Anna Bolena © Fred
Premier volet de la trilogie Tudor et vingt neuvième opéra de Donizetti en deux actes sur un excellent livret de Felice Romani dessinant parfaitement les personnages et livrant des situations mélodramatiques à l’effet théâtral garanti. Il s’inspire de deux pièces italiennes Enrico VIII d’Ippolito Pindemonte et Anna Bolena d’Alessandro Pepoli, cet ouvrage permit à son compositeur de connaître son premier véritable triomphe public à sa création le 26 décembre 1830.
Pour incarner le rôle–titre, l’œuvre requiert un monstre sacré. On se souvient des incarnations de Maria Callas, Leyla Gencer, Beverly Sills, Montserrat Caballé ou Edita Gruberova plus près de nous. Récemment, la soprano russe Anna Netrebko au côté d’Elina Garanca faisant l’objet d’un bel enregistrement sous la direction d’Evelino Pido.
Pour sa première mise en scène lyrique, Marie-louise Bischofberger réussit son pari en livrant la version scénique de cette décénie de l’œuvre. S’appuyant sur d’ingénieux décors abstraits d’Erich Wonder et beaux costumes d’époque de Kaspar Glarner bien mis en lumières de Bertrand Couderc. Elle s’attache plus au fond qu’à la forme en belle héritière de Luc Bondy. Elle insuffle aux chanteurs particulièrement concernés un véritable élan théâtral offrant un spectacle d’une grandeur tragique rarissime. Devant une telle réussite, on se demande pourquoi les caméras de France TV n’étaient pas là pour faire partager ce spectacle à un plus large public. Si La favorite de l’Opéra du Capitole à Toulouse a fait l’objet d’une diffusion tardive sur France 3 récemment, cette Anna Bolena l’aurait mérité d’avantage !
Pour incarner le rôle–titre, l’œuvre requiert un monstre sacré. On se souvient des incarnations de Maria Callas, Leyla Gencer, Beverly Sills, Montserrat Caballé ou Edita Gruberova plus près de nous. Récemment, la soprano russe Anna Netrebko au côté d’Elina Garanca faisant l’objet d’un bel enregistrement sous la direction d’Evelino Pido.
Pour sa première mise en scène lyrique, Marie-louise Bischofberger réussit son pari en livrant la version scénique de cette décénie de l’œuvre. S’appuyant sur d’ingénieux décors abstraits d’Erich Wonder et beaux costumes d’époque de Kaspar Glarner bien mis en lumières de Bertrand Couderc. Elle s’attache plus au fond qu’à la forme en belle héritière de Luc Bondy. Elle insuffle aux chanteurs particulièrement concernés un véritable élan théâtral offrant un spectacle d’une grandeur tragique rarissime. Devant une telle réussite, on se demande pourquoi les caméras de France TV n’étaient pas là pour faire partager ce spectacle à un plus large public. Si La favorite de l’Opéra du Capitole à Toulouse a fait l’objet d’une diffusion tardive sur France 3 récemment, cette Anna Bolena l’aurait mérité d’avantage !
Une distribution rare avec une Anna Bolena de légende
Giuliano Carella livre une direction particulièrement inspirée de l’œuvre mettant en lumières toutes les richesses d’une partition dramatique instrumentale. Avec les forces instrumentales toulonnaises, il surpasse son confère Evelino Pido.
La formation toulonnaise sous son impulsion semble respirer ce répertoire. Le maestro italien a su établir un bel équilibre entre la fosse et l’orchestre. On rêve de voir et entendre sur cette scène les deux autres volets de cette trilogie mais aussi la magnifique Gemma di Vergy totalement oubliée aujourd’hui.
Destinée à une cantatrice hors pair, on se souvient de la superbe Elza van den Heever dans Anna Bolena à Bordeaux lors de la création de cette production, elle trouve en la soprano albanaise Ermonela Jaho, jadis révélée au public de notre région par Renée Auphan à l’Opéra de Marseille, l’interprète idéale.
