Et bravo à Denis Marleau, Stéphanie Jasmin les directeurs artistiques, et à la compagnie Ubu ! Bravo d’avoir quelque peu ranimé la pièce en insistant sur le sourire et l’humour, en redonnant à toutes ces femmes, un vrai souci de faire rire : à Henriette celle qui veut juste un mari et des marmots d’enfants, à celles qui veillent aux étoiles et aux astres grâce à une longue lunette là-haut à la fenêtre et prétendent refaire la société, Armande et Philaminte et à celle aussi qui voit partout l’amour et des amants, Bélise. Qui ne dédaigne pas quelque petit verre pour meubler ses amours défaillantes !
Atmosphère bien précisée dans cette maison savante : partout on lit et surtout les deux valets, vrais sportifs de la lecture.
Peut-être aussi l’époque choisie pour faire vivre Molière, les années 60, et leurs excès dans la mode juponnante contribuent-ils à ce sourire renouvelé.Toutes ces filles en bleu dont les jupons dansent autour d’elles, s’opposent à un Chrysale fatigué et négligé, à un Ariste dandy et surtout à Trissotin en image de mode et costume de lin sous sa tignasse quelque peu exubérante et dans les mœurs du siècle, précieuse !
Toujours est-il qu’avec surprise j’ai découvert que Molière était plus qu’un excellent observateur de la société, plus qu’un psychologue amusé ; mieux qu’un simple bâtisseur d’intrigue et de situations : il est aussi un auteur drôle .
A mon petit-fils qui a découvert Molière cette année, en seconde, j’aurais aimé offrir ce regard amusé de Denis Marleau, ces ajouts de mise en scène, un bassin-piscine et un vélo inattendus, tout comme cette insolente vespa dont le ronron fait sourire.
Et à ce père qui disait à son fils en quittant le spectacle « ce texte est bien difficile et Molière ne sait pas dire les choses simplement », je répondrais comme son fils l’a fait « mais papa, j’ai tout très bien compris, c’était la langue de l’époque ».
Même s’il faut cependant constater des lenteurs dans le troisième acte, placées là pour la construction et qui éloignent le dénouement, comme toujours chez Molière. Même s’il faut subir la gêne venue de la tenue de Clitandre qui ne signifiait rien et a paru sans lien avec sa présence à la Cour dont parle Trissotin.
Henri Chassé, en velléitaire qui s’affirme, ne manquait pas d’allure, ni Philaminte dans son autorité affirmée. Mais la plus insolente, encore enfantine et têtue et déjà femme amoureuse résolue, Muriel Legrand, petite Henriette un brin gamine, a résumé tout son personnage en une phrase remarquablement jetée au public et qui a fait mouche : « point, je ne les entends pas ». Ce qui signifiait : je n’écoute rien de ces propos savants et artificiels qui ne me concernent pas.
S’il est vrai que la pièce est une des meilleures du dramaturge, une des plus vivantes et qu’elle peut encore contribuer à dénouer la situation des femmes dans bien des pays, il faut reconnaître que le spectacle donné sur la superbe terrasse du château de Grignan, après bien d’autres œuvres, les Précieuses Ridicules, Dom Juan, prend toute sa sous le regard de son metteur en scène, Denis Marleau ; un regard juste assez extérieur pour réveiller le siècle et les mots de Molière, et qui les fait bien vifs et tout ragaillardis.
Peut-être la faute aux étoiles ou au clair de lune sur cette façade dorée et bien ordonnée du château de Grignan…
Et puis Molière et Marleau s’éloignent ; à Montréal en octobre et au Québec du 15 novembre au 15 décembre.
Jacqueline Aimar
Atmosphère bien précisée dans cette maison savante : partout on lit et surtout les deux valets, vrais sportifs de la lecture.
Peut-être aussi l’époque choisie pour faire vivre Molière, les années 60, et leurs excès dans la mode juponnante contribuent-ils à ce sourire renouvelé.Toutes ces filles en bleu dont les jupons dansent autour d’elles, s’opposent à un Chrysale fatigué et négligé, à un Ariste dandy et surtout à Trissotin en image de mode et costume de lin sous sa tignasse quelque peu exubérante et dans les mœurs du siècle, précieuse !
Toujours est-il qu’avec surprise j’ai découvert que Molière était plus qu’un excellent observateur de la société, plus qu’un psychologue amusé ; mieux qu’un simple bâtisseur d’intrigue et de situations : il est aussi un auteur drôle .
A mon petit-fils qui a découvert Molière cette année, en seconde, j’aurais aimé offrir ce regard amusé de Denis Marleau, ces ajouts de mise en scène, un bassin-piscine et un vélo inattendus, tout comme cette insolente vespa dont le ronron fait sourire.
Et à ce père qui disait à son fils en quittant le spectacle « ce texte est bien difficile et Molière ne sait pas dire les choses simplement », je répondrais comme son fils l’a fait « mais papa, j’ai tout très bien compris, c’était la langue de l’époque ».
Même s’il faut cependant constater des lenteurs dans le troisième acte, placées là pour la construction et qui éloignent le dénouement, comme toujours chez Molière. Même s’il faut subir la gêne venue de la tenue de Clitandre qui ne signifiait rien et a paru sans lien avec sa présence à la Cour dont parle Trissotin.
Henri Chassé, en velléitaire qui s’affirme, ne manquait pas d’allure, ni Philaminte dans son autorité affirmée. Mais la plus insolente, encore enfantine et têtue et déjà femme amoureuse résolue, Muriel Legrand, petite Henriette un brin gamine, a résumé tout son personnage en une phrase remarquablement jetée au public et qui a fait mouche : « point, je ne les entends pas ». Ce qui signifiait : je n’écoute rien de ces propos savants et artificiels qui ne me concernent pas.
S’il est vrai que la pièce est une des meilleures du dramaturge, une des plus vivantes et qu’elle peut encore contribuer à dénouer la situation des femmes dans bien des pays, il faut reconnaître que le spectacle donné sur la superbe terrasse du château de Grignan, après bien d’autres œuvres, les Précieuses Ridicules, Dom Juan, prend toute sa sous le regard de son metteur en scène, Denis Marleau ; un regard juste assez extérieur pour réveiller le siècle et les mots de Molière, et qui les fait bien vifs et tout ragaillardis.
Peut-être la faute aux étoiles ou au clair de lune sur cette façade dorée et bien ordonnée du château de Grignan…
Et puis Molière et Marleau s’éloignent ; à Montréal en octobre et au Québec du 15 novembre au 15 décembre.
Jacqueline Aimar