Jaume Plensa, Le silence de la pensée, exposition au musée de Céret (66) du 27 juin au 15 novembre 2015


Air, Water, Void, 2014 Résine époxy, acier, lumière, mousse et plastique, 215 x 500 x 500 cm Photo Robin Townsend , © ADAGP, Paris 2015
Jaume Plensa est un sculpteur catalan né en 1955 à Barcelone. Artiste de renommée internationale, il a vécu à Berlin, Bruxelles, Paris et parcourt aujourd’hui le monde entier. Barcelone demeure cependant son lieu de vie et de création de prédilection. L’artiste y a installé un atelier à la mesure de ses créations monumentales, souvent destinées à l’espace public.

Jaume Plensa s’est imaginé un temps médecin avant de s’orienter vers la sculpture. Formé à la Llotja de Barcelone, à la Fondation Henry Moore au Royaume-Uni et à l’atelier Calder à Saché, il réalise sa première exposition personnelle à la Fondation Miró de Barcelone en 1980. Le corps, le langage, la poésie, la pensée sont des thèmes et des sources d’inspiration récurrents pour l’artiste.

Sa sculpture puise à ses débuts son originalité dans l’utilisation de bronze, de fonte, de fer forgé et de matériaux de récupération. En parallèle, l’artiste mène une recherche dans le domaine du dessin et explore les multiples possibilités offertes par la gravure.

Peu à peu, la lumière, la vidéo et le son deviennent des composantes importantes de son travail, qui s’oriente vers le monumental. En 2004 est inaugurée l’une de ses œuvres les plus célèbres : la Crown Fountain au sein du Millenium Park à Chicago. Cette fontaine de verre, de granit et d’eau composée également d’un écran sur lequel apparaissent les photos de 1000 habitants du quartier est un formidable exemple du talent de Plensa créateur pour l’espace public.

Outre ces matériaux auxquels s’ajoutent aujourd’hui la résine, l’albâtre, le basalte, le bois, la pierre, l’artiste utilise depuis ses débuts une matière originale : des lettres, signes et idéogrammes issues de différents alphabets du monde entier. Soudées entre elles, les lettres d’acier forment un maillage permettant ensuite de composer des silhouettes, des visages monumentaux qui prennent le plus souvent place au sein d’espaces publics, centres urbains ou espaces naturels en Europe, en Asie, aux Etats- Unis …

Deux œuvres importantes ont été réalisées en France en 2007 :
Conversation à Nice est composée de sept personnages de résine illuminés la nuit, assis tels des scribes de l’Antiquité au sommet de perches d’une dizaine de mètres de hauteur, disséminés sur la place Masséna à Nice.
Le Nomade est une silhouette en maillage de lettres d’acier, peinte en blanc, de
8 mètres de haut, installée Bastion Saint-Jaume en 2010, suité à une exposition au musée Picasso à Antibes.
En 2013, onze sculptures monumentales sont exposées dans différents espaces de la ville de Bordeaux.
Jaume Plensa présente en 2015 une création au sein de la Basilique San Giorgio Maggiore à Venise, dans le cadre de la Biennale d’art contemporain.

L’exposition du musée d’art moderne de Céret, Jaume Plensa, Le silence de la pensée, présente un ensemble de réalisations parmi les plus récentes.

Deux installations témoignent de l’inspiration poétique et littéraire de Jaume Plensa, bercé depuis son enfance par le goût des livres, le rythme des textes, la magie des mots et fasciné par le mystère des lettres issues d’alphabets du monde entier.

Silhouettes (2011/2012) comprend 16 silhouettes d’acier flottant dans l’espace, suspendues au plafond par des oriflammes porteuses de maximes et de vers tirés de poèmes chers à Plensa. Ainsi peut-on lire sur l’une d’entre elles : « Une pensée emplit l’immensité », un vers de William Blake que l’artiste cite volontiers comme source d’inspiration pour son travail. Grandeur nature, les silhouettes se confondent dans la salle avec celles des visiteurs qui circulent à leur gré entre ces figures et ces sentences.

Talking continents (2013) est constitué de 19 éléments constitués par des lettres issues de différents alphabets, soudées entre elle et formant des galets transparents sur lesquels peuvent être assis des silhouettes humaines. Dialogue muet entre des planètes, des univers, des hommes qui se côtoient sans se rencontrer, constitués de la matière de leur langage, laissée à leur possible utilisation poétique. Là encore, le visiteur évolue librement au sein de ces figures, perméable ou non à ce langage non encore constitué.

Entre ces installations, sont exposés des visages monumentaux de basalte ou de bronze créés en 2014/2015. Inspirés de visages de personnes réelles remarquées par l’artiste pour leur beauté et leur personnalité telles que Lou ou Sanaa, ils sont restitués par l’artiste dans leur expression la plus pure et la plus simple, dans une volonté d’universalité. Leurs yeux clos invitent au songe, à la méditation. Ponctuant les installations transparentes et aériennes, la densité de leur présence, due à l’utilisation du basalte et du bronze, incite le visiteur à une plongée dans la profondeur du songe.

L’exposition s’achève sur une installation monumentale, Air, Water, Void (2014) : trois figures d’hommes assis, les mains couvrant leur bouche, en résine lumineuse changeant de couleur, sont engagés dans une conversation muette. Le calme qui émane de cette rencontre est une invitation à percevoir ce langage muet et ses mystères. Sont-ils les compagnons de Pantagruel, dont les paroles gelées inspirèrent Plensa ?
« Compagnons, oyez-vous rien ? Me semble que j’ouïs quelques gens parlant en l’air, je n’y vois toutefois personne. Ecoutez ». (François Rabelais, Le Quart Livre, chapitre LV).

Pratique

Musée d’art moderne de Céret
8, Bd Maréchal Joffre
BP 60413
66403 CERET
Tél. : 04 68 87 27 76
www.musee-ceret.com

Horaires et jours d’ouverture
Du 27 juin au 30 septembre 2015 : Ouvert tous les jours, de 10h à 19h.
Du 1er octobre au 15 novembre 2015 : Fermé le mardi,
Ouvert les autres jours, de 10h à 18h.

Tarifs :
Plein tarif : 8€ - Tarif réduit : 6€ Gratuit jusqu’à 12 ans.



Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 27 Juillet 2015 à 11:12 | Lu 645 fois
Pierre Aimar
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