« Jacques Truphémus, Les Trois Lumières, 1951-2011 », exposition du 3 mars au 23 juin 2012 au Plateau (Lyon)

La Région Rhône-Alpes présente, du 3 mars au 23 juin, l’exposition « Jacques Truphémus, Les Trois Lumières, 1951-2011 » qui retrace le parcours d’un artiste exceptionnel autour de 120 de ses œuvres.
Cette grande rétrospective sera présentée selon sept thèmes : paysages du Nord, cafés et Lyon, Japon, Cévennes, portraits d’Aimée et autoportraits, natures mortes, ateliers de Lyon et du Vigan...


Jacques Truphénums,Verdure sur ciel bleu, Cévennes. 2010. Huile sur toile. 162x130. Galerie Claude Bernard
Né à Grenoble, étudiant aux Beaux-Arts de Lyon, Jacques Truphémus, souvent présenté comme le peintre de l’intime, partage son temps entre son atelier des bords de Saône et celui des Cévennes. L’exposition présente ses œuvres historiques et d’autres plus récentes, certaines montrées pour la première fois, ainsi que des notes de voyages au Japon et des livres illustrés.
Sylvie Carlier, Commissaire de l’exposition, a choisi « trois lumières », celle de Lyon, des Cévennes et du Nord, pour guider les pas du visiteur. Pendant plusieurs années, Truphémus a essentiellement peint des marines et saisit la lumière en pratiquant des pâtes grasses colorées. Il a ensuite évolué vers plus de dépouillement, après sa découverte du Japon et utilise aujourd’hui des pâtes grattées et des jus fluides, pour moduler la lumière sur les objets. Dans ses productions récentes, la lumière estivale des arbres se retrouve dans des camaïeux de verts tendres.

Lieu de l'exposition
• Le Plateau - Région Rhône-Alpes - 1, esplanade François Mitterrand – Lyon 2ème
• Exposition ouverte du lundi au samedi, de 10h à 19h.

Le mot du Commissaire

Partageant sa vie entre Lyon et les Cévennes, Jacques Truphémus crée un ensemble d’oeuvres intemporelles et s’inscrit dans une filiation qui va de Bonnard à Balthus. L’aventure de Truphémus commence avec ses visites du Musée des Beaux-Arts de Grenoble, où il découvre Picasso, Matisse, Bonnard, Soutine. Il suit ensuite les cours de peinture de l’Ecole des Beaux- Arts de Lyon de 1942 à 1945, où il reçoit l’enseignement d’Antoine Chartres et côtoie Cottavoz, Philibert-Charrin et Fusaro.

Pendant plusieurs années, Jacques Truphémus peint essentiellement des paysages marins. Il saisit la lumière en pratiquant des pâtes grasses colorées.

Après 1970, il évolue vers une écriture plus dépouillée, influencée par sa découverte du Japon. Aujourd’hui, le peintre utilise des pâtes grattées et des jus fluides afin d’exprimer des sensations, comme dans sa série des « ateliers », qui permet de moduler les nuances de lumière qui glisse sur les objets. Il laisse ainsi les réserves de blanc occuper la moitié de la toile et admet que l’essentiel réside dans la suggestion.
Dans ses toiles récentes, Jacques Truphémus saisit avec allégresse la lumière estivale des paysages cévenoles. L’harmonie de ses dessins et peintures crée une unité visuelle dans laquelle l’immobilité des personnages et la plénitude des paysages constituent les matrices de son art.

L’exposition « Les trois lumières » a pour dessein de retranscrire les oeuvres de l’artiste à travers trois atmosphères très différentes : Lyon, le Nord, et les Cévennes. Cette grande exposition offre au public la possibilité de remonter l’histoire de la création de l’artiste à travers 7 thèmes retraçant son parcours, de 1951 à 2011 : les paysages du Nord, les cafés et Lyon, le Japon, les Cévennes, portraits d’Aimée et autoportraits, natures mortes, et ateliers de Lyon et du Vigan.
Sylvie Carlier, Commissaire de l’exposition

Les paysages du Nord

La découverte des étendues planes du littoral se fondant avec les ciels immenses des plages du Nord va marquer la période des années 1960. La lumière septentrionale nourrit essentiellement sa peinture. Des marines baignées dans la lumière pâle et nacrée à travers des tons rompus permettent à l’artiste de maîtriser le vocabulaire des tons chauds et des tons froids dans des pâtes épaisses colorées.
Truphémus. La Jetée de Petit Port Philippe, 1970, huile sur toile, 46x55cm, collection particulière, cliché Didier Michalet

Le Japon

Truphémus. Osaka (Dotombori), 1971/2005, huile sur toile, 146x103,5 cm, donation Muguette et Paul Dini au musée Paul-Dini (Villefranchesur-Saône), photo Didier Michalet
En 1970, Truphémus accompagne des amis architectes suisses au Japon et multiplie les croquis et aquarelles. Il entreprend par la suite une série de toiles inspirées par le Japon, thème qui imprègne de nouveau son oeuvre depuis 2005. Sa peinture évolue dans un style plus dépouillé qui se définit par une peinture allégée en matière et caractérisée par l’évanescence des formes.
Dans Osaka, les plans s’échelonnent de manière verticale et construisent l’espace. Jean-Jacques Lerrant écrit alors : « Un paysage de temple, agrandi en quelque sorte par l’inachèvement, suspendu dans le blanc laissé libre de la toile, une rue d’Osaka interprétée comme une ville légendaire aux couleurs d’un monde en voie de disparition qui remonte pour un instant privilégié des eaux de la mémoire : le Japon rejoint celui du songe ».

