Festival pour l'humanité, Lyon, du 15 mars au 3 avril 2016

Benjamin, dernière nuit ; La Juive ; L'Empereur d'Atlantis
 ; Brundibár


Entretien avec Serge Dorny, directeur de l’opéra de Lyon

Un festival au milieu de la saison, pour quoi faire ? Pourquoi cette idée ?
C’est un moment de fête d’opéra dans la ville et la région, où l’Opéra devient une sorte de « piazza », un lieu de rencontre au cœur de la cité, avec un thème central de débat : cette année, le débat sur « l’autre ». Dire « Pour l’humanité », c’est dire en réalité « reconnaître l’autre ». Il est important pour moi que l’opéra soit au centre de la société, et non à sa périphérie ; qu’il participe à l’articulation sociale, qu’il ait un sens politique au sens premier du terme (la polis, c’est la cité). Ainsi l’opéra démontre toute sa pertinence et son actualité.

Quel est le lien entre les thématiques variées des festivals précédents et celui-là ?
Nos festivals ont souvent traité de thèmes contemporains, par exemple l’addiction ou la peine de mort. D’abord, je voulais intituler le festival 2016 « L’Autre », puis les événements de janvier m’ont incité à changer ce titre en « Pour l’humanité » ; les événements du 13 novembre ont encore rendu cette thématique plus brûlante, et plus nécessaire : « Pour l’humanité » c’est une réponse à tout ce et à tous ceux qui agissent contre l’humanité.

Justement, pourquoi « Pour l’humanité » et non « pour l’homme » ou « pour l’humain » ?
Parce que « Pour l’humanité » est une formulation beaucoup plus générale, qui englobe l’individu et la collectivité – l’universalité.

Il y a au programme quatre œuvres très différentes, mais qui toutes posent la question du droit à la liberté et du droit à l’existence, pourquoi ce choix ?
J’ai essayé de choisir des œuvres de périodes différentes, XIXe avec Halévy, première moitié du XXe siècle avec Krása et Ullmann, et une œuvre d’aujourd’hui. Nous aurions d’ailleurs pu choisir d’autres ouvrages de siècles antérieurs car le
thème traverse toute l’histoire : pas de frontières géographiques ni temporelles, mais des œuvres venues d’horizons différents et qui évoquent les mêmes questions : La Juive de Halévy, les deux œuvres créées au camp de Terezín, même si Brundibár est antérieur à la Deuxième Guerre mondiale, et la création de Michel Tabachnik et Régis Debray autour de Walter Benjamin.

Justement, pourquoi le choix de Régis Debray comme librettiste de cette création ?
Parce que c’est un grand défenseur de l’homme Walter Benjamin et de son héritage. Il connaît bien l’écrivain et il aime son œuvre, c’est de là qu’est venue l’idée de lui commander une œuvre. De plus, j’apprécie beaucoup les écrits de Régis Debray qui est resté un révolutionnaire alors que la révolution est passée. La rencontre avec lui m’a impressionné et j’ai décidé de lui confier le livret. Il a composé un livret « opératique », qui possède une tension dramatique adaptée à une œuvre lyrique. J’ai demandé la musique à Michel Tabachnik parce que je voulais un compositeur qui ait une écriture éclectique, permettant de dépeindre des situations et des environnements sonores très différents – russe, israélien, berlinois, français. Michel Tabachnik maîtrise une écriture électroacoustique et sérielle, mais aussi concrète, à la fois tonale et atonale, qui peut s’inspirer de la musique russe ou de Kurt Weill pour produire un langage très personnel.

Parmi les autres œuvres, deux petits formats, œuvres redécouvertes ces dernières années, et un très grand format, La Juive, pas joué en France depuis 1934 et qui avait connu un énorme succès au XIXe siècle. Ce sont, en quelque sorte, presque des nouveautés.
Il y a eu un grand silence sur ces œuvres dont certaines ne furent jamais jouées (L’Empereur d’Atlantis n’a connu que la répétition générale) et qu’on redécouvre dans les années 1980, ou même plus tard pour La Juive : l’Opéra de Paris la reprend en 2007 alors qu’elle a été jouée à Paris et en Europe plusieurs centaines de fois entre la création (1835) et 1934.
Ce silence est dû aux effets directs et indirects du nazisme. Le nazisme est aussi au cœur de la création sur Walter Benjamin. Benjamin, dernière nuit, se passe à Port Bou, dans cette petite ville-frontière où Benjamin, qui essaie de fuir, décide de se suicider, puisque l’Espagne prépare un décret (qui ne sera jamais appliqué) pour renvoyer les réfugiés en France.

Benjamin, dernière nuit
Création de Michel Tabachnik, livret de Régis Debray
Direction musicale : Bernhard Kontarsky - Mise en scène : John Fulljames
Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon



Mars 2016
Mardi 15 20h - Vendredi 18 20h - Dimanche 20 16h - Mardi 22 20h - Jeudi 24 20h - Samedi 26 20h

La Juive

J.F. Halévy, nouvelle production
Direction musicale : Daniele Rustioni - Mise en scène : Olivier Py. 
Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon



Mars 2016
Mercredi 16 19h30 - Samedi 19 19h30 - Mercredi 23 19h30 - Vendredi 25 19h30 - Mercredi 30 19h30
Avril 2016
Vendredi 1er 19h30 - Dimanche 3 16h

L'Empereur d'Atlantis

V.Ullmann

Direction musicale : Vincent Renaud - Mise en scène : Richard Brunel

Orchestre et Studio de l'Opéra de Lyon

Au TNP - Villeurbanne



Mars 2016
Jeudi 17 20h - Dimanche 20 15h30 - Lundi 21 20h - Mercredi 23 20h

Brundibár

H. Krasa, nouvelle production
Direction musicale : Karine Locatelli - Mise en scène : Jeanne Candel
Orchestre, Studio et Maîtrise de l'Opéra de Lyon

Au Théâtre de la Croix-Rousse

Mars 2016
Mardi 29 18h30 - Mercredi 30 18h30 - Jeudi 31 18h30
Avril 2016
Vendredi 1er 19h30 - Samedi 2 avril 15h - Samedi 2 19h30 - Dimanche 3 15h

Pratique

Place de la Comédie
BP 1219
69203 Lyon cedex01
France
TEL : 04 69 85 54 54

Billetterie ouverte du mardi au samedi, de 12h à 19h.
billetterie@opera-lyon.com


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 19 Janvier 2016 à 20:22 | Lu 384 fois
Pierre Aimar
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