De l’Empire perse aux conquêtes d’Alexandre le Grand, de l’ex- pansion de l’Islam aux explorations chinoises et des aventures portugaises aux navigations hollandaises, c’est entre Méditerra- née et océan Indien que se sont déroulées les grandes aventures maritimes fondatrices du monde d’aujourd’hui. Riche de plus de deux cents œuvres provenant de cinquante musées et institu- tions, de Lisbonne à Singapour, l’exposition conduit le visiteur au croisement de l’or d’Afrique et de l’argent d’Occident, des ver- reries de Venise, des cotonnades indiennes, des porcelaines et des épices venues des mers de Chine.
L’exposition débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades, lequel ouvrira les voies d’un monde dont le destin se joue principalement à la bascule du XVe et du XVIe siècle. Les océans ont historiquement permis d’aller à la rencontre des autres, d’échanger et de commercer. Après avoir longtemps pensé la mer comme un espace périlleux, les hommes ont très tôt élaboré de multiples savoirs pour s’aventurer toujours plus loin et plus sûrement, à la recherche des trésors de l’Orient. Le développement des connaissances et des navigations exploratoires a permis de penser la géographie du monde dans son ensemble. Avec la belle énergie des pionniers, marins et commerçants se sont alors lancés sur les mers à la recherche de fortunes à faire, d’âmes à convertir, de nouveautés à découvrir.
Tout au long du Moyen Âge, l’océan Indien, d’où provenaient les produits les plus recherchés, a été le plus grand marché du monde, et le plus convoité. En se déployant, le commerce maritime a permis de brasser les marchandises, mais aussi les hommes, les religions, et les idées. Le monde s’est élargi, révélant peu à peu son immensité.
En reliant entre elles les différentes histoires des Cités, des États et des Empires, le parcours de cette exposition témoigne de leurs échanges, de leurs relations et, finalement, de leur devenir commun. En présentant, depuis la mer, les mille ans d’échanges et de rencontres qui précèdent ce que l’on appelle « les grandes découvertes », le Mucem invite le visiteur à déplacer son point de vue et à élargir son champ de vision. À l’heure où l’intensification des processus de mondialisation interroge notre avenir immédiat, cette exposition nous propose de prendre le temps de parcourir une histoire de l’Ancien Monde, tel qu’il est apparu aux premiers aventuriers des mers dans sa diversité et sa complexité, riche d’un avenir qui restait à construire.
L’exposition Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo a été présentée de novembre 2016 à février 2017 à l’Institut du monde arabe (Paris), dans une version principalement centrée sur les voyageurs arabes du Moyen Âge. L’exposition Aventuriers des mers. Méditerranée - océan Indien. VIIe - XVIIe siècle au Mucem fait la part belle aux Grandes Découvertes, et présente cinquante œuvres nouvelles provenant notamment de la Biblioteca Estense de Modène (Italie), de la Caixa Geral de Depósitos (Lisbonne), du Musée des Arts décoratifs de l’océan Indien (La Réunion) et du Kunsthistorisches Museum (Vienne).
L’exposition débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades, lequel ouvrira les voies d’un monde dont le destin se joue principalement à la bascule du XVe et du XVIe siècle. Les océans ont historiquement permis d’aller à la rencontre des autres, d’échanger et de commercer. Après avoir longtemps pensé la mer comme un espace périlleux, les hommes ont très tôt élaboré de multiples savoirs pour s’aventurer toujours plus loin et plus sûrement, à la recherche des trésors de l’Orient. Le développement des connaissances et des navigations exploratoires a permis de penser la géographie du monde dans son ensemble. Avec la belle énergie des pionniers, marins et commerçants se sont alors lancés sur les mers à la recherche de fortunes à faire, d’âmes à convertir, de nouveautés à découvrir.
Tout au long du Moyen Âge, l’océan Indien, d’où provenaient les produits les plus recherchés, a été le plus grand marché du monde, et le plus convoité. En se déployant, le commerce maritime a permis de brasser les marchandises, mais aussi les hommes, les religions, et les idées. Le monde s’est élargi, révélant peu à peu son immensité.