Les Cévennes

Jacques Truphémus profite de ses retraites estivales dans les Cévennes pour traduire les sensations méridionales qui émanent des paysages. Fort de son expérience des vues du Japon, il laisse souvent les réserves de blanc occuper la moitié de la toile tandis que les couleurs – des verts, des violets, des bleus, des roses et des oranges - sont reprises avec les doigts ou simplement estompées avec le chiffon. La végétation revêt alors parfois des accents exotiques.
En ouvrant sa fenêtre et ses portes-fenêtres, le peintre modifie aussi notre vision de l’espace : il nous invite à regarder le monde tout en nous associant à son processus de re-création du paysages.

« Je trouve dans les Cévennes un silence et une solitude qui me sont nécessaires. Environné de verdure et d’espace, je passe la plus grande partie de la journée à l’atelier pour des séances de peinture quotidiennes de plus de six heures d’affilées.» Jacques Truphémus, 2005
Truphémus. Fenêtre en Cévennes, 2003. Huile sur toile, 116x81cm, donation Muguette et Paul Dini au musée Paul-Dini (Villefranche-sur- Saône), photo Didier Michalet

Les natures mortes

La nature morte constitue pour le peintre un « modèle de l’intime ». Après avoir parcouru l’univers quasi monochrome des compositions architecturées, il explore aujourd’hui la vigueur des couleurs violines, rouges, orange. Préalablement à ses compositions picturales intenses, Jacques Truphémus dessine préalablement ses sujets et cette force graphique se retrouve dans
ses peintures.
Les objets, corps matériels de l’intimité du peintre saisissent la lumière tandis que l’espace se définit entre pénombre et clarté. La même rêverie habite les portraits du peintre.

i[« Mais ce qui m’intéresse surtout ce sont les blancs de mon atelier. […]. Tous les blancs possibles, ceux des rideaux et ceux des murs, et le retour d’un blanc tournant au bleu fragile de ce mur revenant vers mon atelier. Tous ces blancs avec parfois une touche de rose ou de gris léger de stigmate. Quand de jeunes peintres viennent chez moi, ce sont ces blancs que je leur montre. La peinture doit s’essayer à la limpidité. C’est l’humble leçon que je peux donner… […]»]i Jacques Truphémus, 1994
Truphémus. Nature morte sur fond bleu, 2007. Huile sur toile, 92x73cm, collection particulière

Autoportraits et portraits d'Aimée

Dans ses autoportraits depuis 1990, le peintre se sonde pudiquement à travers les flous des visages faisant reconnaître plutôt une attitude ou un geste caractéristique. Le peintre, à la fois figure proche et lointaine, est absorbé par l’image grave et lucide que lui renvoie le miroir. Le corps se fond au décor alors que le regard de l’artiste observe les objets et exprime des sensations. Cette image mémorielle se retrouve dans les portraits de son épouse Aimée, disparue en 2000, qui continue d’habiter son oeuvre. Sa silhouette, blottie dans un fauteuil ou encadrant une porte, est suggérée de façon à nous faire partager leur intimité.
Truphémus. Intérieur - Aimée lisant, 2009. Huile sur toile, 130 x 162 cm, collection particulière

Lyon et les cafés

De 1972 à 1979, il décline une série de toiles de moyens et grands formats dédiés aux cafés et à Lyon, enveloppés dans une atmosphère de lumières brumeuses des bords de Saône et du Rhône. Jacques Truphémus peint sa vision rêvée de Lyon baignée de couleurs tendres allant du rose aux gris et mauves.
L’architecture des vitres de cafés lui permet de recréer les corps des passants à la fois mouvants et proches. Les personnages placés à contre-jour dans des intérieurs de cafés laissent imaginer les bruissements des conversations. La vitre joue une fonction d’écran entre l’intérieur et l’extérieur et permet de dédoubler les plans grâces aux reflets qu’elle engendre.
« J’ai beaucoup peint Lyon et particulièrement certains de ses cafés ...Il y avait un tel accord entre le cadre vieillissant et une certaine population qui trouvait là un peu d’humanité, de chaleur et, dans le silence succédant à des atmosphères plus bruyantes, la possibilité de poursuivre leur rêverie personnelle.» Jacques Truphémus, 2005
Truphémus. Bar-Tabac - Harmonie rouge, 1999. Huile sur toile, 80x96cm, Galerie Claude Bernard

Les ateliers

Truphémus. Intérieur d’atelier, 2007, huile sur toile, 162 x 97cm, Galerie Claude Bernard
Les ateliers de Lyon et du Vigan montrent une construction de l’espace délimité par des plans colorés vifs rose et violet. Jacques Truphémus en magnifie l’intérieur : les fenêtres deviennent des ouvertures qui laissent y pénétrer la luxuriance des paysages des Cévennes. La lumière vient inonder les pièces de la maison, qui se révèle alors comme un refuge méditatif. Malgré les couleurs vibrantes et dans la continuité d’une certaine évanescence, ses toiles traduisent depuis 2000 une approche plus sensorielle, les effets de blancs continuant de construire l’espace du tableau tout en réinventant une nouvelle façon de voir le monde.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 23 Janvier 2012 à 13:49 | Lu 5758 fois
Pierre Aimar
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