Cosi fan tutte sur grand écran et en plein air le 16 juillet à 21h

« Nous voulons sortir des murs pour aller à la rencontre de populations éloignées, que ce soit géographiquement ou culturellement »


Entretien avec Serge Dorny, directeur de l’Opéra de Lyon

Opéra populaire et gratuité
25 000 personnes avaient pu suivre dans sept départements de Rhône-Alpes la retransmission de Porgy and Bess de George Gershwin l’été dernier. Cette année, forte d’un succès toujours grandissant, cette manifestation permettra aux habitants de 13 grandes villes, banlieues ou villages participants d’assister à la représentation d’un des plus beaux (et des plus coquins) opéras de Mozart, Cosi fan tutte.
Le principe est toujours le même : plein air, opéra populaire et gratuité. « C’est une façon d’enlever les barrières psychologiques ou financières qui empêchent encore trop souvent de venir à l’opéra », explique Serge Dorny.
« Nous voulons sortir des murs pour aller à la rencontre de populations éloignées, que ce soit géographiquement ou culturellement », ajoute le directeur de l’Opéra de Lyon. « À travers 13 lieux de tailles très différentes, il s’agit de toucher des publics variés, que ce soit pour fédérer les populations des grandes villes ou des banlieues, ou rassembler un village. L’idée est de créer les conditions d’une fête populaire autour d’une oeuvre lyrique du grand répertoire. C’est aussi une façon de montrer que ces chefs-d’oeuvre peuvent toucher un large public. J’ai toujours eu la conviction qu’un projet artistique pouvait être habité par tout le monde. Il n’appartient pas qu’à ceux qui connaissent. C’est une erreur de sous-estimer l’intelligence du public. »

Brassage des publics
Pour pouvoir toucher des publics différents, l’Opéra de Lyon s’est associé à des manifestations estivales existant déjà : « C’est ce qui nous permet de toucher des publics diversifiés, qui ne sont pas forcément sensibilisés à l’opéra, une audience différente de celle de la musique classique. C’est ainsi que le brassage des publics peut avoir lieu. Cela permet aussi à chacun de se surprendre à être interpellé par une oeuvre dont il n’aurait peut-être pas soupçonné la pertinence. Chacun peut alors dépasser ce qu’il pensait connaître de lui-même. »

De l’opéra au soap opera
D’où le choix de Cosi fan tutte et des amours adolescentes tiraillées entre passion et insouciance, dont chacun garde un souvenir : « C’est une oeuvre pour petits et grands, qu’on pense connaître, mais qui nous interroge encore sur nous-mêmes aujourd’hui. », explique Serge Dorny.
En la transposant sur les plages californiennes à la façon d’un soap opera, le metteur en scène Adrian Noble a su la rendre actuelle, immédiatement familière au public des séries télévisées, tout en conservant le sens profond d’une oeuvre comique toujours au bord de la tragédie.
« C’est une farce mais Adrian Noble lui confère une dimension plus profonde. Les bonnes comédies sont toujours celles qui frôlent le tragique. Avec Mozart, les metteurs en scène choisissent souvent de basculer dans la comédie ou la tragédie. Adrian Noble a su rester à la lisière des deux, fidèle à l’esprit tragi-comique qui habite la musique de Mozart. Il a su rendre l’oeuvre plus accessible tout en conservant sa pertinence. »
Propos recueillis par Luc Hernandez

Les sites participants* :

AMBéRIEU-EN-BUGEY, Parc du Château des Echelles
AUBENAS, Place du Château
BELLEGARDE-sur -valserine , Cinéma municipal Les Variétés
CREST, Cinéma Eden
CHAMBéRY (Conflans), Estivales du Château
GRENOBLE, Esplanade du général Alain Le Ray
LYON, Place des Terreaux
MONTéLIMAR, Place de Provence
NANTUA, Esplanade du lac de Nantua
TARARE, Halle des marchés
THONON-LES-BAINS, Plage municipale
VALENCE, Parc Jouvet
VILLEFRANCHE-SUR-SAôNE, Plage de Villefranche, route de Riottier

*en plein air dans toutes les villes sauf à Bellegarde et à Crest

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 2 Juillet 2011 à 09:19 | Lu 1011 fois
Pierre Aimar
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