Nicolas Cavalier-Jacques Brel, même combat !
L'Homme de la Mancha © Opéra Monte-Carlo
Acclamée en octobre 68 à Bruxelles dans une adaptation française de Jacques Brel hymself, puis repris à Paris peu de temps après, enregistré dans la foulée avec les interprètes d’origine (sauf en ce qui concerne Sancho Pança), L’Homme de la Mancha dû au trio Wasserman / Leigh / Darion reprend à la lettre les aventures de Don Quichotte cette-fois narrées et jouées par Cervantès en détention sur ordre de l’Inquisition. L’idée est inattendue, le récit intéressant, l’approche novatrice. Théâtre dans le théâtre donc, dans une virevoltante mise en abîme, se déroulent ainsi, dans un huis-clos sordide, les scènes où Alonso Quijana, Don Quichotte, défie "l'abominable monde" en combattant les moulins à vent, ou au gré de ses délires, mélange en permanence rêve et réalité, transformant on le sait une petite auberge en château, une prostituée en gente dame...
Ne cherchons surtout pas dans ce musical américain, ce show en perpétuel mouvement à l’émotion certaine, la recherche ou la qualité musicale d’un Gerschwin ou d’un Bernstein. Le tissu orchestral, d’une sécheresse digne du Désert de Gobi, d’une pauvreté et d’une indigence rare, ne peut être rattrapé par les mélodies, airs et ensembles qui tiennent la route certes, car dans toutes les mémoires et appelant à l’imaginaire ou l’affectif de chacun.
Coproduit avec le Capitole de Toulouse, cet Homme de la Mancha, à la tonalité par bonheur toujours lyrique, garde sa fraîcheur grâce au jeu des chanteurs, qui doivent se révéler de véritables acteurs afin de maintenir la vivacité d'un récit unique, mais aussi à l’approche originale de Jean-Louis Grinda qui réussit ce joli tour de force d’animer ces dix-neuf scènes avec simplement de légères transformations à l’imposant décor-escalier voulu par Bruno de Lavenère. Les costumes de David Belugou sont originaux dans leur simplicité. Quant à la distribution, pour cette œuvre destinée initialement aux scènes de Broadway, il a fait le choix de vrais chanteurs lyriques : "A l'origine, estime-t-il, L'Homme de la Mancha est prévu pour être chanté par des gens qui ont une voix (...), il faut des interprètes qui connaissent l'art du chant et qui chantent bien".
Pour avoir déjà vu le spectacle à Toulouse voici deux saisons, c’est presque des amis que nous retrouvons.
Toujours aussi bien en place les Vinciguerra, Ermelier, Bonfiglio et ses compères muletiers…
Nicolas Cavallier apporte encore une fois son métier, son panache et sa grande et belle voix de basse au personnage de Cervantès / Don Quichotte, qui se moirant çà et là des accents du lied, trouve encore une fois des nuances inouïes à l'air célèbre de La Quête.
Nicola Beller Carbone (Aldonza / Dulcinea) fait admirer la plastique de son corps superbe, brûle littéralement les planches. Ne semblant pas toujours à l’aise vocalement, la soprano italienne avec une intelligence diabolique transforme ses deux « tubes » en de grandioses ariosos et trouve de pathétiques accents pour exprimer les différentes facettes de ses rôles. Rodolphe Briand campe un Sancho Pança plus vrai que nature, sympathique en diable, terriblement humain, jamais ridicule, bref convaincant.
La musique de Mitch Leigh, comme transcendée par les quelques membres du Philharmonique de Monte-Carlo, garde toute sa légèreté et sa transparence face aux voix estampillées opéra grand format qui s’encanaillent ici à qui mieux mieux.
Il est vrai que la direction vivifiante de Didier Benetti nous ferait presque prendre la poignée de musiciens réunis dans la fosse pour la phalange monégasque au grand complet.
Christian Colombeau
Ne cherchons surtout pas dans ce musical américain, ce show en perpétuel mouvement à l’émotion certaine, la recherche ou la qualité musicale d’un Gerschwin ou d’un Bernstein. Le tissu orchestral, d’une sécheresse digne du Désert de Gobi, d’une pauvreté et d’une indigence rare, ne peut être rattrapé par les mélodies, airs et ensembles qui tiennent la route certes, car dans toutes les mémoires et appelant à l’imaginaire ou l’affectif de chacun.
Coproduit avec le Capitole de Toulouse, cet Homme de la Mancha, à la tonalité par bonheur toujours lyrique, garde sa fraîcheur grâce au jeu des chanteurs, qui doivent se révéler de véritables acteurs afin de maintenir la vivacité d'un récit unique, mais aussi à l’approche originale de Jean-Louis Grinda qui réussit ce joli tour de force d’animer ces dix-neuf scènes avec simplement de légères transformations à l’imposant décor-escalier voulu par Bruno de Lavenère. Les costumes de David Belugou sont originaux dans leur simplicité. Quant à la distribution, pour cette œuvre destinée initialement aux scènes de Broadway, il a fait le choix de vrais chanteurs lyriques : "A l'origine, estime-t-il, L'Homme de la Mancha est prévu pour être chanté par des gens qui ont une voix (...), il faut des interprètes qui connaissent l'art du chant et qui chantent bien".
Pour avoir déjà vu le spectacle à Toulouse voici deux saisons, c’est presque des amis que nous retrouvons.
Toujours aussi bien en place les Vinciguerra, Ermelier, Bonfiglio et ses compères muletiers…
Nicolas Cavallier apporte encore une fois son métier, son panache et sa grande et belle voix de basse au personnage de Cervantès / Don Quichotte, qui se moirant çà et là des accents du lied, trouve encore une fois des nuances inouïes à l'air célèbre de La Quête.
Nicola Beller Carbone (Aldonza / Dulcinea) fait admirer la plastique de son corps superbe, brûle littéralement les planches. Ne semblant pas toujours à l’aise vocalement, la soprano italienne avec une intelligence diabolique transforme ses deux « tubes » en de grandioses ariosos et trouve de pathétiques accents pour exprimer les différentes facettes de ses rôles. Rodolphe Briand campe un Sancho Pança plus vrai que nature, sympathique en diable, terriblement humain, jamais ridicule, bref convaincant.
La musique de Mitch Leigh, comme transcendée par les quelques membres du Philharmonique de Monte-Carlo, garde toute sa légèreté et sa transparence face aux voix estampillées opéra grand format qui s’encanaillent ici à qui mieux mieux.
Il est vrai que la direction vivifiante de Didier Benetti nous ferait presque prendre la poignée de musiciens réunis dans la fosse pour la phalange monégasque au grand complet.
Christian Colombeau