Festival Liszt en Provence : Franz Liszt reçoit William Wallace (1812-1865) en concert de gala. Par Jacqueline Aimar

Le festival Liszt en Provence accueille cet été un compositeur mort il y a juste cent cinquante ans, William Vincent Wallace, dont la vie a été pour le moins mouvementée. Château St-Estève, Uchaux, le 12 août 2015.



Exact contemporain de Franz Liszt, (1811-1886) - le compositeur qui donne sa raison d’être au festival à Uchaux -, Wallace a été un grand voyageur, n’hésitant pas, en ces époques de courses à grands risques, à se rendre jusqu’en Australie, et à voyager en Amérique du sud. Il a même dirigé l’opéra italien de Mexico. L’homme est cultivé et compose une série d’opéras dont Maritana, Matilde de Hongrie, tout comme des œuvres pour piano. Après un second mariage aux Etats-Unis, il est citoyen américain, mais meurt presque aveugle et ruiné à Sauveterre-de-Comminges, dans les Pyrénées.
Etrange et riche destin.

Autre fait marquant de cette soirée, la présence de Richard Bonynge, chef d’orchestre de grande renommée et spécialiste du bel canto : il a été le mari de dame Joan Sutherland que bien des amateurs d’opéra considèrent comme incomparable et irremplaçable pour sa voix exceptionnelle. Richard Bonynge est au piano avec Rosemary Tuck, pianiste également à l’opéra de Sydney. Avec eux Vérène Andronikof qui va représenter par la voix, la présence de l’opéra lors de cette soirée.

Une Grande fantaisie de Wallace et Verdi, en fait l’ouverture des Lombards, en début de programme et pour piano à quatre mains, nous livre quantité de thèmes et de variations un peu glorieuses à la manière Verdi. Puis vient le chant de Vérène Andronikof évoquant les elfes, en une musique très anglaise. Des airs de Massenet mettent en valeur la voix légère de l’interprète pour cette musique bien française, un peu floue bien que construite.
Les pièces de Liszt évoquant Venise et Naples paraissent en contraste plus naïves et chantantes, en une musique brodée et rapide ; Rosemary Tuck au piano fait montre de maestria et de délicatesse même si elle paraît parfois manquer un peu de puissance. Quant à la Tarentella de Liszt, elle représente les difficultés accumulées, comme à l’ordinaire, changements de mains et de tonalités, évoquant petits grelots et sonnettes, thèmes indéfiniment repris comme Liszt sait si bien le faire.
La fantaisie sur Adélaïde de Czerny et Beethoven autre transcription, s’avère l’œuvre la plus équilibrée mais le spectateur ressent un curieux effet de manque : deux pianistes peinent à faire croire à un orchestre et il manque au tout une voix, la voix de Vérène Andronikof. Une Fantaisie sur Lurline, partition à quatre mains, plaisante, met Osborne et Wallace aux mains de Rosemary Tuck et Richard Borynge en une pluie de notes et de thèmes ; fantaisies et variations prennent par moments des airs de musique de salon bourgeois du XIXe siècle.

Si ce concert rare et original a permis de faire rencontrer au public des interprètes venus de loin et une voix attachante, il a aussi démontré que le fait d’être un contemporain n’a pas suffi à faire d’un William Wallace un Franz Liszt. Mais il a aussi mis en évidence la difficulté de faire, au travers de seules transcriptions, de véritables œuvres.
Jacqueline Aimar


Prochains concerts :
Francesco Libetta piano, le 21 août ; Tatiana Samouil violon, et Irina Lankova piano, le 20 septembre.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 17 Aout 2015 à 17:23 | Lu 502 fois
Pierre Aimar
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