Elixir d'amour © Fred
Ces dernières années on a pu découvrir sur le sol français les productions plus ou moins réussies de David Livermore, Arnaud Bernard, Laurent Pelly…
À Toulon, c’est une production liégeoise signée Stefano Mazzonis di Pralafera, actuel directeur de l’Opéra Royal de Wallonie qui est choisie.
À Toulon, c’est une production liégeoise signée Stefano Mazzonis di Pralafera, actuel directeur de l’Opéra Royal de Wallonie qui est choisie.
Une production délicieusement Kitch au royaume de Lucky Luke
Le metteur en scène a choisi de situer l’action dans un Far-West façon Morris, le célèbre dessinateur belge créateur de Lucky Luke. Cow-boy à cheval, villageois, tuniques bleues, fermiers, protagonistes de l’ouvrage se meuvent dans les décors de Jean-Guy Lecat qui ont rien à envier à ceux d’un western spaghetti façon Sergio Leone. On peut citer les belles lumières de Sylvain Geerts et les magnifiques costumes d’époque de Fernand Ruiz. La mise en scène se révèle fidèle au livret de Romani malgré la transposition. Entre le Far-West et le pays Basque, il n’y a qu’un pas finalement.
Stefano Mazzonis di Pralafera dirige avec justesse chœurs et solistes. On aime les quelques trouvailles humoristiques dont il fait preuve. L’évanouissement d’une femme devant le corps bodybuildé de Belcore est plutôt bienvenu. Nemorino imitera Belcore à la fin de l’ouvrage. On adore la présence d’un chien aux allures de Rantanplan qui se roule de plaisir sur le sol chaque fois que Nemorino chante. Un must ! Ce chien, véritable personnage en soi, vient donner de la vie à certains tableaux qui peuvent apparaître statiques. Tout est délicieusement kitsch ici.
On regrette peut-être la dimension poétique fellinienne que l’on avait chez David Livermore, production présentée à Toulon en 2007.
Stefano Mazzonis di Pralafera dirige avec justesse chœurs et solistes. On aime les quelques trouvailles humoristiques dont il fait preuve. L’évanouissement d’une femme devant le corps bodybuildé de Belcore est plutôt bienvenu. Nemorino imitera Belcore à la fin de l’ouvrage. On adore la présence d’un chien aux allures de Rantanplan qui se roule de plaisir sur le sol chaque fois que Nemorino chante. Un must ! Ce chien, véritable personnage en soi, vient donner de la vie à certains tableaux qui peuvent apparaître statiques. Tout est délicieusement kitsch ici.
On regrette peut-être la dimension poétique fellinienne que l’on avait chez David Livermore, production présentée à Toulon en 2007.
Une distribution internationale exemplaire
Le jeune chef italien Valerio Galli réussit un bel équilibre entre la fosse et le plateau. Sa direction appliquée se montre toujours attentive aux solistes. Il se voit même proposer une bonne vieille bouteille par Dulcamara. Il sait mettre en lumières toutes les nuances et couleurs de cette partition héritière quelque part de Rossini, véritable joyau musical. Cordes et bois apparaissent dans leur meilleur forme sous sa baguette.
Le chœur, omniprésent dans cet opéra bouffe apparaît particulièrement engagé. Il contribue à la réussite musicale de la représentation. Seul bémol, il a parfois tendance à couvrir les voix des solistes dans Udite udite o rustici . Ce maestro habité et convaincant est à suivre.
Sur scène, la soprano italienne Lucrezia Drei est une Adina séduisante un tantinet cabotine. Elle se joue de toutes les difficultés vocales avec facilité. Véritable soprano colorature, elle est une Adina sur qui on peut compter dans le paysage lyrique actuel.
