Danse, Emmanuelle Huynh, Cribles / Live, centre Pompidou, Paris, du 16 au 18 février 2011

Exploration contemporaine d’une des figures fondamentales de la danse, la ronde, Cribles / Live d’Emmanuelle Huynh accorde à la musique de Iannis Xenakis un rang de protagoniste majeur. Interprétée en live par six instrumentistes de l’ensemble Percussions Rhizome, l’oeuvre de Xenakis, Persephassa, rassemble danseurs et musiciens dans une architecture et un rituel communs.


Voit-on de la musique ou écoute-t-on de la danse ?

© Marc Domage
De Cribles à Cribles /Live Cribles, légende chorégraphique pour 1000 danseurs, évoquant les danses rituelles à travers la forme de la ronde, est créé en juin 2009 au festival Montpellier Danse. La recréation, Cribles / Live modifie profondément l’espace de la pièce dont la scénographie ne repose plus sur une caméra obscura mais sur le rapport dialectique danseurs / musiciens / public, partageant le même espace. Les musiciens, selon le dispositif inventé par Xenakis, circonscrivent la scène, encerclant ici danseurs et spectateurs, selon la pensée du compositeur.

« Au début de ce travail, j’ai fait un pari poétique : regarder la ronde, forme simple du rituel, comme une situation qui active la remémoration de danses autant qu’elle est une possibilité d’inventer nos propres archives. À travers cette forme enfantine, archaïque, ressurgissent fêtes, sacres, danses nuptiales, guerrières, processions, trépignements, unissons. Nous y produisons nos récits d’aujourd’hui. Dans cette communauté, la singularité surgit sans cesse, le « un » apparaît dans son rapport dialogique et dynamique aux autres, tantôt initiateur, tantôt entraîné. Si cette communauté est indissociable des singularités qui la composent, elle est toujours plus que la somme de celles-ci. Le lien, l’attachement rendent visible ce qui se produit dans tout groupe : la relation de pouvoir, l’empêchement comme la solidarité.

De dessous nos pieds, entre nos bras, s’écrit l’histoire au présent, entre jubilation et peur.

J’ai aimé découvrir la puissance de Persephassa de Xenakis et j’ai désiré la considérer comme un protagoniste de ce travail. Je ressens que sa construction en masses, blocs et pulsations en relais, trouve dans cette danse une actualisation visuelle et chorégraphique. L’architecture sonore et spatiale avec ses disséminations et les transformations de la ronde se répondent, se soutiennent réciproquement et se criblent entre elles. Voit-on de la musique ou écoute-t-on de la danse ? »
Emmanuelle Huynh


Emmanuelle Huynh, Cribles / Live
du mercredi 16 au vendredi 18 février – 20h30
grande salle, niveau -1
14 €, 10 €

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 22 Janvier 2011 à 02:53 | Lu 1541 fois
Pierre Aimar
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