Galerie MAGNIN-A : Nathalie Boutté, "Way Down South", exposition du 11 mai au 31 juillet, Paris

La galerie MAGNIN-A présente jusqu’au 31 juillet 2020, la première exposition personnelle en France de Nathalie Boutté.


Pour cette exposition intitulée « Way Down South », Nathalie Boutté revisite les portraits d’africains américains du fonds de photographies de Rufus W. Holsinger, photographe blanc américain installé en Virginie aux Etats-Unis en 1880.
Dans cet état du Sud des Etats Unis appliquant les lois de ségrégation raciale, Rufus W. Holsinger tire le portrait, indistinctement, des noirs et de blancs.

Pour cette nouvelle série d’œuvre, l’imaginaire de Nathalie Boutté mêlent des mots imprimés sur des livres, des paroles de chansons, des titres d'œuvres, des parties de sa mémoire, de la mémoire de ceux dont elle utilise le portrait ou de ceux qui ont utilisés ces matériaux avant elle et qu'elle s'approprie. Elle documente une époque et se joue des temporalités, le passé est une présence quotidienne et une source d’inspiration.
Projetées dans notre réalité ces œuvres ainsi rassemblées peuvent servir de contre-récit à la réalité historique de la ségrégation.
Devant l’objectif de Rufus W. Holsinger, blancs et noirs sont égaux. Sous les doigts de Nathalie Boutté, leur couleur de peau n’apparaît plus comme un élément constitutif de leur position sociale. Seuls leur regard et leur présence au milieu du plumage des languettes dominent.

La création artistique contemporaine n’est pas que concept et protocole.
Des artistes puisent aussi leur énergie dans le geste et le travail de la matière. Nathalie Boutté préfère à « l’hyper-immédiateté » d’un acte créatif, le temps long. Ni photographe, ni sculpteur, ni peintre les collages de Nathalie Boutté sont pourtant tout cela à la fois. L’artiste dessine en sculptant le papier, donnant naissance à des créations tridimensionnelles. L’artiste s’intéresse aux photographies anciennes, et surtout aux portraits d’anonymes, et réinvente ces images du passé en assemblant minutieusement des languettes de papier une à une pour recréer les portraits. Son travail, indissociable du collage comme de la photographie, se situe à la rencontre de ces pratiques de fixation et de création d’une image. De près, le regard se perd dans un enchevêtrement de lettres. L’image reconstituée se dévoile au fur et à mesure que l’on s’en éloigne et que l’œil s’accommode aux collages.

Galerie MAGNIN-A
118 Boulevard Richard Lenoir
75011 Paris


Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 19 Juin 2020 à 13:47 | Lu 365 fois
Pierre Aimar
Dans la même rubrique :