-Monzon, que nous avions déjà entendue à Sylvanès, trouve une forme d'expression qui lui convient à merveille ; elle est là accompagnée par le chœur du festival et l'Ensemble orchestral Contrepoint dirigés par Michel Piquemal.
La Missa Sacra, œuvre rare
La Missa Sacra de Schumann est plus rarement chantée et c'est tout à la gloire du festival de Sylvanès que de l'offrir au public. Robert Schumann adopte en effet vis-à-vis des textes sacrés une attitude bien différente de celle de Brahms. Dans ses seules œuvres vouées au culte, la Messe ou Missa sacra op. 147 (et le Requiem op. 148), il utilise les prières du Missel romain plutôt que les poètes et l'on peut supposer qu'il a composé celle-ci pour un des cultes catholiques dont il était chargé. D'autre part, il semble que, l’âge venant, Schumann, auparavant peu inspiré par les textes liturgiques, se soit préoccupé davantage de questions essentielles : « Concentrer son énergie sur la musique sacrée, voilà sans doute le but suprême de l’artiste », disait-il en 1851.
L'œuvre commence avec un Kyrie Eleïson infiniment répété suivi d'un Gloria brillant et fort où la belle voix de Béatrice Uria-Monzon intervient au Gratias agimus tibi avec grande sérénité, pendant que la rosace du vitrail dans sa ronde perfection romane s'éclaire le l'orange du couchant. Avant un Credo passionné, puis un Ora pro nobis très doux et recueilli par la voix de l'interprète, qui s'élance avant l'hosanna glorieux et tonitruant. Alors que la lumière bleue du soir s'éteint sur la pierre ancienne de la belle abbaye cistercienne, Beatrice Uria-Monzon pousse comme un grand cri : étrange musique d'atmosphère qui allie douceur et violence, amour et angoisse, apaisement et menace bien destinée à effrayer le croyant ... vite rassuré par un dona nobis pacem, bref et paisible, célébrant l'harmonie et la foi enfin revenues.
Jacqueline Aimar
L'œuvre commence avec un Kyrie Eleïson infiniment répété suivi d'un Gloria brillant et fort où la belle voix de Béatrice Uria-Monzon intervient au Gratias agimus tibi avec grande sérénité, pendant que la rosace du vitrail dans sa ronde perfection romane s'éclaire le l'orange du couchant. Avant un Credo passionné, puis un Ora pro nobis très doux et recueilli par la voix de l'interprète, qui s'élance avant l'hosanna glorieux et tonitruant. Alors que la lumière bleue du soir s'éteint sur la pierre ancienne de la belle abbaye cistercienne, Beatrice Uria-Monzon pousse comme un grand cri : étrange musique d'atmosphère qui allie douceur et violence, amour et angoisse, apaisement et menace bien destinée à effrayer le croyant ... vite rassuré par un dona nobis pacem, bref et paisible, célébrant l'harmonie et la foi enfin revenues.
Jacqueline Aimar