Chorégies d'Orange 2010. Puccini : Tosca. Mise en scène, Nadine Duffaut. Interview.

Nadine Duffaut met en scène Tosca de Puccini pour les Chorégies dOrange 2010.
Entretien express. © La newsletter des Chorégies


Nadine Duffaut, vous allez monter Tosca aux prochaines Chorégies. Lorsque vous avez abordé la carrière de metteur en scène, c’est le premier opéra qui vous a été confié ?
S’il est vrai que ma première mise en scène fut Tosca, je me suis tout de suite sentie attirée par le personnage ambigu que représentait le chef de la police, Scarpia. Les magnifiques phrases musicales qui lui sont attribuées suggèrent les mille facettes d’une personnalité traversée par la colère, le désir, la peur, la souffrance (« Tal dei profondi amori è la profonda miseria »).
Au début de l’ouvrage, Tosca n’est qu’une diva amoureuse et jalouse. Elle ne prend réellement corps et humanité qu’après le meurtre de Scarpia. Cavaradossi est intéressant de par son engagement politique. Sa manière d’aimer "sa" chanteuse est pleine de patience et de bonté.
Auprès de Scarpia, les personnages secondaires de Spoletta et du Sacristain sont les représentants ordinaires de la lâcheté attribuée au commun des mortels face au pouvoir politique et policier.

La distribution de l’ouvrage est particulièrement prestigieuse. Que pouvez-vous dire des trois principaux protagonistes ?
J’ai la chance extraordinaire d’avoir un Scarpia de rêve en la personne de Falk Struckmann. J’ai eu la chance de le voir sur scène à Salzbourg dans Le Château de Barbe-Bleue. Ce fabuleux interprète m’a subjuguée. En le voyant, j’ai pensé à tout ce qu’il pouvait apporter au personnage de Scarpia.
J’ai également rencontré « ma » Tosca, Catherine Naglestad, à Marseille où elle chantait Manon Lescaut. C’est quelqu’un de très profond, une très belle femme, prête à m’accompagner dans ma conception de l’opéra. Je ne peux être que comblée de travailler avec elle.
Que dire de Monsieur Alagna ? c’est un chanteur merveilleux, mais ce qui me touche le plus peut-être, ce sont son humanité, sa générosité, son amour des autres... J’ai eu la chance de le rencontrer sur d’autres projets, puisque j’ai défendu récemment en Hongrie, l’opéra de la famille, Le Dernier Jour d’un Condamné, que malheureusement personne n’a encore monté en France.

Vous aimez beaucoup les chanteurs ?
Oui. Depuis que je fais de la mise en scène, ce sont surtout les rencontres avec des chanteurs et en particulier avec des cantatrices, qui m’ont marquée : Patrizia Ciofi bien sûr, mais aussi Ermonela Jaho, Béatrice Uria-Monzon et tout récemment Karine Deshayes avec laquelle j’ai travaillé sur la production des Capuleti e i Montecchi. Et pour les hommes, Marcelo Alvarez.

Nadine Duffaut est originaire de Boulogne-sur-Mer.
Titulaire d’une maîtrise de musicologie. Successivement chef de chant à l’Opéra de Rennes, chef des Chœurs à l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse, directrice de la Maîtrise et de sa propre école d’art lyrique « Vocal Académie ».
Réalise sa première mise en scène en 2003 : Tosca à Avignon.
A signé notamment les mises en scène de La Traviata, Le Nègre des Lumières, Carmen, Manon, Les Pêcheurs de Perles, Cendrillon (Massenet), Le Dernier Jour d’un Condamné (David et Roberto Alagna), I Capuleti e i Montecchi, ainsi que La Chauve-Souris, La Vie Parisienne…
Le Dernier Jour d’un Condamné lui a valu le Prix de la meilleure production et mise en scène du Festival Mezzo Télévision 2009 organisé en Hongrie.
Engagements 2010 : Manon à Hong-Kong et à l’Opéra de Massy, Tosca à Limoges, I Capuleti e i Montecchi à Tours, Carmen au Festival de Baalbeck au Liban.

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pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 8 Janvier 2010 à 02:31 | Lu 4748 fois
pierre aimar
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