Brahms sur instruments romantiques par le trio Chen Halevi, Jan Schultsz et Claire Thirion. Label Panclassics

« Nous jouons sur les instruments pour lesquels Brahms a composé cette musique et créons les sons que Brahms lui-même entendait et jouait. »


Clarinet Sonatas Op.120 numéro 1 et 2 - Clarinet Trio Op.114

Richard Mühlfeld – Le Rossignol qui inspira le chant du cygne de Brahms
En 1890, Brahms, alors âgé de 57 ans, était un compositeur consommé et célèbre. Fort de l’accueil triomphal de son magnifique Quintette à cordes opus 111, Brahms se réjouissait de sa vie de compositeur insouciant, heureux... et à la retraite : il avait en effet décidé de ne plus écrire de musique.
Mais au début du printemps de l’année suivante, un miracle eut lieu : un voyage et une rencontre avec un musicien jouant d’un instrument, lui aussi, particulier, allaient inspirer Brahms à un point inimaginable. Un déferlement de créativité allait surgir de la fontaine des dieux, comblant de puissance et d’ingéniosité ses dernières grandes créations, toutes destinées à la clarinette : un Trio et un Quintette (1891) ainsi
que deux Sonates (1894).
Le musicien était l’un des clarinettistes les plus remarquables de son temps, Richard Mühlfeld. L’une des facettes de sa sonorité résidait dans ses clarinettes Ottensteiner en buis, instruments alors démodés, choses appartenant au passé... Le lieu de la rencontre était une ville accueillante, Meiningen, où Brahms retrouvait une ambiance intime et familière. Ces trois éléments, l’artiste, l’instrument et le lieu, ont suscité ce stupéfiant chant du cygne brahmsien.

L’âge d’or de la clarinette débuta par la collaboration entre Mozart et son clarinettiste Stadler et dura un demi-siècle marqué par une grande créativité : la clarinette devint ainsi le principal instrument à vent de la musique de chambre et du répertoire des solistes, tout en obtenant une place permanente dans l’orchestre. Dans sa jeunesse, Brahms découvrit ce son qu’il allait toujours aimer. À l’époque où Brahms rencontra Mühlfeld, la clarinette avait considérablement changé. Le buis avait été remplacé par le bois de grenadille, plus stable, plus facile à manipuler et produisant un son plus puissant. Les changements avaient permis à la clarinette de s’adapter parfaitement aux grandes salles de musique et au nombre croissant de musiciens itinérants. Mais Brahms était profondément déçu par l’appauvrissement des couleurs et par la moindre flexibilité d’expression des instruments modernes. On sait en effet que Brahms avait toujours préféré le son des instruments les plus anciens et n’avait pas été séduit par les développements modernes. Il ne fait aucun doute que l’enthousiasme de Brahms pour la clarinette se devait en grande partie aux qualités sonores qu’il avait pu apprécier en écoutant les interprétations de Mühlfeld. Enchanté, Brahms écrivait à Clara Schumann : « Il est impossible de jouer de la clarinette plus merveilleusement que monsieur Mühlfeld ».

La carrière de Mühlfeld atteignit de nouveaux sommets et sa légende s’amplifia quand Brahms lui dédia les deux sonates composées au cours de l’été 1894 et les interpréta avec lui dans de nombreux concerts. La collaboration musicale s’épanouit en une amitié étroite, évidente pour les personnes qui les écoutaient jouer ensemble : deux musiciens si intimement liés, communiquant avec leurs âmes musicales. (…) - Chen Halevi

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Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 23 Février 2024 à 16:28 | Lu 394 fois
Pierre Aimar
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