Guillaume Tell, de Rossini, opéra de Lyon du 7 au 17 octobre 2019

Exigeante cosmogonie symphonique, soliste, chorégraphique et chorale, cet opéra-fleuve aux tempi mesurés se démarque des divertissements qui ont établi la renommée du compositeur.


Guillaume Tell © Véronique de Viguerie
Direction musicale : Daniele Rustioni
Mise en scène : Tobias Kratzer
Décors et costumes : Rainer Sellmaier
Lumières : Reinhard Traub
Chorégraphie : Demis Volpi
Dramaturgie : Bettina Bartz
Chef des Choeurs : Johannes Knecht

Guillaume Tell : Nicola Alaimo
Hedwige, son épouse : Enkeledja Shkoza
Jemmy, leur fils : Jennifer Courcier
Arnold, prétendant de Mathilde : John Osborn
Gesler, gouverneur : Jean Teitgen
Mathilde, soeur de Gesler : Jane Archibald
Rodolphe, capitaine de la garde : François Piolino
Walter Furst : Patrick Bolleire
Ruedi, un pêcheur : Philippe Talbot
Orchestre et Choeurs de l’Opéra de Lyon

Chant du cygne et naissance d’une nation

Le 3 août 1829, le Cygne de Pesaro se retire à 37 ans de la scène lyrique avec Guillaume Tell. Commande de l’Opéra de Paris, Guillaume Tell est adapté d’une pièce de Schiller (1804) par le légitimiste Etienne de Jouy, allégé par le libéral Hippolyte-Louis-Florent Bis, et retouché par le républicain Armand Marrast.
Comme il l’avait déjà fait en 1791 dans l’opéra éponyme de Grétry, le légendaire Helvète s’y exprime dans la langue de Molière. Adolphe Nourrit est Arnold. La naissance, à la fin du XIIIe siècle, de la Suisse confédérée sous domination autrichienne brosse la toile de fond d’un quotidien familial et amoureux (le trio fictif Tell/Arnold/Mathilde) avec circulation d’un désir cornélien d’un camp à l’autre (le duo historique Suisse/ Autriche). L’œuvre, vibrant appel au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, se clôt sur un maître-mot : Liberté.

L’opéra wagnérien de Rossini

Malgré les lauriers de la presse, du public et de ses commanditaires (Charles X conféra la légion d’honneur au compositeur), l’œuvre la plus longue de son auteur sera très vite une des plus
mutilées de l’Histoire de la musique. Dans la Grande Boutique, Nourrit, dépassé par Asile héréditaire, abandonna l’air dès la troisième représentation. On passa de cinq actes à trois pour ne garder in fine que le deuxième acte (« Quoi ? tout l’Acte ? », aurait ironisé Rossini) dont l’on fit un ballet. Dans l’Italie sous domination autrichienne de 1833, Tell sera délocalisé en Écosse, rebaptisé Guglielmo Vallace par Milan, Rodolfo di Sterlinga (et même Giuda Maccabeo) par Rome, tandis que Londres titrera Hofer or the Tell of Tyrol et Saint- Pétersbourg Karl der Kühne ! En 1831, Guillaume Tell avait émigré à Lucques en version italienne. Gilbert-Louis Duprez y était Arnold, inaugurant une rivalité attisée par les camps pro-Nourrit et pro-Duprez. Exigeante cosmogonie symphonique, soliste, chorégraphique et chorale, cet opéra-fleuve aux tempi mesurés se démarque des divertissements qui ont établi la renommée du compositeur. Wagner ne s’y trompa pas qui s’inclina (« Vous avez écrit là une musique pour tous les temps ») devant une œuvre unique en son genre, dont la durée envoûtante frappait déjà dans sa tête les trois coups de Bayreuth.


Une mise en scène pour tous les temps

Auteur d’un sidérant Crépuscule des dieux, Tobias Kratzer, de retour de la Colline verte où il a réalisé Tannhäuser, installe ce manifeste galvanisant pour un aujourd’hui épié par l’effroi de la barbarie, dans le cadre d’une réflexion quasi-délestée d’ambition folklorisante et dans l’atemporalité d’un décor toisé par le fusain photographique d’une nature écrasante et écrasée. Les quatre heures de Guillaume Tell en v.o. attendent beaucoup de l’homme providentiel (à l’instar de Tell) qu’est Tobias Kratzer, as de la direction d’acteurs qui professait, à l’orée de son travail magistral pour le Ring de Karlsruhe : « La première erreur serait d’avoir peur de la durée de l’œuvre. »
Jean-Luc Clairet

Les dates

Octobre 2019
Samedi 5 19h
Lundi 7 19h
Mercredi 9 19h
Vendredi 11 19h
Dimanche 13 15h
Mardi 15 19h
Jeudi 17 19h

Réservations

En ligne 7/7j et 24/24h

Par téléphone au 04 69 85 54 54
Du mardi au samedi de 12h à 19h et les lundis de représentation
(hors jours fériés)

Sur place aux guichets de l’Opéra de Lyon
Du mardi au samedi de 12h à 19h et les lundis de représentation
(hors jours fériés)
Chaque jour de représentation dans l’heure qui précède le début du spectacle

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 23 Aout 2019 à 15:51 | Lu 880 fois
Pierre Aimar
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