Exposition 36 épisodes du Siège de Paris : l’énigme de la suite Binant, Musée d’art et d’histoire Paul Eluard, Saint-Denis, du 29 novembre 2019 au 2 mars 2020

En janvier 1871, Alfred Binant (1822-1904), marchand de couleurs à Paris, commande à différents peintres 36 tableaux de grand format pour documenter les événements du Siège de Paris.


Arnaud Dumaresq, n°10, Le Roi Guillaume à Versailles, mois d’octobre. Dépôt du Musée Gassendi, Ville de Digne-les-Bains. Cliché : CICRP – Caroline Martens
Il veut exalter l’héroïsme, la patience et le dévouement des Parisiens dans la Guerre de 1870 et faire œuvre de mémoire, car, écrit-il, « ni le livre si bien informé soit-il, ni la gravure, ne parlent aux yeux et par conséquent à l’esprit aussi nettement qu’une peinture ».
Le musée Gassendi de Digne-les-Bains conserve un double complet de la série en modèle réduit. Les 36
« miniatures » restaurées sont présentées pour la première fois dans une exposition temporaire à Digne-les-Bains et à Saint- Denis, qui bénéficie du prêt exceptionnel de certaines toiles de grand format du musée Carnavalet. En outre, le musée Gassendi dépose à long terme les 36 tableaux pour enrichir le fonds du musée sur la Guerre franco-prussienne et la Commune de Paris.

Qu’est-ce que La suite Binant ?

Jules Didier et Jacques Guiaud, n°17, Les pigeons messagers, mois de novembre. Dépôt du Musée Gassendi, Ville de Digne-les-Bains. Cliché : CICRP – Caroline Martens
« Paris est battue par les flots, mais ne sombre pas » : fidèles à la devise de la capitale, les trente- six tableaux de La suite Binant exaltent en une suite chronologique des épisodes héroïques de résistance civile et militaire pendant le siège de la ville de septembre 1870 à janvier 1871.

Autant documentaires que réalistes, ils ont été commandés à la fi de l’année 1870 par Alfred Binant, entrepreneur passionné d’art, à treize peintres peu connus, spécialisés dans la figure, le paysage ou l’architecture, tels Jules Didier et Jacques Guiaud. Ils ont été présentés en 1872 à la galerie Durand-Ruel lors de l’exposition Le Siège de Paris 1870-71, Exposition des Peintures des Épisodes Civils et Militaires de la Défense.

En septembre 1898, Alfred Binant lègue les 36 tableaux et le livret détaillant chaque toile à la ville de Paris. De ces tableaux de formats importants – nombre d’entre d’eux mesurent deux mètres par quatre – il n’en reste aujourd’hui que treize dans la collection du musée Carnavalet.

Où sont passées les vingt-trois autres œuvres ?
Les publications de référence sur la période mentionnent cet ensemble, sans qu’on en sache véritablement plus sur la localisation des vingt-trois autres. Elles auraient disparu dans un incendie et/ou auraient été détruites pendant l’occupation allemande, mais aucune preuve n’atteste cette disparition.

Sylvie Gonzalez, directrice du musée d’art et d’histoire Paul Eluard jusqu’en juillet 2019, a tenté de les retrouver avec les moyens techniques d’aujourd’hui, dans une base de données qui donnerait les pistes d’une salle de mairie, d’une réserve de musée ou ailleurs. La recherche reste d’abord vaine. Puis, contre toute attente, une référence apparaît dans le répertoire Patrimages Drac Paca Documentation iconographique, documentaire et historique produit par les services patrimoniaux de la Drac Paca.

Et là, surprise ! Il n’y a pas une, mais trente-six références. Trente-six titres similaires aux trente-six toiles d’Alfred Binant, trente-six images identiques à celles du catalogue. Le tout au musée Gassendi de Digne-les-Bains. Que font ces tableaux là-bas, si loin de Paris ?

Nadine Gomez, conservateur du musée Gassendi, accueille avec intérêt la demande d’informations de son homologue de Saint-Denis. On sait peu de choses sur cette donation faite en 1890 par Alfred Binant. En juin 2017, Sylvie Gonzalez découvre à Digne-les-Bains, bien rangées dans une caisse, emballées soigneusement, trente- six huiles sur bois, exemplaires modello en tous points comparables à leurs grands frères, dans des formats réduits (environ 22 à 35 cm), accompagnées d’un cartouche en bois orné du blason de Paris et d’un phylactère Le Siège de Paris 1870-1871 donné par Mr. Binant en souvenir du séjour de sa famille à Digne pendant la guerre.

Après avoir présenté l’exposition 36 épisodes du Siège de Paris : l’énigme des tableaux dignois du 21 septembre au 3 novembre 2019, le musée Gassendi confie cet ensemble, restauré grâce au soutien de la Drac Paca, à la ville de Saint-Denis où le musée d’art et d’histoire Paul Eluard possède une riche et unique collection sur la guerre de 1870 et la Commune de Paris.

Les artistes de La suite Binant

Brutal, Carnaval de 1871. Entrée de Guillaume à Paris, lithographie sur papier, 1871. musée d’art et d’histoire Paul Eluard – Saint-Denis. Cliché : I. Andréani
- Jules Didier (1831-1914) prix de Rome en 1857, peintre de scènes historiques, paysages, vie quotidienne
- Alfred Decaen (1820-1902) peintre d’histoire et peintre militaire
- Armand Dumaresq (1826-1895) peintre de batailles
- Henri Dupray (1841-1909) peinture de portraits militaires
- Émile Henri Laporte (1841-1919) paysagiste, orientaliste, directeur de l’école municipale de dessin et de sculpture du 2e arrondissement de Paris
- Georges Bellanger (1847-1918) peintre illustrateur
- Auguste Carliez (1838-1910) peintre de compositions religieuses, scènes de genre, architecture, élève de Pils
- Jacques Guiaud (1810-1876) peintre d’histoire, de genre, de paysage, architecture
- Eugène Louis Carpezat (1833-1912) peintre décorateur de théâtre (Opéra, Comédie française, Opéra comique). Son atelier occupait 10 à 20 artistes
- Aubin Hervier (1851-1905) élève de Jean Paul Laurens, paysagiste
- Émile Henri Lacoste-Brunner (1838-1881) peintre de fleurs et de paysage, peinture décorative de la sous-préfecture de Sceaux
- Henri Germain (1842-1898)
- Georges François Guiaud Fils (1840-1893 ?).

Informations pratiques

Musée d’art et d’histoire Paul Eluard
22 bis, rue Gabriel Péri
93200 Saint-Denis
01 83 72 24 55
musee@ville-saint-denis.fr
www.musee-saint-denis.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 20 Novembre 2019 à 13:18 | Lu 503 fois
Pierre Aimar
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