Cuba au temps de l’argentique. Photographies de Gérard Pillon, musée de la photographie, Mougins, du 21 septembre au 31 décembre 2013

Cuba, symbole d’un idéal politique pour les uns ou simple destination touristique pour les autres. Elle est une ile de dimensions modestes à l’échelle du monde mais occupe une place à part dans l’esprit des occidentaux.


© Gérard Pillon
Depuis la révolution de 1959, elle a constitué un maillon de ce fameux rideau de fer qui, au fil des années, s’est érodé avant de disparaître totalement. Pourtant, Cuba continue tant bien que mal à vouloir tenir le cap d’un modèle de société basé sur l’égalité. Un pari difficilement réalisable aux vues des sirènes du capitalisme qui lui font face à quelques encablures, éclairées de ses avancées technologiques, de sa liberté d’expression et de mouvement qui attirent une jeunesse qui s’estime privée de ces vertus.

La jeunesse occidentale de son côté, par défiance à cette sorte de paternalisme induite par cet autre mode de vie, a été très tôt séduite par la figure emblématique de Che Guevara, véritable icône des temps modernes, symbole de la résistance à tout système établi pour devenir ensuite instrument de propagande « branché » au service d’un autre système.

Les régimes dits forts se sont emparés de symboles qu’ils ont voulus uniques, à l’exclusion de tous les autres pouvant leur faire de l’ombre et atténueraient l’impact d’une diffusion à grande échelle, ayant la faculté de faire sortir la population des sillons préalablement creusés. Il s’agit là de l’un des phénomènes nous ayant permis de bien mesurer l’importance de l’image.

Gérard Pillon a été témoin du début d’une possible et encore hypothétique mutation sociétale de l’ile de Cuba. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il s’y est rendu au moment où la photographie argentique vivait ses derniers moments d’hégémonie dans le monde de l’image. Voici son témoignage.

« Très jeune, j'ai été marqué par l'histoire de Cuba.
Dans les années 50 et 60, j'entendais à la radio les informations qui relataient les événements consécutifs à la révolution cubaine. Cela m'a donné envie de visiter ce pays.
Fin des années 70, j'ai rejoint l'agence VIVA qui distribuait mes photos .VIVA faisait la différence avec le noir et blanc et la maîtrise de la composition dés la prise de vue, sans recadrage au tirage. Fidèle à l'esprit de cette agence, je continue à faire mes photos en argentique.
En 1995, c'est en touriste, que j'ai découvert Cuba et ses habitants. Deux ans plus tard, je suis retourné dans la partie orientale de l'île, à Santiago de Cuba.
C'était très agréable de photographier, aussi bien dans les rues que chez les gens. Pour remercier les personnes que je photographiais, je leur faisais un "Polaroïd" qui se développait instantanément sous leurs yeux. Mon idée était de saisir des scènes de rue en instantané et des portraits.
En 2002 et 2007, j'ai fait deux autres séjours plus courts. Ils m'ont permis de constater le changement provoqué par une fréquentation touristique importante dont le pays à besoin pour une ouverture économique. Cuba du 21ème siècle n'a plus la même allure, ni les mêmes paysages dans les villes comme dans les campagnes. Cuba a perdu de son charme décalé des années 50 !
J'ai aimé photographier Cuba en argentique. J’aime toujours développer les films et réaliser les tirages sur des papiers barytés, enfermé dans la chambre noire à respirer l'odeur du révélateur ! Vintage et Nostalgie »

Olivier Lécine, Commissaire de l’exposition


Musée de la Photographie André Villers
Porte Sarrazine
06250 Mougins
04 93 75 85 67
museephoto@villedemougins.com

Exposition du 21 septembre au 31 décembre 2013
Vernissage : vendredi 20 septembre à 19h
Ouvert tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h.


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 13 Septembre 2013 à 23:16 | Lu 421 fois
Pierre Aimar
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