Chorégies d’Orange, Turandot, La Bohème et Puccini au théâtre antique d'Orange du 7 au 31 juillet 2012

Aux chorégies d’Orange tous les spectacles se trouvent cette année concentrés au long du mois de juillet. Deux des grandes œuvres proposées, Turandot et le Requiem de Mozart n’ont pas été achevées par leur compositeur.
Les spectacles ce sont d’abord deux opéras, Turandot et La Bohême de Puccini, un grand concert proposant le Requiem et l’Ave Verum de Mozart, la Petite Messe solennelle de Rossini et un grand concert lyrique comme ceux que proposent d’ordinaire les Chorégies.


Huit grandes soirées ( les opéras sont donnés deux fois) qui promettent d’être les grands moments de l’été dans cette cité du sud qui a désormais donné noms et visages d’interprètes choisis à tant de grands opéras et de grandes œuvres.
Il faut dire que le lieu est exceptionnel, tant par ses dimensions, presque 10 000 places que par son emplacement en plein cœur de la ville, au pied de la colline Saint Eutrope , presque pinède encore et un peu bois sauvage, près des petites rues animées et pleines de restaurants du vieil Orange, proche de l’ancienne cathédrale et de cette grande place où trône le théâtre moderne qui conduit vers le nord à l’Arc de Triomphe romain.
Orange n’est pas une si grande ville et donne cette merveilleuse impression que tout y est à portée de pas.

Turandot (28 et 31 juillet)

Après Verdi bien souvent, voici Giacomo Puccini, ce musicien du XIXe siècle qui a mis bien longtemps à sentir en lui l’envie de musique, avant de composer dès l’âge de 14 ans, ce qui paraissait bien tard !
On ne présente plus la Bohême et chacun a pu entendre fredonner l’air de Mimi. Mais Turandot, composé en 1920 et donné pour la première fois en 1926 à la Scala de Milan est moins couramment monté et mérite mieux sans doute que le titre histoire d’une princesse cruelle ; ce qui est cependant vrai, elle l’est cruelle. Ajoutons bien sûr qu’elle est très belle et nous voilà plongés dans une fable classique de Gozzi où la cruelle princesse orientale tuait tous ceux qui l’approchaient.
Le procédé est simple, trois énigmes à résoudre, et Turandot élimine tous ses prétendants.
Rassurez-vous cependant, Calaf, (interprété par Roberto Alagna) vient de retrouver son père Timur, roi de Tartarie, aveugle mené par sa fidèle esclave Liù
On peut imaginer la suite de cet opéra, situé en Chine, et parsemé d’airs qui ont laissé des traces : Le fameux «Signor ascolta» de Liù qui prie Calaf de renoncer à subir les énigmes ; ou le Nessun dorma qui donne au ténor l’occasion de montrer puissance et maturité dans l’obscurité de cette dernière nuit où personne ne doit dormir.
Que le spectateur se rassure, tout finit par un murmure, le mot « amour » qui devient le nom de ce mystérieux Prince.
Il est à noter que le final n’a pas été composé par Puccini récemment décédé mais achevé par Franco Alfano qui s’est inspiré de quelques esquisses pour écrire les dernières scènes : ce fameux duo d’amour qui devait être l’apogée de l’opéra à la manière de celui de Tristan.

C’est Michel Plasson, habitué au vaste décor des chorégies qui dirige l’Orchestre National de France et les chœurs des Opéras de Région, dans une mise en scène que l’on attend spectaculaire de Charles Roubaud, scénographie d’Emmanuelle Favre et costumes de Katia Duflot. Lise Lindstrom tient le rôle de Turandot et Maria Luigia Barsi celui de Liù. En Calaf, bien sûr Roberto Alagna qu’on souhaite brillant et Marco Spotti dans le rôle de Timur.