En reliant entre elles les différentes histoires des Cités, des États et des Empires, le parcours de cette exposition témoigne de leurs échanges, de leurs relations et, finalement, de leur devenir commun. En présentant, depuis la mer, les mille ans d’échanges et de rencontres qui précèdent ce que l’on appelle « les grandes découvertes », le Mucem invite le visiteur à déplacer son point de vue et à élargir son champ de vision. À l’heure où l’intensification des processus de mondialisation interroge notre avenir immédiat, cette exposition nous propose de prendre le temps de parcourir une histoire de l’Ancien Monde, tel qu’il est apparu aux premiers aventuriers des mers dans sa diversité et sa complexité, riche d’un avenir qui restait à construire.
L’exposition Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo a été présentée de novembre 2016 à février 2017 à l’Institut du monde arabe (Paris), dans une version principalement centrée sur les voyageurs arabes du Moyen Âge. L’exposition Aventuriers des mers. Méditerranée - océan Indien. VIIe - XVIIe siècle au Mucem fait la part belle aux Grandes Découvertes, et présente cinquante œuvres nouvelles provenant notamment de la Biblioteca Estense de Modène (Italie), de la Caixa Geral de Depósitos (Lisbonne), du Musée des Arts décoratifs de l’océan Indien (La Réunion) et du Kunsthistorisches Museum (Vienne).
Le saviez-vous ?
Les plus fortunées des femmes de l’Antiquité romaine portaient des vêtements en soie, importés de Chine. Il y a deux mille ans, Pline l’Ancien notait : « Cent millions de sesterces sont annuellement enlevés à notre empire par l’Inde, la Sérique (Chine), et la presqu’île Arabique, tant nous coûtent cher le luxe et les femmes ! » Ainsi, pendant des siècles, des aventuriers sont partis sur les mers à la recherche de l’or, des épices, de l’ivoire, de la porcelaine, de la soie et des bois précieux.
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les chrétiens sont certains de l’existence matérielle du paradis. C’est ainsi que, sur nombre des cartes géographiques de cette époque, le paradis terrestre est représenté comme un élément bien réel de la géographie.
Parmi les cartes de cette exposition, il est dessiné avec précision sur la mappemonde de Fra Mauro et sur la carte marine de Christophe Colomb, où il est représenté comme une île importante située au large de la Chine.
En traversant l’Atlantique, Christophe Colomb ne cherchait pas à découvrir l’Amérique. Son projet était de rejoindre les Indes par la route de l’Ouest.
C’est pourquoi nous appelons « Indiens » les peuples qu’il a rencontrés.
De 1405 à 1433, l’amiral chinois Zheng He mène sept expéditions jusqu’au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est. Depuis l’actuel Kenya, il rapporte une girafe à l’empereur. Les plus grands de ses navires étaient deux fois plus longs que ceux avec lesquels Christophe Colomb ira en Amérique, près d’un siècle plus tard.
En 1514, le sultan de Cambay offre un rhinocéros aux Portugais nouvellement arrivés dans l’océan Indien. L’animal voyage en bateau jusqu’à Lisbonne. Le roi du Portugal souhaite l’offrir au pape, et l’animal est remis dans un bateau. Dans son trajet vers Rome, le navire s’arrête à Marseille, et l’animal est déposé sur l'île d’If où il est présenté à François 1er. Le peintre Albrecht Dürer a réalisé un dessin célèbre de ce rhinocéros.
Le bézoard était réputé comme étant le plus puissant des contrepoisons. Au Moyen Âge, on les importait d’Inde à grand prix. Celui qui est présenté dans l’exposition au Mucem est entièrement entouré de filigrane d’or.
Fernand de Magellan (Fernaõ de Magalhães pour les Portugais) est le premier à vouloir réaliser le tour du monde, par la voie des océans. En 1519, il part avec 236 hommes, répartis sur cinq navires. Un seul navire réalisera le tour du monde, et ne reviendra, après trois ans sur les océans, qu’avec dix-huit des hommes embarqués au départ, et trois Indonésiens.
Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les chrétiens sont certains de l’existence matérielle du paradis. C’est ainsi que, sur nombre des cartes géographiques de cette époque, le paradis terrestre est représenté comme un élément bien réel de la géographie.
Parmi les cartes de cette exposition, il est dessiné avec précision sur la mappemonde de Fra Mauro et sur la carte marine de Christophe Colomb, où il est représenté comme une île importante située au large de la Chine.
En traversant l’Atlantique, Christophe Colomb ne cherchait pas à découvrir l’Amérique. Son projet était de rejoindre les Indes par la route de l’Ouest.
C’est pourquoi nous appelons « Indiens » les peuples qu’il a rencontrés.
