Guichets fermés pour l’ensemble Correspondances au Festival Labeaume en musiques (2011)

L’église de Labeaume était trop petite ce soir-là pour accueillir l’Ensemble Correspondances et ses douze musiciens et chanteurs sous la direction de Sébastien Daucé, interprétant des Psaumes et Motets de Marc-Antoine Charpentier.


Ensemble Correspondances © P. Aimar
Un compositeur assez oublié bien que chacun ait encore à l’oreille le fameux indicatif glorieux de l’Eurovision qui annonçait les grands événements télé souvent assorti de la voix mâle de Léon Zitrone.
Les musiciens de l’Ensemble Correspondances se sont réunis autour de Sébastien Daucé en 2006 après des études communes au Conservatoire national supérieur de musique à Lyon. Ils se consacrent principalement à la musique sacrée française du XVIIe siècle. La vie musicale d’alors, d’une richesse insoupçonnée aujourd’hui, a donné lieu à un grand nombre de chefs-d’œuvre, particulièrement en musique sacrée. Ces partitions, très peu éditées, ne demandent que l’enthousiasme et l’énergie de jeunes musiciens passionnés pour reprendre vie.
Leur premier enregistrement « O Maria ! », motets et psaumes de Charpentier, leur a valu les éloges de la critique musicale spécialisée et constituait le programme de ce concert du 3 août dans l’église de Labeaume où l’Ensemble Correspondances venait par ailleurs d’enregistrer en mars, L’Archange et le Lys, messe et motets d’Antoine Boësset
Le programme « O Maria ! » comportait une dizaine d’œuvres par lesquelles toutes les qualités des interprètes ont pu se révéler dès l’Ouverture pour l’église, chantante et chaude, se poursuivant avec In Odorem onguentorem, interprété par une jolie voix claire et bien galbée, avant le Beati Omnes ; là, se mêlent trois voix de femmes et une voix d’homme pour un psaume élégant et raffiné comme en connaissait le XVII e siècle. Les quatre choristes vont se révéler émouvants en ces dialogues où alternent des sopranos délicates, une très belle basse et des instruments présents et significatifs, la basse de viole et de violon, le théorbe tellement remarquable par sa forme allongée. Ils chantent à quatre comme pourraient le faire trente choristes et emplissent facilement l’église avec puissance.
Dans le Prélude pour ce qu’on voudra, tout est au contraire très doux et harmonieux, se faisant velouté et tendre ; une musique d’émotion et de paix quand parfois les flûtes enlacent les voix. Sébastien Daucé tient tour à tour orgue et clavecin,- notons qu’ il a été l’élève de Kenneth Weiss avec qui il a interprété Didon et Enée de Purcell et que nous avions déjà pu entendre dans ce même festival de Labeaume.
L’ensemble Correspondances s’est produit en France, en Suisse et au Japon et récemment dans le cadre du Festival de Saintes, du Festival d’Utrecht, du Festival baroque de Pontoise, de Fontevraud, et au Printemps des Arts de Nantes. Ses incontestables qualités d’unité, de finesse dans ces interprétations difficiles si nuancées, dans la délicatesse des voix féminines confirment, s’il en est besoin, la valeur de ces musiciens baroques.
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 13 Aout 2011 à 16:43 | Lu 803 fois
Pierre Aimar
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