Auguste Chabaud "Les Meules près de la maison"
Fier de ses racines et, comme Frédéric Mistral, résistant des traditions, Chabaud avait, dès sa jeunesse, exposé à Paris, aux côtés des principaux acteurs du Fauvisme, Matisse, Derain, Vlamink, Van Dongen. A la fin de la première guerre mondiale, il s'installe définitivement à Graveson, dans la propriété viticole familiale des Alpilles, pour un retour aux sources qui va lui permettre de peindre avec sérénité, des oeuvres authentiques qui concilient peinture pure et audaces de l'expressionnisme.
« Le Midi dont je relève, écrit Chabaud, n'est pas un pays d'opéra comique. Il est dépouillé, sobre, grave, réduit aux lignes essentielles de la construction rocheuse. C'est ainsi que l'ont peint les artistes de l'école provençale depuis Loubon, Guigou, Grésy, Engalière, et plus récemment Cézanne. A la suite de ces peintres, je peins à mon tour, à ma façon évidemment, mais dans la même tradition. »
Le paysage ici réduit à des formes simples cernées de traits noirs épais, met en valeur les cyprès, les collines, les bâtiments, les clochers, dans un chromatisme réduit, présidé par un bleu de Prusse éclatant, aux heures les plus intenses du jour.
Les scènes d'intérieurs s'appliquent à présenter des points de vue dignes d'instantanés photographiques comme les scènes de vie rurale qui mettent en scène l'épuisement des paysans au repos, ou les instants festifs : dans Les Farandoleurs(1928), par exemple, il nous invite, à la manière de Degas, à partager une expérience visuelle de spectateurs de danse folklorique sur une place de village. Il mêle ainsi à ses fragiles farandoleurs les présences très réalistes de jeunes travailleurs agricoles chapeautés, représentés de dos, au premier plan.
En revanche, les portraits de gitanes, de vieilles arlésiennes aux traits burinés par les ans, aux pommettes saillantes, au nez aquilin, expriment une volonté et une force exceptionnelles dans une mise en espace qui conserve l'empreinte du cubisme.
Certains tableaux, enfin, opèrent une étonnante dérive de l'image vers la stylisation des formes ou des gestes dans l'emploi d'un gris anonyme qui semble abstraire paysages, corps et visages (Mazet dans la Montagnette, Banataise devant la porte).
Mais, en définitive, dans la mesure où nous avons affaire à une peinture qui exalte le désir de survivre au sein de fortes traditions hostiles à l'uniformisation des langages et à la destruction des Cultures, il faut reconnaître qu'avec Chabaud, il s'agit de communier avant tout dans la passion d'un univers provençal inébranlable.
Philippe Oualid
Exposition Auguste Chabaud en Provence
Palais des Arts. Place Carli. Marseille.
Du 22 Mai au 12 Septembre 2010.
« Le Midi dont je relève, écrit Chabaud, n'est pas un pays d'opéra comique. Il est dépouillé, sobre, grave, réduit aux lignes essentielles de la construction rocheuse. C'est ainsi que l'ont peint les artistes de l'école provençale depuis Loubon, Guigou, Grésy, Engalière, et plus récemment Cézanne. A la suite de ces peintres, je peins à mon tour, à ma façon évidemment, mais dans la même tradition. »
Le paysage ici réduit à des formes simples cernées de traits noirs épais, met en valeur les cyprès, les collines, les bâtiments, les clochers, dans un chromatisme réduit, présidé par un bleu de Prusse éclatant, aux heures les plus intenses du jour.
Les scènes d'intérieurs s'appliquent à présenter des points de vue dignes d'instantanés photographiques comme les scènes de vie rurale qui mettent en scène l'épuisement des paysans au repos, ou les instants festifs : dans Les Farandoleurs(1928), par exemple, il nous invite, à la manière de Degas, à partager une expérience visuelle de spectateurs de danse folklorique sur une place de village. Il mêle ainsi à ses fragiles farandoleurs les présences très réalistes de jeunes travailleurs agricoles chapeautés, représentés de dos, au premier plan.
En revanche, les portraits de gitanes, de vieilles arlésiennes aux traits burinés par les ans, aux pommettes saillantes, au nez aquilin, expriment une volonté et une force exceptionnelles dans une mise en espace qui conserve l'empreinte du cubisme.
Certains tableaux, enfin, opèrent une étonnante dérive de l'image vers la stylisation des formes ou des gestes dans l'emploi d'un gris anonyme qui semble abstraire paysages, corps et visages (Mazet dans la Montagnette, Banataise devant la porte).
Mais, en définitive, dans la mesure où nous avons affaire à une peinture qui exalte le désir de survivre au sein de fortes traditions hostiles à l'uniformisation des langages et à la destruction des Cultures, il faut reconnaître qu'avec Chabaud, il s'agit de communier avant tout dans la passion d'un univers provençal inébranlable.
Philippe Oualid
Exposition Auguste Chabaud en Provence
Palais des Arts. Place Carli. Marseille.
Du 22 Mai au 12 Septembre 2010.