De 1405 à 1433, l’amiral chinois Zheng He mène sept expéditions jusqu’au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est. Depuis l’actuel Kenya, il rapporte une girafe à l’empereur. Les plus grands de ses navires étaient deux fois plus longs que ceux avec lesquels Christophe Colomb ira en Amérique, près d’un siècle plus tard.
En 1514, le sultan de Cambay offre un rhinocéros aux Portugais nouvellement arrivés dans l’océan Indien. L’animal voyage en bateau jusqu’à Lisbonne. Le roi du Portugal souhaite l’offrir au pape, et l’animal est remis dans un bateau. Dans son trajet vers Rome, le navire s’arrête à Marseille, et l’animal est déposé sur l'île d’If où il est présenté à François 1er. Le peintre Albrecht Dürer a réalisé un dessin célèbre de ce rhinocéros.
Le bézoard était réputé comme étant le plus puissant des contrepoisons. Au Moyen Âge, on les importait d’Inde à grand prix. Celui qui est présenté dans l’exposition au Mucem est entièrement entouré de filigrane d’or.
Fernand de Magellan (Fernaõ de Magalhães pour les Portugais) est le premier à vouloir réaliser le tour du monde, par la voie des océans. En 1519, il part avec 236 hommes, répartis sur cinq navires. Un seul navire réalisera le tour du monde, et ne reviendra, après trois ans sur les océans, qu’avec dix-huit des hommes embarqués au départ, et trois Indonésiens.
Entretien avec Vincent Giovannoni, conservateur au Mucem et commissaire de l’exposition
« Le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les “héros”, nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges. »
Mille ans d’histoire, trois continents… Le propos de cette exposition paraît particulièrement vaste. Comment le résumer ?
« Cette exposition propose de considérer l’histoire, vue depuis la mer. Elle raconte mille ans d’histoire de l’« ancien monde », à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Elle débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades qui, régnant sur la mer Méditerranée et l’océan Indien, va permettre le développement du commerce maritime entre ces deux mondes.
L’océan Indien est alors le plus riche marché du monde, le plus désiré, aussi bien par les chrétiens que par les musulmans. C’est de là que proviennent les belles porcelaines, les plus belles soieries, c’est là que se trouvent les mines du roi Salomon dont parle la Bible… On développe donc diverses stratégies pour accéder à ce marché. Et puis, en commerçant, on rencontre « l’autre ». De l’histoire de ces rencontres, l’exposition n’élude ni l’esclavage, ni les tentatives d’évangélisation entreprises par les Européens. Elle raconte mille ans de projets commerciaux et, au final, de guerres économiques entre les deux mondes, orientaux et occidentaux. »
Cette exposition relève de « l’histoire connectée » : de quoi s’agit-il ?
« Il s’agit de sortir des histoires purement « nationales ». Et donc, par exemple, d’expliquer que Venise ou Constan- tinople ne se sont pas construites indépendamment du monde, mais bien au contraire du fait et dans le cadre de leurs relations aux autres cités, aux royaumes et aux empires. En commerçant, c’est-à-dire en échangeant avec le monde de leur époque. Ou encore de rappeler que la Sicile, de par sa situation géographique et de par son histoire, a été un royaume particulièrement puissant, tour à tour chrétien et musulman et, finalement, à l’interface entre ces deux grandes civilisations… Un ancien proverbe africain dit : « Le village d’un seul n’existe pas. » Cette idée est le point de départ de l’histoire connectée. »
L’exposition se déploie en trois parties. Dans la première, consacrée aux « Peurs de la mer », le visiteur se voit emporté entre tempêtes et monstres marins !
