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Exposition Zwy Milshtein à la Galerie claire Corcia, Paris, du 4 juin au 17 juillet 2015

Zwy Milshtein est le Woody Allen de la peinture ! Peintures et dessins inédits à la Galerie Claire Corcia


Exposition Zwy Milshtein à la Galerie claire Corcia, Paris, du 4 juin au 17 juillet 2015
Zwy Milshtein peint la vie !
L'enfance, la femme, l’amour, l’alcool sont au cœur de sa peinture. La musique, la frénésie de l’existence et les discussions animées se bousculent sur la toile. Le trait nerveux, intense, vital traduit l’énergie qui l’anime. La tâche d’encre, les coulures, l’éclaboussure du vin rouge renversé accompagne l’histoire de ses personnages et est prétexte à expérimentations formelles mêlant collages, écriture, photos, mélange des matières et des couleurs. Le rouge se heurte au noir et blanc. Le chat noir, compagnon fidèle, se glisse dans presque chacune des œuvres…

« Au départ d’une œuvre, je n’ai rien d’autre en tête que des impressions instantanées.
Je vais là où la main m’emmène. Elle agit automatiquement et il en ressort des choses essentielles, profondes, sans passer par un processus conscient. En dessin comme en peinture, laisser s’exprimer la main, c’est la chose la plus raisonnable à faire… Ce qui me paraît important, c’est le geste car j’ai été particulièrement touché par les graffitis du métro de New-York dont j’ai subi l’influence et surtout l’esprit de rapidité dès les années soixante »
explique Zwy Milshtein.

Le visage est omniprésent dans l’œuvre de Zwy Milshtein.
« …Le visage dans la vie,
c’est ce qu’on voit le plus souvent :
en sortant de la rue,
en prenant le métro,
en fait, partout.
Je suis assez voyeur,
j’aime regarder les gens
et leurs expressions.
Sur leurs visages
je lis leur vie,
leur passé,
mais pour moi,
à ma façon.
Je les interprète,
je me raconte
des histoires,
j’imagine… »

Zwy Milshtein

« La seconde guerre mondiale hante mon œuvre. Je n’y peux rien ! Elle revient à chaque fois ! » explique Zwy Milshtein.

L’artiste est la figure incarnée du juif errant.
Zwy Milshtein naît à Kichinev en Moldavie en 1934.
En 1940, son père est arrêté par les soviets et leur maison confisquée. Il est envoyé au goulag en Sibérie et n’en reviendra pas.
Entre ses 6 ans et ses 11 ans, Zwy Milshtein vit une véritable odyssée. Il doit quitter sa Moldavie natale en 1940 avec sa mère et son frère sous les bombardements nazis et ils sillonnent la région entre mer Noire et mer d’Aral avant de trouver refuge en Géorgie en 1943 chez une parente, épouse du cousin de Staline, dans l’espoir d’obtenir la libération de leur père du goulag. Mais en vain. En 1947, la famille passe un an à Chypre avant de pouvoir entrer en Israël en 1948.
Dès l’enfance, la peinture l’accompagne. Zwy suit des cours de dessin en Géorgie, en Bulgarie, à Chypre puis en Israël à Jérusalem et Tel Aviv. Il fréquente alors les poètes Nathan Ziac et Israël Pincas. En 1956, il obtient une bourse d’études qui lui permet de venir à Paris où il entre à l’Ecole des Beaux-Arts et fait la connaissance du poète Jean Paulhan. En 1958, il rencontre katia Granoff qui l’expose dans sa galerie à Paris. Le dessin, la ligne sont au cœur de son approche picturale. Il aime la toile mais aussi le papier. A partir de 1962, fidèle au médium de la peinture, ses œuvres deviennent néanmoins composites. Il y intègre divers éléments, morceaux de bois, objets,papiers, telles des installations. Avant que le Musée d’Art moderne de Paris et la Bibliothèque nationale ne lui consacrent une rétrospective de gravures, Zwy Milshtein réalise en 1978 une suite de 10 lithographies au Centre Georges Pompidou pour l’exposition Kafka. Elles témoignent de sa dextérité et de son amour pour les prouesses techniques.
Pour ses expositions aux Musées de Troyes et de Montbéliard, d’Odense et de Goteborg, il réalise en 1986 une suite de très grandes gouaches sur papier (4,6 et 8 mètres sur 2 m).Les sujets y sont légers et témoignent d’une intimité ressouvenue, avec des éléments aussiincongrus que des poireaux et des œufs au plat qui volent.
Ses démarches sont expérimentales. C’est un touche à tout ! En 2000, la sculpture traverse son oeuvre. Elle témoigne de son esprit Panique, groupe qu’il rejoint invité par Topor. Dès 1986, il s'intéresse à l'infographieen réalisant des dessins sans souris ni palette graphique, au moyen de calculs. Avec l'aide d’Epson, il met au point une technique de digigraphie en 2002 qui lui permet de produire des estampes en couleur d'une qualité surprenante.

En 2006, plusieurs expositions importantes lui sont consacrées, notamment à laRéserve Area où l’on découvre ses Boîtes à secrets.
“Fées et petites Merveilles” est une exposition d’envergure présentée en 2007 à l’Orangerie du Sénat à Paris, réunissant une cinquantaine d’oeuvres réalisées en 2006 par l’artiste. Parmi les plus importantes figurent des peintures à l’huile et à l’acrylique sur toile mesurant 6 m x 8 m.

Zwy Milshtein est aussi le peintre de la mémoire.
« Faites entrer le témoin de la clarté »
dit, à l’huissier, le juge du jour. Et
le tribunal fut aussitôt
inondé de lumière.
« Faites entrer le témoin de l’obscurité»
dit, à l’huissier, le juge de la nuit. Et
le tribunal fut aussitôt
plongé dans les ténèbres.
Savaient-ils, déjà, l’un et l’autre,
que c’était le procès de la mémoire
qui allait se dérouler devant eux ? »
Edmond Jabès, « Zwy Milshtein, écrits et acide », éd Marval, Paris, 1989

Le souvenir et la mélancolie hantent son œuvre mais avec humour, distance et ironie.
« J’aime l’anecdote et j’adore rire. Parfois, un rire se mêle à ma peinture. Sans que je sois sûr que j’aime ça. Mais, on ne peut survivre sans humour. Les choses les plus tragiques passent avec l’humour. Dans la culture juive d’Europe centrale, cela prend une place énorme. Et puis il y a une langue aujourd’hui décédée, le yiddish, une belle langue humoristique où chaque phrase incite à rire. Une langue qui est une échappatoire à la dureté de la vie… » explique Zwy Milshtein.

Claire Corcia
Mis en ligne le Vendredi 22 Mai 2015 à 14:44 | Lu 764 fois

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