D’emblée la musique donne l’impression de mystère voulue par Berlioz : trois reprises du même arpège, ensuite enrichi et commençant par le mot Requiem, suivi de la superposition et savante alternance des voix de femmes et d’hommes avec des basses nombreuses et puissantes.
Ce sont les Chœurs Dumka, de l’Académie Nationale de Kiev, 48 hommes en noir, et 48 femmes en longues aubes blanches, accompagnés par l’orchestre symphonique de la philharmonique nationale d’Ukraine, dirigés par Mykola Dyadyura, que nous avions déjà entendus et appréciés pour leur interprétation soignée et très fignolée. Et que nous retrouvons dans cette œuvre grandiose, ou le compositeur français a visiblement voulu jouer de puissance et faire naître la crainte. Comme dans ce Kyrie eleison suivi de son final infernal et sombre, comme de noir vêtu. Le texte dit «lorsque la terre sera frappée de stupeur…» eh bien elle l’est, car les sons et les voix montent à faire trembler les murs de l’abbatiale de la Chaise-Dieu, qui pourtant a dû en entendre d’autres. Après l’éclatement du Tuba Mirum, il reste à peine un murmure d’abeille frottée sur les cordes et l’orchestre semble garder la voix enrouée.
Ce Requiem apparaît, bien longtemps à l’avance, comme une musique pour un grand film, celui de la vie et la mort qui se joue d’effets et de contrastes, d’oppositions violentes, de silences, de cris d’appels et de murmures tout à coup devenus sereins puis sombrant avec le Salva me au plus profond de l’angoisse. Lors du Sanctus, les femmes en blanc qui répondent au soliste ont la voix si pure qu’on leur imagine bientôt des ailes, tant la musique est légère, éthérée presque divine; la voix du soliste, le ténor Florian Laconi, leur répond, belle voix mais on le regrette bien isolée dans cette œuvre. Berlioz ne rejette rien, ni les effets de cymbales en frémissement à la manière d’un tremblement de terre, ni la douceur attendrie du Sanctus à la manière d’un Noël. Avec l’amen très long, très doux, ce Requiem enfin trouve sa paix et… son repos.
Jacqueline Aimar
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Ce sont les Chœurs Dumka, de l’Académie Nationale de Kiev, 48 hommes en noir, et 48 femmes en longues aubes blanches, accompagnés par l’orchestre symphonique de la philharmonique nationale d’Ukraine, dirigés par Mykola Dyadyura, que nous avions déjà entendus et appréciés pour leur interprétation soignée et très fignolée. Et que nous retrouvons dans cette œuvre grandiose, ou le compositeur français a visiblement voulu jouer de puissance et faire naître la crainte. Comme dans ce Kyrie eleison suivi de son final infernal et sombre, comme de noir vêtu. Le texte dit «lorsque la terre sera frappée de stupeur…» eh bien elle l’est, car les sons et les voix montent à faire trembler les murs de l’abbatiale de la Chaise-Dieu, qui pourtant a dû en entendre d’autres. Après l’éclatement du Tuba Mirum, il reste à peine un murmure d’abeille frottée sur les cordes et l’orchestre semble garder la voix enrouée.
Ce Requiem apparaît, bien longtemps à l’avance, comme une musique pour un grand film, celui de la vie et la mort qui se joue d’effets et de contrastes, d’oppositions violentes, de silences, de cris d’appels et de murmures tout à coup devenus sereins puis sombrant avec le Salva me au plus profond de l’angoisse. Lors du Sanctus, les femmes en blanc qui répondent au soliste ont la voix si pure qu’on leur imagine bientôt des ailes, tant la musique est légère, éthérée presque divine; la voix du soliste, le ténor Florian Laconi, leur répond, belle voix mais on le regrette bien isolée dans cette œuvre. Berlioz ne rejette rien, ni les effets de cymbales en frémissement à la manière d’un tremblement de terre, ni la douceur attendrie du Sanctus à la manière d’un Noël. Avec l’amen très long, très doux, ce Requiem enfin trouve sa paix et… son repos.
Jacqueline Aimar
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