« Dans les temps anciens, la mer faisait peur. Afin de permettre au visiteur d’entrer dans les mentalités des hommes du Moyen Âge, nous avons scénographié cette peur de la mer avec la projection d’une véritable tempête (filmée par l’équipe de Yann Arthus-Bertrand) et la présentation d’une immense mâchoire de plus de deux mètres de haut, celle d’un Carcharodon megalodon, un ancêtre du requin disparu il y a 1,5 million d’années. Au Moyen Âge, lorsqu’on trouvait ce type de fossile, on était convaincu qu’il était celui d’un animal encore vivant, dans les mers ! On ne doutait pas qu’il existait des animaux de cinquante mètres de long avec des mâchoires gigantesques, capables d’engloutir d’une seule bouchée non seulement un humain, mais un navire tout entier. »
Dans la seconde partie, « Naviguer, une intelligence du monde », vous accordez une attention particulière à la cartographie…
« Les cartes marines permettent aux marins, et à ceux qui financent leurs expéditions, de se représenter les étendues à parcourir. Vers la fin du Moyen Âge, l’évolution de la cartographie est assez rapide et permet finale- ment de construire une image fidèle de la planète. Dans l’exposition, on peut par exemple citer la somptueuse carte de Fra Mauro, qui représente l’ensemble de l’Ancien Monde – Afrique, Europe, Asie – en 1459. À côté d’elle, on verra une photo prise en 2016 par la Nasa depuis l’espace : à cinq cents ans de distance, ces deux représentations sont quasiment identiques ! Il est fabuleux de réaliser qu’au XVe siècle, dans un monastère à Venise, des hommes aient eu une vision de la planète presque aussi précise que celle que la Nasa peut avoir aujourd’hui… »
Dans la dernière partie « Marchandises et convoitises », sont exposées quelques- unes des plus belles richesses de l’Ancien Monde…
« On y découvre en effet les objets parmi les plus somptueux qui, du VIIe au XVIIe siècle, ont motivé les marins à prendre la mer et à risquer leur vie : verres émaillés, métaux incrustés, pièces en ivoire ou en ébène, diamants, porcelaines, cotonnades…
Pour cette exposition, nous avons emprunté près de deux cents pièces dans une cinquantaine de musées à travers le monde, de Lisbonne à Singapour. Des pièces d’exception, de très haute valeur, dont un grand nombre n’a jamais été exposé en France. »
Dans cette exposition, on verra donc de l’or, de l’encens, de la soie, des épices… Mais finalement assez peu de navigateurs !
« Parmi les œuvres phares de l’exposition, je pourrais citer cette immense tapisserie du début du XVIe siècle sur laquelle est représentée l’arrivée de Vasco de Gama en Inde… Marco Polo, Magellan, Christophe Colomb, par exemple, sont également présents. Mais le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les « héros », nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges.
Dans l’exposition, nous présentons les œuvres des meilleurs artisans de l’ancien monde qui ont justifié le commerce lointain sur une période de mille ans : le travail de ces artisans (orfèvre, bijoutier, verrier, sculpteur, potier, tisserand ou ébéniste) est d’une très haute valeur, et leurs productions étaient recherchées par les puissants du monde entier. Ce qui nous importe enfin, c’est les relations interculturelles, les échanges entre les civilisations. Les pièces que nous montrons témoignent de la fascination que les produits de l’Orient exerçaient sur les hommes du Moyen Âge, et pour lesquels des empires se sont affrontés, cependant que les aventuriers des mers ouvraient de nouvelles voies, révélant peu à peu le monde dans son immensité, riche d’un avenir ouvert à tous les possibles. »
Mille ans d’histoire, trois continents… Le propos de cette exposition paraît particulièrement vaste. Comment le résumer ?
« Cette exposition propose de considérer l’histoire, vue depuis la mer. Elle raconte mille ans d’histoire de l’« ancien monde », à la croisée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Elle débute par la mise en place, au VIIe siècle, d’un empire des deux mers, celui des Omeyyades qui, régnant sur la mer Méditerranée et l’océan Indien, va permettre le développement du commerce maritime entre ces deux mondes.
L’océan Indien est alors le plus riche marché du monde, le plus désiré, aussi bien par les chrétiens que par les musulmans. C’est de là que proviennent les belles porcelaines, les plus belles soieries, c’est là que se trouvent les mines du roi Salomon dont parle la Bible… On développe donc diverses stratégies pour accéder à ce marché. Et puis, en commerçant, on rencontre « l’autre ». De l’histoire de ces rencontres, l’exposition n’élude ni l’esclavage, ni les tentatives d’évangélisation entreprises par les Européens. Elle raconte mille ans de projets commerciaux et, au final, de guerres économiques entre les deux mondes, orientaux et occidentaux. »
Cette exposition relève de « l’histoire connectée » : de quoi s’agit-il ?