Elle est Anna Bolena tant scéniquement que vocalement dès sa première apparition. À chaque fois, elle aura su offrir le juste visage d’une reine orgueilleuse, d’une femme abandonnée, d’une amante repentante, d’une amie trahie…
Elle sait nous bouleverser et nous captiver dans la folie. Elle offre une voix puissante bien timbrée à la technique irréprochable offrant des pianissimi cantabile insoupçonnées. Il en est de même pour la Jane Seymour de Kate Aldrich au timbre de velours. La rivalité entre Boleyn et Seymour dans leurs duos ont profondément marqué les représentations grâce à ces deux cantatrices au sommet de leur art ! Kate Aldrich m’avait convaincu en Favorite à Toulouse. Elle est une Jane Seymour d’exception tandis que Svetlana Lifar est superbe en Smeton.
Ancien élève d’Alfredo Kraus, le ténor espagnol Ismail Jordi offre un Percy de rêve au phrasé élégant et au timbre solaire. Ce jeune artiste évitant toute erreur de choix de rôle est en progrès constant et il est devenu totalement incontournable dans ce répertoire avec une présence scénique magnétique.
Simon Orfila à la voix puissante est un Enrico VIII de grande classe et d’une grande autorité. Signalons les incarnations sans reproche de Thomas Dear en Rocheford et Carl Ghazarossian en Harvey.
Avec des budgets bien plus restreints, l’Opéra de Toulon fait oublier sans peine le demi flop de la création à l’Opéra National de Bordeaux… Pas la peine de se rendre à Vienne ou au Metropolitan à New-York, le miracle se trouvait bien au bord de la méditerranée…
Une représentation difficile à oublier !
Serge Alexandre
La formation toulonnaise sous son impulsion semble respirer ce répertoire. Le maestro italien a su établir un bel équilibre entre la fosse et l’orchestre. On rêve de voir et entendre sur cette scène les deux autres volets de cette trilogie mais aussi la magnifique Gemma di Vergy totalement oubliée aujourd’hui.
Destinée à une cantatrice hors pair, on se souvient de la superbe Elza van den Heever dans Anna Bolena à Bordeaux lors de la création de cette production, elle trouve en la soprano albanaise Ermonela Jaho, jadis révélée au public de notre région par Renée Auphan à l’Opéra de Marseille, l’interprète idéale.
Elle est Anna Bolena tant scéniquement que vocalement dès sa première apparition. À chaque fois, elle aura su offrir le juste visage d’une reine orgueilleuse, d’une femme abandonnée, d’une amante repentante, d’une amie trahie…
Elle sait nous bouleverser et nous captiver dans la folie. Elle offre une voix puissante bien timbrée à la technique irréprochable offrant des pianissimi cantabile insoupçonnées. Il en est de même pour la Jane Seymour de Kate Aldrich au timbre de velours. La rivalité entre Boleyn et Seymour dans leurs duos ont profondément marqué les représentations grâce à ces deux cantatrices au sommet de leur art ! Kate Aldrich m’avait convaincu en Favorite à Toulouse. Elle est une Jane Seymour d’exception tandis que Svetlana Lifar est superbe en Smeton.
Ancien élève d’Alfredo Kraus, le ténor espagnol Ismail Jordi offre un Percy de rêve au phrasé élégant et au timbre solaire. Ce jeune artiste évitant toute erreur de choix de rôle est en progrès constant et il est devenu totalement incontournable dans ce répertoire avec une présence scénique magnétique.
Simon Orfila à la voix puissante est un Enrico VIII de grande classe et d’une grande autorité. Signalons les incarnations sans reproche de Thomas Dear en Rocheford et Carl Ghazarossian en Harvey.
Avec des budgets bien plus restreints, l’Opéra de Toulon fait oublier sans peine le demi flop de la création à l’Opéra National de Bordeaux… Pas la peine de se rendre à Vienne ou au Metropolitan à New-York, le miracle se trouvait bien au bord de la méditerranée…
Une représentation difficile à oublier !
Serge Alexandre
Pratique
Anna Bolena a été représentée les 14, 16 et 18 novembre 2014 .
Prochain spectacle lyrique : La belle Hélène de Jacques Offenbach du 27 au 31 décembre.
www.operadetoulon.fr
Prochain spectacle lyrique : La belle Hélène de Jacques Offenbach du 27 au 31 décembre.
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