À ses côtés, son naïf amoureux trouve sous les traits du jeune ténor argentin Santiago Ballerini, dont ce sont les débuts en France, un Nemorino de grande classe. Véritable ténor di Grazia, sa voix légère ne peut s’appuyer sur une projection efficace sur son premier air Quanto e bella. Après avoir ingurgité le fameux élixir, le miracle se produit. L’artiste apparaît revigoré dans les duos et ensembles. Il offre dans le célèbre aria una furtiva lagrima une véritable leçon de chant. Il fait preuve d’une sensibilité musicale rare. Son timbre d’une grande pureté s’appuie sur une projection sûre et laisse entendre un art consommé du bel canto. Frissons garantis et les nombreux bravis fusant de toute la salle sont pleinement justifiés. Comment ne pas songer à Juan Diego Florez à ses débuts en l’écoutant…
Habitué de la maison, le baryton serbe David Bizic déploie une belle santé vocale. Projection assurée, voix ample et superbe sur tous les registres, il offre à Belcore un charisme irrésistible scéniquement. Il est à mes yeux le meilleur Belcore de cette décennie.
Le charlatan Dulcamara, vendeur d’élixir improbable, trouve en la solide et admirable basse bouffe espagnole Pablo Ruiz un interprète idéal. Comment ne pas aimer la beauté de son timbre sur tous les registres et là aussi un art totalement maîtrisé du beau chant… Il est de plus comme ses compères un excellent acteur. On aime sa musicalité et on est séduit par son chant toujours à l’écoute de ses partenaires dans les duos et ensemble. On tient là un Dulcamara hors catégorie.
Enfin, la Giannetta d’Eleonora de la Pena séduit le public par une présence scénique de tous les instants. Elle offre une voix saine et claire aux vocalises offertes à son personnage de soubrette.
Un régal ! Voilà un spectacle qui aurait pu faire l’objet d’un Dvd pour le plaisir de tous.
Serge Alexandre
Le chœur, omniprésent dans cet opéra bouffe apparaît particulièrement engagé. Il contribue à la réussite musicale de la représentation. Seul bémol, il a parfois tendance à couvrir les voix des solistes dans Udite udite o rustici . Ce maestro habité et convaincant est à suivre.
Sur scène, la soprano italienne Lucrezia Drei est une Adina séduisante un tantinet cabotine. Elle se joue de toutes les difficultés vocales avec facilité. Véritable soprano colorature, elle est une Adina sur qui on peut compter dans le paysage lyrique actuel.
À ses côtés, son naïf amoureux trouve sous les traits du jeune ténor argentin Santiago Ballerini, dont ce sont les débuts en France, un Nemorino de grande classe. Véritable ténor di Grazia, sa voix légère ne peut s’appuyer sur une projection efficace sur son premier air Quanto e bella. Après avoir ingurgité le fameux élixir, le miracle se produit. L’artiste apparaît revigoré dans les duos et ensembles. Il offre dans le célèbre aria una furtiva lagrima une véritable leçon de chant. Il fait preuve d’une sensibilité musicale rare. Son timbre d’une grande pureté s’appuie sur une projection sûre et laisse entendre un art consommé du bel canto. Frissons garantis et les nombreux bravis fusant de toute la salle sont pleinement justifiés. Comment ne pas songer à Juan Diego Florez à ses débuts en l’écoutant…
Habitué de la maison, le baryton serbe David Bizic déploie une belle santé vocale. Projection assurée, voix ample et superbe sur tous les registres, il offre à Belcore un charisme irrésistible scéniquement. Il est à mes yeux le meilleur Belcore de cette décennie.
Le charlatan Dulcamara, vendeur d’élixir improbable, trouve en la solide et admirable basse bouffe espagnole Pablo Ruiz un interprète idéal. Comment ne pas aimer la beauté de son timbre sur tous les registres et là aussi un art totalement maîtrisé du beau chant… Il est de plus comme ses compères un excellent acteur. On aime sa musicalité et on est séduit par son chant toujours à l’écoute de ses partenaires dans les duos et ensemble. On tient là un Dulcamara hors catégorie.
Enfin, la Giannetta d’Eleonora de la Pena séduit le public par une présence scénique de tous les instants. Elle offre une voix saine et claire aux vocalises offertes à son personnage de soubrette.
Un régal ! Voilà un spectacle qui aurait pu faire l’objet d’un Dvd pour le plaisir de tous.
Serge Alexandre
Coup d'œil
A venir
Prochain opéra : Le Téléphone et Amélia va au bal de Menotti les 26 et 28 avril. À découvrir absolument.
www.operadetoulon.fr
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