« Il s’agit de sortir des histoires purement « nationales ». Et donc, par exemple, d’expliquer que Venise ou Constan- tinople ne se sont pas construites indépendamment du monde, mais bien au contraire du fait et dans le cadre de leurs relations aux autres cités, aux royaumes et aux empires. En commerçant, c’est-à-dire en échangeant avec le monde de leur époque. Ou encore de rappeler que la Sicile, de par sa situation géographique et de par son histoire, a été un royaume particulièrement puissant, tour à tour chrétien et musulman et, finalement, à l’interface entre ces deux grandes civilisations… Un ancien proverbe africain dit : « Le village d’un seul n’existe pas. » Cette idée est le point de départ de l’histoire connectée. »
L’exposition se déploie en trois parties. Dans la première, consacrée aux « Peurs de la mer », le visiteur se voit emporté entre tempêtes et monstres marins !
« Dans les temps anciens, la mer faisait peur. Afin de permettre au visiteur d’entrer dans les mentalités des hommes du Moyen Âge, nous avons scénographié cette peur de la mer avec la projection d’une véritable tempête (filmée par l’équipe de Yann Arthus-Bertrand) et la présentation d’une immense mâchoire de plus de deux mètres de haut, celle d’un Carcharodon megalodon, un ancêtre du requin disparu il y a 1,5 million d’années. Au Moyen Âge, lorsqu’on trouvait ce type de fossile, on était convaincu qu’il était celui d’un animal encore vivant, dans les mers ! On ne doutait pas qu’il existait des animaux de cinquante mètres de long avec des mâchoires gigantesques, capables d’engloutir d’une seule bouchée non seulement un humain, mais un navire tout entier. »
Dans la seconde partie, « Naviguer, une intelligence du monde », vous accordez une attention particulière à la cartographie…
« Les cartes marines permettent aux marins, et à ceux qui financent leurs expéditions, de se représenter les étendues à parcourir. Vers la fin du Moyen Âge, l’évolution de la cartographie est assez rapide et permet finale- ment de construire une image fidèle de la planète. Dans l’exposition, on peut par exemple citer la somptueuse carte de Fra Mauro, qui représente l’ensemble de l’Ancien Monde – Afrique, Europe, Asie – en 1459. À côté d’elle, on verra une photo prise en 2016 par la Nasa depuis l’espace : à cinq cents ans de distance, ces deux représentations sont quasiment identiques ! Il est fabuleux de réaliser qu’au XVe siècle, dans un monastère à Venise, des hommes aient eu une vision de la planète presque aussi précise que celle que la Nasa peut avoir aujourd’hui… »
Dans la dernière partie « Marchandises et convoitises », sont exposées quelques- unes des plus belles richesses de l’Ancien Monde…
« On y découvre en effet les objets parmi les plus somptueux qui, du VIIe au XVIIe siècle, ont motivé les marins à prendre la mer et à risquer leur vie : verres émaillés, métaux incrustés, pièces en ivoire ou en ébène, diamants, porcelaines, cotonnades…
Pour cette exposition, nous avons emprunté près de deux cents pièces dans une cinquantaine de musées à travers le monde, de Lisbonne à Singapour. Des pièces d’exception, de très haute valeur, dont un grand nombre n’a jamais été exposé en France. »
Dans cette exposition, on verra donc de l’or, de l’encens, de la soie, des épices… Mais finalement assez peu de navigateurs !
« Parmi les œuvres phares de l’exposition, je pourrais citer cette immense tapisserie du début du XVIe siècle sur laquelle est représentée l’arrivée de Vasco de Gama en Inde… Marco Polo, Magellan, Christophe Colomb, par exemple, sont également présents. Mais le Mucem étant un musée de civilisations, plutôt que de valoriser les « héros », nous faisons la part belle aux cultures, aux civilisations et aux échanges.
Dans l’exposition, nous présentons les œuvres des meilleurs artisans de l’ancien monde qui ont justifié le commerce lointain sur une période de mille ans : le travail de ces artisans (orfèvre, bijoutier, verrier, sculpteur, potier, tisserand ou ébéniste) est d’une très haute valeur, et leurs productions étaient recherchées par les puissants du monde entier. Ce qui nous importe enfin, c’est les relations interculturelles, les échanges entre les civilisations. Les pièces que nous montrons témoignent de la fascination que les produits de l’Orient exerçaient sur les hommes du Moyen Âge, et pour lesquels des empires se sont affrontés, cependant que les aventuriers des mers ouvraient de nouvelles voies, révélant peu à peu le monde dans son immensité, riche d’un avenir ouvert à tous les possibles. »
Réservations & renseignements
T 04 84 35 13 13—De 9h à 18h 7 j / 7
reservation@mucem.org / mucem.org
reservation@mucem.org / mucem.org