Ecole Nationale supérieure de Danse de Marseille, spectacle annuel 2015 les 6 et 7 Juin 2015. Par Philippe Oualid

C'est dans le grand studio du BNM du boulevard Gabès qu'a été présenté le spectacle de fin d'année des cycles 2, 3 et supérieur de l'ENSDM dont la direction artistique et pédagogique est à présent assurée par Paola Cantalupo et Omar Taiebi.


Ce spectacle qui durait plus de trois heures a permis aux classes élémentaire, moyenne et supérieure, de se produire dans des pièces contemporaines, crées à cette occasion pour mettre en valeur les qualités d'expression des élèves, et des extraits de ballets du répertoire classique pour démontrer les progrès accomplis par les danseurs dans la maîtrise virtuose des principaux mouvements de danse académique.

Le programme débute avec Rodin et ses muses, chorégraphie de Silvina Cortès pour les élèves du cycle supérieur, ballet-pantomime qui explore la relation du sculpteur à ses modèles, et montre comment une pâte pétrie inerte peut devenir un corps humain chargé de mouvements et de sensations. Les œuvres de Rodin, incarné par Idir Chatar, inspirent aux danseuses (Mélanie André, Julia Cisneros, Natalie Garcia et Blanche Godivier) des mouvements dans le style de la danse libre d'Isadora Duncan, des tableaux et une atmosphère qui culmine avec la pose du Penseur (Juan Cardona).

Flux pour les classes de cycle 2 et 3, de Carole Gomes et Diane Soubeyre, met en évidence l'élan enthousiaste des enfants dans leur prise de possession de l'espace. Jouant sur les entrées et sorties précipitées de groupes compacts, les contorsions, les chutes désordonnées, les postures figées, les jeunes danseurs s'en donnent à coeur joie pour improviser des effets expressionnistes, en rampant ou en sautant, et dégager ainsi le flux de leur énergie juvénile.

Ne me quitte pas, chorégraphie de Silvina Cortès sur la chanson de Brel, interprétée entre autres par Marlène Dietrich, Barbara, Nina Simone, et Deshabillez-moi de Juliette Greco, met en scène un jeune pianiste cerné et assailli par des courtisanes de la Belle Epoque, dans une optique bouffonne imprégnée de douce folie, et suscite l'hilarité du public.

Searching for, version courte d'un ballet chorégraphié par Francesco Curci, à Reggio Emilia, nous invite à questionner la quête désespérée de l'autre devant des danseurs immobiles ou agités qui nous tournent le dos, et se livrent à des portés ou des glissades, des tours en l'air au son des tambours et sous des carrés de lumière qui finissent par éclairer la salle.

Avec Point de non retour, très belle chorégraphie de Stephen Delattre, ancien élève de l'Ecole, danseurs et danseuses, se tenant par la main, le regard étonné ou égaré, créent des lignes de corps pour nous dire ce que serait la réalité de nos parcours de vie si nous pouvions revisiter le passé en suivant les empreintes de nos pas. . .
Après l'entracte, l'élégance et le raffinement sont au rendez-vous avec le festival de danse classique concocté avec talent par les professeurs de l'Ecole: Mireille Bourgeois, Ghislaine Franchetti, Isabelle Hernandez et Alain Rouillon.
Sur les musiques de Johan et joseph Strauss, toutes les classes des cycles 2 et 3 dansent dans une atmosphère festive, mazurkas, polkas ou valses: déboulés, développés, piqués, fouettés, entrechats sont exécutés à la perfection et avec le sourire, par des jeunes élèves particulièrement motivés, ce qui enchante les enseignants et les parents.

La soirée se termine avec les danses variées de la fête nuptiale et la tarentelle endiablée du troisième acte de Napoli de Bournonville, le plus populaire de tous les ballets danois qui reflète fidèlement le folklore napolitain. Donné dans la sublime chorégraphie de 1842, le ballet met en valeur chez ses interprètes les qualités du ballon, de l'élévation, des pirouettes, des arabesques, de la petite batterie et l'élégance de l'épaulement, ce dont s'acquittent à merveille, tambourin en main, Antonin Faraut, Nicolas Frau, Thibault Nury et Fabien Michaux.
En définitive, un brillant spectacle de fin d'année, très applaudi, qui a surtout permis à ces danseurs adolescents au mieux de leur forme, d'éprouver le bonheur d'être récompensés des efforts fournis tout au long de l'année.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 10 Juin 2015 à 12:55 | Lu 669 fois
Pierre Aimar
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