Voilà une représentation très révélatrice des dérives de certains metteurs en scène d’aujourd’hui. Alors qu’ils disposaient d’une distribution jeune et brillante, d’un orchestre très en verve sous la direction impeccable de Giuseppe Grazioli, alors qu’ils pouvaient donner libre cours à leur fantaisie en plaçant – pourquoi pas ? – l’action dans les années mythiques de l’après 68, ils ont choisi de développer une rhétorique fort prétentieuse en tentant, - je cite - « de pénétrer dans le lien entre microcosme et macrocosme, entre les petits soubresauts du quotidien et les mouvements qui règlent l’ordre universel, entre la chimie des sentiments et la métaphysique ».
« Cosi fan tutte », dans le regard lucide et cruel sur le couple, dans la plongée vertigineuse au cœur du trouble amoureux ne gagne rien avec ces pesantes exégèses. Et l’on se passerait bien de ce Phoenix improbable, de ces enseignes criardes, de cet écran fastidieux à la longue où des images bavardes et parfois incongrues (les vues de cellules au microscope pendant les déclarations enflammées des séducteurs) encombrent l’espace scénique et détruisent la subtile alchimie des rapports humains.
Une fois de plus, une plus grande humilité des metteurs en scène aurait permis de profiter de leur meilleur atout : une direction d’acteurs fort réussie ; Elena Monti, Patricia Fernandez, Pauline Courtin, Sébastien Droy, Virgile Frannais et Jean Teitgen, très à l’aise dans leur rôle respectif, nous ont régalé tout autant sur le plan vocal. Que l’Opéra-Théâtre de Saint Etienne soit remercié de nous faire découvrir ou redécouvrir ces jeunes talents. Nous les retrouverons demain à coup sûr dans les plus prestigieuses distributions.
H. Pezelier
« Cosi fan tutte », dans le regard lucide et cruel sur le couple, dans la plongée vertigineuse au cœur du trouble amoureux ne gagne rien avec ces pesantes exégèses. Et l’on se passerait bien de ce Phoenix improbable, de ces enseignes criardes, de cet écran fastidieux à la longue où des images bavardes et parfois incongrues (les vues de cellules au microscope pendant les déclarations enflammées des séducteurs) encombrent l’espace scénique et détruisent la subtile alchimie des rapports humains.
Une fois de plus, une plus grande humilité des metteurs en scène aurait permis de profiter de leur meilleur atout : une direction d’acteurs fort réussie ; Elena Monti, Patricia Fernandez, Pauline Courtin, Sébastien Droy, Virgile Frannais et Jean Teitgen, très à l’aise dans leur rôle respectif, nous ont régalé tout autant sur le plan vocal. Que l’Opéra-Théâtre de Saint Etienne soit remercié de nous faire découvrir ou redécouvrir ces jeunes talents. Nous les retrouverons demain à coup sûr dans les plus prestigieuses distributions.
H. Pezelier