Anne Karthaus, Brigitte Manoukian, Françoise Laury : trois regards photographiques explorent la rue.
Bruits de fond, Anne Karthaus
Rue, artère, avenue, allée, chaussée, chemin, impasse, cul de sac... La rue qui définit un espace de circulation dans la ville et semble n’être destinée qu’à desservir les logements et les lieux d’activités des hommes... la rue, cet espace de « passage », est ponctuée de messages, de petits riens, qui font du bruit, appellent, crient aussi parfois...
Ces appels, ces bruits de fond montent à la surface sans cesser d’être fonds... mais ces bruits disent malgré tout, racontent les autres, tentent de nous dire qui ils sont, vivent, ressentent... par une déambulation patiente dans les rues des villes, j’ai décidé de récolter, de collectionner ces indices ... de ne plus rester aveugle, sourde aux bruits que font les autres...
… et Rose de la République, Brigitte Manoukian
Rue de la République : deuxième haussmanisation, la rue change et se pare de nouveaux décors, ceux d’un chantier qui doit la débarrasser de ses oripeaux, ceux-là deviendront fantômes. La rue se costume, elle est alors plus que jamais une scène de théâtre où se jouent des histoires, et aussi des drames : on ne sait plus où est la réalité et où est l’histoire, sur les murs ou sur les trottoirs… Il y a confusion et la rue prend un nouveau sens, à moins qu’elle ne cherche encore sa direction.
… et Rose
« - Je vous offre une glace ?
- Si vous voulez…
- Quel parfum ?
- Noix de coco, s’il vous plaît. »
Je pensais qu’elle était la dame de Lorette : elle est Rose d’Alger, dit-elle. Mais elle est aujourd’hui Rose de la République. Elle parcourt tous les jours la rue – sauf quand il y a le mistral … – et elle la descend jusqu’au Vieux Port puis la remonte. Elle a son couloir, – jamais je n’aborde les gens, non, je n’ose pas – et passe là et là, les décors de la rue l’accompagnent, Rose, individualité solitaire. Les fantômes ne peuvent disparaître, la rue leur appartient. C’est une histoire vraie.
Street pictures, Françoise Laury
Pratiquer la ville, partir à sa décou¬verte, c’est forcément emprunter la rue.
Sans destination précise, je passe d’une rue à l’autre en observant l’architecture qui la compose, sen¬sible au surgissement d’un objet d’une forme ou d’une couleur.
Tout au long de ce parcours visuel, Je perçois la rue comme une suite de tableaux différents avec toujours le même point de vue, celui du passant.
Rue, artère, avenue, allée, chaussée, chemin, impasse, cul de sac... La rue qui définit un espace de circulation dans la ville et semble n’être destinée qu’à desservir les logements et les lieux d’activités des hommes... la rue, cet espace de « passage », est ponctuée de messages, de petits riens, qui font du bruit, appellent, crient aussi parfois...
Ces appels, ces bruits de fond montent à la surface sans cesser d’être fonds... mais ces bruits disent malgré tout, racontent les autres, tentent de nous dire qui ils sont, vivent, ressentent... par une déambulation patiente dans les rues des villes, j’ai décidé de récolter, de collectionner ces indices ... de ne plus rester aveugle, sourde aux bruits que font les autres...
… et Rose de la République, Brigitte Manoukian
Rue de la République : deuxième haussmanisation, la rue change et se pare de nouveaux décors, ceux d’un chantier qui doit la débarrasser de ses oripeaux, ceux-là deviendront fantômes. La rue se costume, elle est alors plus que jamais une scène de théâtre où se jouent des histoires, et aussi des drames : on ne sait plus où est la réalité et où est l’histoire, sur les murs ou sur les trottoirs… Il y a confusion et la rue prend un nouveau sens, à moins qu’elle ne cherche encore sa direction.
… et Rose
« - Je vous offre une glace ?
- Si vous voulez…
- Quel parfum ?
- Noix de coco, s’il vous plaît. »
Je pensais qu’elle était la dame de Lorette : elle est Rose d’Alger, dit-elle. Mais elle est aujourd’hui Rose de la République. Elle parcourt tous les jours la rue – sauf quand il y a le mistral … – et elle la descend jusqu’au Vieux Port puis la remonte. Elle a son couloir, – jamais je n’aborde les gens, non, je n’ose pas – et passe là et là, les décors de la rue l’accompagnent, Rose, individualité solitaire. Les fantômes ne peuvent disparaître, la rue leur appartient. C’est une histoire vraie.
Street pictures, Françoise Laury
Pratiquer la ville, partir à sa décou¬verte, c’est forcément emprunter la rue.
Sans destination précise, je passe d’une rue à l’autre en observant l’architecture qui la compose, sen¬sible au surgissement d’un objet d’une forme ou d’une couleur.
Tout au long de ce parcours visuel, Je perçois la rue comme une suite de tableaux différents avec toujours le même point de vue, celui du passant.