Une Bohême belle et triste (7 et 10 juillet, 21h45)

Sous la direction de Myung Whun Chung, l’orchestre Philharmonique de Radio France et les chœurs des Opéras de Région, se feront les interprètes de ce fameux opéra de Puccini, peut-être le plus célèbre. Le roman qui a servi de point de départ, Scène de la vie de Bohême écrit par Henri Murger en 1896 s’inscrit bien dans la vie de son temps. Roman réaliste qui évoque la vie misérable des poètes et artistes dans les quartiers pauvres.
Puccini s’empare de l’histoire au travers du livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica ; l’histoire tourne vite au mélodrame, parsemé çà et là de quelques moments heureux, un repas animé, un marché, un tendre duo d’amour ; mais qui évoque aussi la faim, les loyers difficiles à payer, le froid surtout des mansardes et logis sans chauffage.
Heureusement, il y a l’amour: Rodolphe et Mimi s’aiment, Mimi aime le printemps et les fleurs mais elle ne les reverra pas.
Dans une mise en scène de Nadine Duffaut, scénographie d’Emmanuelle Favre et costumes de Katia Duflot, on entendra Inva Mula en Mimi, Vittorio Grigolo en Rodolphe et Ludovic Tézier en Marcello, tous habitués des Chorégies et dont on connaît les qualités vocales et la maîtrise en scène.

Mozart à son apogée, Le Requiem (13 juillet, 21h45)

Autre œuvre inachevée, ce Requiem, une commande faite par un compositeur médiocre et qui pensait mettre ensuite son nom en signature. Ou superbement achevée dans une superbe scène de l’Amadeus de Milos Forman, par un Salieri dévoué et transcendé par la musique qu’il écrit sous la dictée de Mozart ; ou réellement achevée par le jeune Süssmayer, élève de Mozart et dont on dit qu’il a admirablement respecté l’esprit du début de l’œuvre et surtout qu’il s’est surpassé en l’achevant.Süssmayer recopie tout ce que Mozart avait écrit – ce qui explique que l’opéra soit d’une seule main- achève le Lacrimosa et compose lui-même le Sanctu, le Benedictus et l’Agnus Dei. Aussi bien qu’aurait pu le faire Mozart, dit-on. Par la suite, il travaille la composition musicale sous la direction de Salieri.
L’œuvre est souvent jouée et demeure un des grands moments émouvants de la musique. Elle est interprétée aux Chorégies par l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung Whun Chung, Patrizia Ciofi, Nora Gubisch, Topi Lehtipuu et Gunther Groissböck en seront les solistes.

La Petite Messe solennelle de Rossini (20 et 21 juillet)

« Bon Dieu. La voilà terminée cette pauvre petite messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ? J'étais né pour l'opera buffa, tu le sais bien ! Peu de science, un peu de cœur, tout est là. Sois donc béni et accorde moi le Paradis. » Gioacchino Rossini, Passy, 1863
L’œuvre a été commandée par le Comte Alexis Pillet-Will pour son épouse Louise et Rossini la qualifiée de dernier péché mortel de sa vieillesse (il a soixante et onze ans). Avec ses quatre solistes, un chœur mixte, deux pianos et un harmonium remplacé parfois par un accordéon, l’œuvre dure une heure et demie, divisée en deux parties et mêle rythmes de marche et tempi majestueux, auxquels se mêlent des harmonies inattendues.
Le chœur Asmara et les solistes, dont Amel Brahim-Djelloul sont placés sous la direction musicale de Samuel Coquard, dans le cadre ancien de la Cathédrale Notre-Dame .

Le Concert lyrique (30 juillet, 21h30)

Autre grand moment de ces Chorégies : un grand choix de ces airs qui ont teinté les opéras et ont parfois participé à leur renommée et à la célébrité de leurs interprètes !
Michel Plasson dirige l’Orchestre National de France, Diana Damrau et Béatrice Uria-Monzon.
Le choix des opéras est vaste, de Don Carlo, la Tosca, Rigoletto présentés au théâtre romain, comme Lucia de Lammermoor, on débouche sur Semiramide et les Puritains ou encore La Somnambule ou Le Corsaire.
N’en doutons pas, les interprètes vont donner envol aux compositeurs qui n’ont pas encore habité le décor impressionnant du théâtre romain, construit au 1er siècle sous le règne d’Auguste, l’un des théâtres les mieux conservés au monde et qui dispose encore de son mur de scène haut de 103 mètres
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 6 Juin 2012 à 20:51 | Lu 884 fois
Pierre Aimar
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